Homélie du 5ème dimanche de Pâques-Eglise Notre Dame de Tonnerre — 24. Paroisses du Tonnerrois

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Homélie du 5ème dimanche de Pâques-Eglise Notre Dame de Tonnerre

En ces jours où le monde de la Vigne fait parler de lui, à cause des aléas de la météo et des problèmes de gelées nocturnes, voilà que cette parabole de la Vigne donne à Jésus de nous expliquer le mystère de l’Eglise en décrivant les relations qui la rendent vivante.

Textes : Actes 9,26-31 – Psaume 21 (22) – 1 Jean 3,18-24 – Jean 15,1-8

« La vigne du Seigneur », c’est Israël, disait le prophète Isaïe. Et Jésus assume cette image et la reprend pour parler de la communauté de ses disciples dans ce monde, l’Eglise.

Notre communauté est une des nombreuses parcelles de la « Vigne de Dieu ». Sans doute pas un premier cru… Mais nous sommes son humble vigne dans le Tonnerrois, sa présence parmi les habitants de son territoire.

D’emblée, le Christ rappelle qui est le propriétaire : « Mon Père est le vigneron ». Et il précise qu’il est la « vraie vigne », une fois de plus, comme s’il existait des contrefaçons, des vignes qui n’en sont pas vraiment. Ce qui est vrai, c’est qu’il accepté comme un bien que la main du Vigneron taille, travaille la vigne et la façonne. Et pour celui qui sait entende, à ce moment où le Christ parle, la taille évoque la Passion proche, dont nous venons d’en rappeler les événements, pour faire mémoire de la résurrection du Christ. La « parabole de la Vigne » est une parabole de la foi et de l’espérance. Le Christ envisage et accepte la « taille » par le Vigneron, pour que la vie l’emporte, pour que la Vigne porte beaucoup de fruit, en abondance et non quelques uns. Elle en portera parce que le Christ est mort et ressuscité. Il a scellé dans le sang la vérité de son Evangile et la confiance que nous pouvons lui accorder. Et par son effacement historique, il a permis l’ouverture d’Israël tel que nous le voyons avec l’aventure de l’apôtre Paul évoquée dans son commencement par les Actes des Apôtres. Ce dernier, converti, privilégiait son témoignage en direction des Juifs de langue grecque, … puis en direction de tous les gens de langue grecque, païens ou juifs, portant beaucoup de fruits.

C’est d’ailleurs en méditant la conversion de Saul, que nous pouvons comprendre ce que signifie le Christ lorsqu’il prévient que « sans lui, nous ne pouvons rien faire ».

Mosaïque, Chapelle des Normands à Palerme en Sicile. Le Christ avec à sa gauche Saint-Paul, et Saint-Pierre à sa droite. (Photo de Jacques Savoye, Pixabay)

Saul, nouvellement converti, cherche à rejoindre la communauté des chrétiens… qui ont peur et qui sont fermés à lui . Il n’est jamais gagné qu’une communauté soit ouverte aux nouveaux venus, aux convertis ou nouveaux baptisés. Et c’est Barnabé qui va le « greffer » sur la « Vigne », le prendre avec lui et le présenter aux Apôtres. Barnabé est en quelque sorte son parrain. Cette communauté des chrétiens incarne le Christ ressuscité : on est lié au Christ quand on est lié à cette communauté des chrétiens.

Ainsi, la relation au Christ s’incarne par une relation à son Eglise. Et lorsque nous lisons que « celui qui demeure en lui et en qui il demeure, celui-là porte beaucoup de fruits », nous n’entendons pas une simple relation, personnelle et intime, fusionnelle et refermée sur elle-même. Il s’agit tout autant d’apprendre à nous aimer les uns les autres comme Dieu nous l’a demandé que d’observer ses recommandations pour être en communion avec lui. On demeure en Dieu non pas simplement en « demeurant dans les clous » avec obéissance… mais en demeurant dans sa communauté, par amour. « Le Christ et l’Eglise, il me semble que c’est tout un » disait Jeanne d’Arc.

Ainsi, le Christ promet de continuer à habiter son Eglise et ceux qui le reçoivent… Comme la sève dans les sarments, sa parole nourrit les chrétiens pour produire du fruit… Il ne s’agit pas de répéter sa parole mais de la laisser nous habiter pour produire des fruits, avec tout ce que cela a de fécond et de nouveau. Il s’agit d’ingérer et de digérer cette parole, pour en vivre. Celui qui est habité par la parole du Christ, a de l’assurance. C’est un mot qui traverse les textes de ce dimanche : « Assurance », « parresia, en grec.

Nous lisons que « Saul s’exprimait avec assurance au nom de Jésus (Ac 9).Et encore que, « celui qui agit par des actes et en vérité, a le cœur en paix et de l’assurance devant Dieu » (1 Jean 3)

Le terme de « parresia » (assurance) définit une attitude fondamentale pour l’annonce de la foi : la franchise. C’est le « parlé » juste et vrai, dans une assurance solide. Il ne s’agit pas d’un discours arrogant qui s’imposerait. La « parresia » selon la Bible, exige une étape préalable pour celui ou celle qui annonce avec assurance la Parole, il s’agit de la conversion personnelle. Annoncer la vérité exige de se convertir d’abord soi-même à la vérité et de vivre tendue vers elle. La « parresia » (l’assurance), cette confiance, cette franchise fonde son sens dans la personne même de Jésus Christ… lui qui sait parler clairement, parler simplement, parler courageusement, parler complètement, parler avec une certaine audace, … au long de son ministère publique.

Il est alors promis à celui qui vit ainsi… d’être exaucé et de porter du fruit… et même beaucoup de fruits. Cela demande deux qualités que les hommes opposent : la fidélité et la liberté. Fidélité à la Parole du Christ qu’on a entendue, méditée, digérée… et liberté d’agir et d’inventer selon les sentiments et l’imagination que cette Parole engendre. Ainsi comme la sève produit le « raisin », puis le « vin »…., de même la Parole porte des fruits d’amour et de joie. Et nous serons pour le Christ, ses disciples.