Dimanche 5A 2020
Ce dimanche nous découvrons que dans notre vie chrétienne nous recevons une mission de porter la saveur et la joie dans le monde «Vous êtes le sel du monde, vous êtes la lumière du monde.» Le sel a les propriétés de conserver, de donner du goût, et la lumière celles d’éclairer, de briller et de réchauffer. En plus, le sel était le gage d'hospitalité et d'amitié dans l’histoire de l’humanité. Les chrétiens doivent être serviteurs tout en vivant sa petitesse spirituelle. Ainsi ils deviennent lumière qui rayonne dans les ténèbres.
De retour d’exil, le peuple d’Israël avait encore des séquelles, des épreuves de leur déportation à Babylone. Tout était détruit y compris le temple de Jérusalem qui était le centre de leur vie. Tout le peuple s’est mis au travail pour relever le pays. Petit à petit, la vie spirituelle a repris et le peuple entier s’efforçait de plaire à Dieu dans la pénitence et dans le jeûne. Chacun s’imposait des sacrifices et des mortifications mais Dieu semblait absent. C’est dans ce contexte que le prophète Isaïe intervient pour annoncer ce que le Seigneur attend de ce peuple: le changement de comportement et non des sacrifices et des rites.
Ce qui séduit le Seigneur, c’est le partage, la compassion et la solidarité: «Partage ton pain avec celui qui a faim, accueille chez toi les pauvres sans abri, couvre celui que tu verras sans vêtement, ne te dérobe pas à ton semblable.» (Is58,7) Quand on aide un nécessiteux, on est porté par cette force venue de Dieu qui nous permet de devenir présence même de Dieu et c’est alors que l’on reflète sa lumière. Dieu devient proche de celui qui sert «Alors si tu appelles, le Seigneur répondra; si tu cries, il dira: me voici.» (Is58, 9) C’est finalement une vie de service qui peut éclairer dans le doute et dans l’incrédulité galopante de notre société. Dieu nous appelle à entrer dans son attitude de service, c’est lui le serviteur des serviteurs. C’est en servant que nous deviendrons lumière pour les nations. Servir les autres ne demande pas d’être riche au préalable car c’est dans sa simplicité que saint Paul est devenu une lumière pour les corinthiens «C’est dans la faiblesse, craintif et tout tremblant, que je me suis présenté à vous.» (1Co2, 3)
Dans l’Évangile, en parlant du service de ses disciples, Jésus leur dit qu’ils sont la lumière et le sel de la terre. La lumière est un élément central, sans elle la vie serait autrement sur la terre, par exemple les êtres n’auraient pas d’énergie. Le sel quant à lui donne de la saveur, il conserve et il assure la survie de certains êtres. On ignore son importance car il ne vaut pas cher et il est facile de se le procurer. Quand Jésus dit «Vous êtes le sel et la lumière de terre», (Mt5, 13) c'est un peu comme si Dieu nous dit: C'est par vous, avec l'aide de l'Esprit, que le monde me sera meilleur. La foi en Jésus donne un tout autre goût à la vie, un goût merveilleux puisque Jésus est la source du bonheur. Je reviens sur les paroles d’Isaïe pour souligner comment nous transmettons la joie de Dieu «Si tu veux disparaître de chez toi le joug… si tu donnes à celui qui a faim… et si tu combles les désirs du malheureux.» (Is58, 9-10) Dieu attend que notre bonheur de vivre, que notre épanouissement et notre manière d'être, donnent aux autres le goût et le désir de croire en lui. Si la foi éclaire nos routes, elle doit également éclairer celles des autres. Être lumière et sel du monde, c'est diffuser la joie et le bonheur.
Actuellement, être sel et lumière en notre société n'est pas facile. Nous sommes très exigeants envers les autres quand bien même nous sommes médiocres. Est-ce que tu es le premier à faire ce que tu veux que les autres fassent pour toi? C’est trop facile de remarquer qu’une lampe ne brille pas, qu’il y a une tache sur une chemise blanche. Sachons que la foi est une richesse qui ne vient pas de nous, qui ne nous appartient pas, qu’on nous a transmis, et que nous devons bien accueillir. Soyons patients si le fruit de la foi n’est pas encore mûr chez notre voisin. Nous devons nous entraider pour témoigner notre foi. Mais nous devons être vigilants pour ne pas perdre la richesse de notre foi car comme le souligne Jésus, si le sel perd sa saveur, s’il se dénature «On le jette dehors et il est piétiné pas les gens» (Mt5, 13) Il devient comme une terre qui sert à égaliser le sol! Nous devons chercher à être utiles pour notre Église et pour la société. Malheur à celui qui ne vise pas à servir les autres alors qu’il peut le faire.
Souvent nous cachons notre foi et nous cherchons du conformisme. Il y a ceux qui disent que puisque dans un tel événement, par exemple le baptême ou le mariage, il y a beaucoup de gens qui ne croient pas, il faut laisser ceci ou cela dans notre liturgie, ou encore qu’il faut diluer notre langage. Oui, nous devons nous adapter à certaines situations, mais les non croyants doivent remarquer ce qui nous fait l’honneur et la joie d’exister. Souvent nous nous taisons devant ceux qui calomnient notre foi. Pourquoi ne pas parler de ce qui nous rend heureux? Ce que nous célébrons est d’abord adressé à celui qui connaît sa valeur. Jésus s’adressait aux gens en disant «à vous qui m’écoutez»: ce sont d’abord ceux qui comprenaient son langage et non tous ceux qui avaient des oreilles car la Parole de Dieu nous dit qu’il y a ceux qui ont des oreilles et qui n’entendent pas. On n’arrive pas nécessairement à la foi à partir de ce qu’on entend mais surtout du bon témoignage et de la joie de croire, des disciples du Christ car «Elle ne saurait se cacher, la ville située sur une montagne.» (Mt5, 14)
Il faut le dire, actuellement il y a ceux qui confessent leur manque de foi même en demandant les sacrements surtout du mariage ou du baptême de leurs enfants. Nous nous arrangeons pour satisfaire leur désir. Je pense qu’il faut être courageux et humble pour leur annoncer la Parole de Jésus, lui qui dit que celui qui croira sera baptisé (Mc16, 6). Il ne faut pas donner des sacrements ‘en hypothèque’, pensant que peut- être demain, il leur sera nécessaire. Dieu est riche en miséricorde, ses moyens de nous sauver sont intarissables. Le plus important n’est pas de faire du nombre mais de devenir des disciples de Jésus-Christ.