Dimanche 33 A 2020
La première lecture du livre des Proverbes nous parle d’une femme parfaite telle que l’imaginait un sage juif. «Son mari peut lui faire confiance: (...) Elle fait son bonheur et non son malheur (…) Elle cherche laine et lin et travaille d’une main allègre (…) Elle étend les mains vers le pauvre, elle tend les bras aux malheureux.» (Pr31, 11-13. 20) Cette description d’une excellente femme diffère beaucoup de celle de notre époque. Nous considérons souvent ce qui est externe comme la taille, le poids, l’âge, etc; mais notre sage a d’autres critères plus intérieurs, comme l’amour, la fidélité, la foi... Vous savez que la Bible parle de notre relation avec Dieu dans un langage de relations familiales. Mais nous devons aller au-delà de la lettre, cette femme dont parle le livre des Proverbes est toute personne qui utilise la grâce que Dieu lui a donnée. «Seule, la femme qui craint le Seigneur mérite la louange. Célébrez-la pour les fruits de son travail.» (Pr31,30-31) Dieu attend le fruit de notre travail mais il ne nous considère pas comme ses esclaves, il nous appelle à assumer la responsabilité de notre choix d’enfant de Dieu. Comme la femme excellente est belle pour son mari, notre beauté pour Dieu est l’accomplissement de sa volonté grâce au don qu’il nous donne. Nous sommes appelés à former une communauté où chacun s’investit pour faire mieux afin d’améliorer notre monde.
Nous venons de lire l’Évangile dit des talents. un talent était une monnaie grecque qui correspondait à 6 mille drachmes et une drachme n’était qu’un journée de travail. Cet Évangile se divise en trois étapes: Le maître part et confie la responsabilité de sa gestion à ses intendants; les administrateurs doivent gérer les talents qu’ils ont reçus; le maître revient et évalue ses administrateurs. Matthieu considère le Seigneur comme le propriétaire des biens et les hommes comme des intendants. Le Seigneur a distribué aux hommes les biens de son royaume. Nous devons administrer les biens que Dieu nous a donnés et que nous avons reçus gratuitement: la vie, la santé, les parents, la famille et les amis, etc. Saint Jacques nous le dit clairement «Ne vous égarez pas, mes frères bien-aimés, tout don excellent, toute donation parfaite, vient d'en haut et descend du Père des lumières.» (Jc1, 16-17)
Le Seigneur veut que les biens qu’il nous donne se multiplient et nous vivons pour les faire fructifier au service des autres et rendre plus convivial notre monde. Ne l’oublions jamais tout ce que nous possédons constitue une immense richesse à ne pas enterrer. Nous avons l’amour, nous devons nous aimer; nous avons la vie, nous devons la mettre au service des autres et en profiter pour louer Dieu, nous avons l’intelligence, nous devons l’utiliser pour trouver des solutions aux problèmes de la communauté; nous avons des biens, nous devons nous en servir pour rechercher les amis de la vie éternelle. «À l'un, il donna cinq talents; deux à l’autre, un seul à un troisième, à chacun selon ses capacités.» (Mt25, 15) Jésus loue ceux qui ont bien valorisé leurs talents et il désapprouve celui qui a rendu stérile son talent «Ce propre à rien de serviteur, jetez-le dehors, dans les ténèbres: là seront les pleurs et les grincements de dents.» (Mt25, 30) Celui qui a fait fructifier ses talents, a reçu en retour une grande richesse. Le dernier serviteur en enterrant la richesse du propriétaire a opté pour la mort. Dans la vie spirituelle, une vertu engendre une autre et en négligeant une vertu, c’est toute une vie qu’on ruine. Dieu récompense ses serviteurs fidèles et punit les infidèles.
Désormais nous reconnaissons que nous ne sommes que des intendants de notre vie et de l’univers: nous ne sommes pas des maîtres et nous devons tout administrer selon la volonté de celui qui nous les a donnés. Nous devons être fidèles à notre vocation chrétienne suivant l’état que nous avons choisi, qu’il soit religieux, conjugal ou simplement séculier. Si nous n’ utilisons nos talents que pour augmenter notre capital ou pour faire prospérer nos affaires afin d’avoir du confort et des commodités, en oubliant Dieu et nos prochains, nous sommes comme cet intendant qui cache son talent. Un bon intendant se réjouit du fruit de son travail et il est loué par son maître devant tout le monde «C’est bien, serviteur bon et fidèle (…) en peu de choses tu as été fidèle, sur beaucoup je t’établirai; entre dans la joie de ton seigneur.» (Mt25, 21) Cet Évangile comme le relate la deuxième lecture, veut nous prévenir en symbole «Des temps et des moments de la venue du Seigneur.» (1Thes5, 1) La vie à venir est préparée dans la vie présente. Pour nous y préparer nous devons être unis à Jésus-Christ, qui nous dit que «Celui qui demeure en moi, et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruits, car hors de moi vous ne pouvez rien faire.» (Jn15, 5)
Dans l’Eucharistie, nous présentons au Seigneur les fruits de notre travail. Prions pour que notre offrande quotidienne soit toujours le fruit de l’amour, de la miséricorde, de la justice et de la paix. Et que lorsque nous nous présenterons devant Dieu, nous ayons les mains pleines de bonnes œuvres. Ainsi notre vie sera un acte d’amour pour Dieu et pour nos frères et sœurs.