Dimanche 29 A 2020
Dans la première lecture, Isaïe raconte comment le roi Cyrus a été un instrument de Dieu pour sauver son peuple. Ce dernier était en exil sous le joug des babyloniens mais dans la région une armé puissante, celle des perses, ayant à sa tête le roi Cyrus, commençait à prendre le dessus. Cyrus avait la réputation de respecter les autres peuples. Il devenait un homme providentiel, un messie envoyé par Dieu pour libérer son peuple de l’esclavage babylonien. «Ainsi parle Yahweh à son oint, à Cyrus, que j'ai pris par la main droite pour terrasser devant lui les nations, et pour délier la ceinture des rois, pour ouvrir devant lui les portes, afin que les entrées ne lui soient pas fermées.» (Is45, 1) On dirait qu’il était choisi pour faire une œuvre de Dieu. À travers son action politique, Cyrus est devenu donc un instrument de Dieu alors qu’il n’était pas juif. Dieu agit en tout homme qui veut suivre la voix divine qui est en lui. Chacun peut reconnaître ce qui est bon et qui plaît à son prochain. Nous sommes naturellement bons parce que nous sommes tous des créatures de Dieu.
Le roi Cyrus a permis la liberté religieuse pour tous ses sujets, et ainsi Dieu a été reconnu en dehors d’Israël. Pour les juifs de l’exil, leur spiritualité a grandi et s’est approfondie grâce aux bienfaits de Dieu présents chez ceux qu’ils appelaient des païens. «Je te ceins, sans que tu me connaisses, afin que l’on sache (…) qu’il n’y a personne sauf moi.» (Is45, 5-6) Dieu se fait connaître comme Seigneur de tous les hommes, de tous les événements. Dieu est pour tous les hommes, agissant non seulement dans notre Église, mais dans toutes les communautés de croyants parce que le monde entier est sous ses pieds. Tous ceux qui travaillent pour le bien et le bonheur des autres sont instruments de Dieu. Nous qui avons connu Dieu nous devons avoir une foi vivante que saint Paul exalte dans sa lettre aux thessaloniciens ; une foi caractérisée par une charité mûre et une espérance constante «Qui tient bon en notre Seigneur Jésus Christ.» (1Th1,5) Tout cela provient de l’Esprit Saint et non des parents, des amis ou des maîtres de spiritualité. Celui qui possède la foi, la charité et l’espérance agit toujours au nom de Dieu. Nous devons prier pour que tous les hommes soient la main de Dieu et que nous, chrétiens, nous soyons conscients de ce que nous faisons en tant qu’extension de l’action du Seigneur au milieu du monde.
Il semble que dans notre monde tout pouvoir n’est pas au service de Dieu. L’empire romain était considéré par certains juifs comme instrument du diable à cause de sa brutalité. On pose à Jésus une question piégée qui risquait de le mettre en désaccord direct avec des romains. «Dis-nous donc ton avis: Est-il permis ou non de payer l’impôt à César?» (Mt22, 17) Jésus n’a pas peur de répondre «Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu.» (Mt22, 21) Jésus veut guider ceux qui ont des doutes sur la façon de vivre dans notre monde en suivant l’Évangile. Nous devons faire la distinction entre le monde où nous vivons et celui de Dieu. Pour Jésus, jamais renoncer à la réalité dans laquelle nous vivons mais cette réalité ne doit pas remplacer Dieu. Il est inconcevable pour un chrétien de prendre sa foi comme prétexte pour vivre en dehors des réalités sociales.
L’Évangile de cette célébration nous aide à vivre en société en tant que chrétiens et bons citoyens. Le monde dans lequel nous vivons est organisé socialement. L’enseignement officiel de l’Église nous demande de participer à son développement en étant les défenseurs de ce qui est bien. Dans le catéchisme de l’Église catholique, il est dit: «Le citoyen a une obligation de conscience de ne pas suivre les prescriptions des autorités civiles lorsque ces préceptes sont contraires aux exigences de l’ordre moral, aux droits fondamentaux du peuple ou aux enseignements de l’Évangile.» Les pharisiens voulaient poser à Jésus une question qui affectait la conscience religieuse, nationale et politique. Pour eux, accepter l’hommage à César, c’était se soumettre à une puissance païenne et étrangère, ce qui signifiait perdre la faveur du peuple. Considérer comme illicite de payer l’impôt à César équivalait à un acte de rébellion vis-à-vis de la puissance romaine. Pour Jésus, chaque chose à sa place dans le monde et Dieu est au dessus de tout. Jésus profite de la question de l’hommage à César pour parler de Dieu. Nous devons aussi profiter des opportunités que nous avons pour parler de Dieu. Ce que nous faisons dans le monde ne doit pas être incompatible avec la foi.
«Rendre à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu» signifie savoir distinguer l’état des choses. Il y a dans notre quotidien ce qui a un but mondain et ce qui a un but spirituel. Servir le pays est bon mais servir Dieu, c’est mieux. Nous pouvons servir notre pays et Dieu en même temps lorsque ce que nous faisons possède une marque d’amour, de justice, de paix, à la lumière de notre foi. Tous ceux qui travaillent pour un monde plus fraternel et pacifique sont tous des collaborateurs de Dieu. Nous voulons servir notre pays et être fidèles à l’Évangile. La manière de réussir ce pari est de laisser Dieu nous guider.