Dimanche de l'Epiphanie 2020 A
Nous célébrons le dimanche de l’Épiphanie. C’est la fête de l’apparition, de la manifestation du Sauveur aux yeux du monde, des nations et des païens. Un fait paradoxal, les païens ont vu le signe de la naissance d’un Roi-Messie et les croyants de Jérusalem ne se rendaient pas compte de cet événement alors qu’ils étaient préparés pour devenir la lumière des nations. Le roi Hérode était préoccupé par son pouvoir et il a oublié qu’il devait être le guide du peuple et l’intermédiaire de ce dernier avec Dieu. Quand l’égoïsme domine, il n’y a pas de place à l’amour de Dieu et de ses signes.
Cette fête de l’Épiphanie nous concerne, nous qui ne sommes pas peuple de la première alliance mais par participation à ceux que Dieu a choisi d’avance comme le dit saint Paul aux Éphésiens «Les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile.» (Ep3, 6) Nous sommes donc ces nations annoncées par le prophète Isaïe, qui viennent de très loin pour contempler la gloire de Dieu «Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore.» (Is60, 3) Ici se trouve l’universalité du salut. Ce n’est pas seulement aux juifs que le mystère de Dieu est offert, il est pour toute l’humanité, pas seulement pour ceux qui se reconnaissent chrétiens.. Tous peuvent, en toute liberté, découvrir les merveilles d’amour, de justice et de paix que Dieu leur propose. L’Épiphanie, c’est donc la fête de tous les chercheurs de Dieu. Ils sont nombreux aujourd’hui tous ceux et celles qui se posent des questions sur lui.
Au VI siècle avant JC, de longs cortèges de juifs rentraient d’exil. Tous se dirigeaient vers Jérusalem, considérée comme la ville de la gloire du Seigneur. Le prophète Isaïe trouvait dans cet événement historique, la réalisation future du projet de Dieu de rassembler toutes les nations autour de sa gloire, pour former un seul peuple de ceux qui confessent son nom. C’est en JC que Dieu a accompli cette prophétie d’Isaïe. Tous les hommes, quels qu’ils soient, sont appelés à former l’Église, peuple de Dieu de la nouvelle alliance. C’est en elle que Jésus est venu réconcilier toute l’humanité pour en faire son Corps. Tout homme est membre du Christ par le baptême qui est une nouvelle naissance nous conférant la nature divine.
L’Évangile annonce donc cette Bonne Nouvelle qui regroupe tous les hommes autour de Jésus. Mais cela demande un long voyage plein de périples dangereux. C’est ce que veut nous dire l’aventure des rois mages. Ces étrangers guidés par une étoile venaient de très loin pour se prosterner devant le roi des juifs qui venait de naître. Malheureusement, ils ont perdu l’étoile qui les guidait. Ils se sont dirigés vers celui qui doit savoir ce qui s’est passé «Où est le roi des juifs qui vient de naître.» (Mt2, 2) Ils se trompent comme tous les humains sur ce qui concerne Dieu. Nous le cherchons souvent là où il n’est pas. Il n’est pas dans les livres ni dans choses spectaculaires mais dans un signe plus humble de l’amour. Jésus ne se voit pas uniquement dans notre promotion sociale, dans la réussite de la vie mais aussi dans notre échec, dans notre souffrance et épreuve. Le roi qui venait de naitre n’est pas chez Hérode, le représentant du pouvoir mais à la crèche de Bethléem.
Hérode qui imaginait des complots partout même dans sa propre famille fut terrifié par le message des mages. Quand on vit sous la hantise de conserver un certain privilège ou avantage, on se prive de l’essentiel. Hérode qui vivait dans des forteresses pour se protéger, qui massacrait tous ceux qu’il considérait comme ses rivaux, ne pouvait pas savoir où se trouvait Jésus Christ, l’enfant-roi. Il avait tout pour le savoir car il était entouré par «Les chefs des prêtres et les scribes» qui connaissent la Bible. Mais l’arrivée du Messie n’était pas sa préoccupation. Les mages ont trouvé quelques renseignements chez Hérode mais ils ont retrouvé leur étoile. «L’étoile qu’ils avaient vue à l’orient les précédait, jusqu’à ce qu’elle vienne s’arrêter au-dessus de l’endroit où se trouvait l’enfant.» (Mt2, 9) Dans notre chemin de la foi, nous avons besoin d’être guidés. Le premier guide c’est l’Écriture mais chacun a son étoile qui le guide vers le beau, vers le bien, vers la vérité, vers l’amour, vers la justice et vers Dieu. Cette étoile qui nous guide vers le Christ Sauveur, c’est l’Esprit Saint.
Les mages venaient d’abord adorer Jésus, le grand roi. L’adoration est une prière par excellence. Dans l’adoration, ce sont les cœurs qui se rencontrent, qui se parlent. Dans l’adoration, pas de mensonge mais un échange profond de notre être. On adore quelqu’un qu’on connait très bien et seul Dieu mérite notre adoration. Voir et adorer Dieu, cela suppose donc une relation vraie avec Lui. On parle des chrétiens qui ignorent la rencontre dominicale, le problème n’est pas de trouver le temps ou de ne pas avoir la force, mais de ne pas connaître Dieu.
Les rois mages ont tout laissé parce qu’ils voulaient coûte que coûte voir Jésus qui venait de naître pour arriver à leur objectif. L’adoration, c’est s’offrir nous-mêmes pour devenir un don vivant au Seigneur, c’est lui donner notre être, notre vie pour arriver à une très grande joie, à l’extase d’amour.