Dimanche des Rameaux C2022
La Semaine Sainte est un temps avec beaucoup de signes. Une ambiance de l’amour ouvre le «Tridum Pascal»; Jésus agenouillé, lave les pieds de ses disciples. Le sommet de son amour est l’offrande de son corps qu’il nous a laissé «Ceci est mon corps, qui est donné pour vous; faites ceci en mémoire de moi.» (Lc22, 19) Le plus haut degré de l’amour est de se donner pour le salut des autres. Dans un vrai amour on ne se contente pas de recevoir mais de donner. C’est celui qui donne, qui aime vraiment. Nos parents nous aiment parce qu’ils nous ont donné la vie, nous devons nous aussi leur offrir ce que nous sommes pour répondre à leur amour. On est prêt à répondre à l’amour lorsqu’on est capable de donner en retour ce qu’on a reçu. Donner la vie si on l’a vraiment reçue, le pardon lorsqu’on a été pardonné, le salut lorsqu’on a été sauvé. L’ingratitude est condamnable presque dans toutes les cultures.
Jésus qui se donne, a passé en faisant le bien, ce qu’il reçoit c’est la trahison et le reniement. Judas et Pierre, qui étaient souvent plus près de Jésus par leur rôle dans le groupe, tombent dans la tentation de se séparer de leur maître, l’un à le trahir, l’autre à le nier. Une vraie tragédie lorsque c’est celui qui doit aider qui s’absente volontairement, celui qui doit protéger qui devient le premier bourreau. Judas trahit son maître pour son propre intérêt et Pierre renie Jésus pour sauver sa tête. Inutile de chercher à comprendre la situation dans les deux cas, il s’agit de l’infidélité. Cette tentation peut atteindre pas mal d’entre nous. «Priez, pour ne pas entrer en tentation» (Lc22, 46) dit Jésus aux apôtres à l’approche des épreuves et de la souffrance du mont des oliviers. Jésus est conscient de ce qui va se passer, il va au-devant de sa mort et il monte vers Jérusalem «Toi qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés!» (Lc13, 34)
L’élite du peuple décida de le faire arrêter comme un malfaiteur, le livra aux supplices «Comme contre un brigand vous êtes sortis avec des glaives et des bâtons?» (Lc22, 52) Comme si cela ne suffisait pas pour le faire souffrir on se moqua de lui, le roua de coups, le blasphéma et sur lui on fît toutes sortes de mal en le torturant. Voilà comment son peuple l’a traité sans aucune pitié. Les mains liées, on le conduit chez Pilate, procurateur romain qui reconnût son innocence sans rien faire pour le relâcher. «Je n’ai rien trouvé en lui qui mérite la mort.» (Lc23, 22) Son innocence a été attestée par un homme de la loi mais son calvaire ne s’arrêta pas. De cette souffrance morale s’ajouta des souffrances physiques: une couronne d’épines sur la tête, le poids de la croix qu’il portait, la flagellation et enfin la crucifixion.
Jésus accepte toutes ses souffrances. En lui, c’est le propre de l’Amour que de s’abaisser. Dieu, l’amour infini, va connaître un abaissement infini. La douceur et l’humilité du cœur de Jésus sont victorieuses de toute cette violence. Ce n’est pas la puissance qui lui manque, lui-même le dit dans l’Évangile de Matthieu «Penses-tu donc que je ne puisse faire appel à mon Père, qui me fournirait sur le champ plus de douze légions d’anges?» (Mt26, 53) Jésus a montré qui il est réellement en vivant l’amour jusqu’au bout. Jamais la force ne doit pas primer sur l’amour. Un dieu qui montre plus de force à la place de la miséricorde n’est pas celui de Jésus Christ. Devant la trahison, Jésus n’a pas détesté Judas, il a accepté son baiser de trahison. Il savait que Pierre le renierait mais il ne l’ai pas écarté de ses apôtres au contraire il l’a chargé de la responsabilité de garder son troupeau. Au lieu de consacrer son souffle sur lui-même afin d’endurer la fatigue de la croix, en croisant «Des femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur lui,» (Lc23, 27) en signe de compassion, c’est lui qui eut pitié d’elles «Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi, plutôt pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants!» (Lc23, 28) Devant ceux qui le crucifièrent, sa prière n’est rien d’autre que celle de leur pardonner «Père, pardonne-leur car ils ne savent ce qu’ils font.» (Lc23, 34) La souffrance ne l’a pas détourné pour penser à ce qui pouvait le sauver, son amour pour les autres ne défaille jamais, il souffrait tout en pensant à la souffrance des autres, il s’oublie pour le bien des autres.
Jésus sait que la croix ne le diminue pas, c’est là où il révèle son identité de Fils de Dieu. Pour lui, la mort n’est pas une fin mais une étape vers la glorification. «Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis» (Lc23, 43) dit Jésus au bon larron qui se confie en lui. Son unique soutient est son Père, c’est lui son dernier cri «Père, entre tes mains je confie mon esprit.» (Lc23, 46) Sa mort n’est pas vaine et le premier qui profite d’elle pour glorifier Dieu fut un centenier qui avait tout suivi «Réellement, cet homme était juste!» (Lc23, 47) La foule aussi se repend de ce qui vient de se passer. La passion et la mort de Jésus doivent susciter en nous l’amour et non la tristesse. Comment est-il possible d’aimer de cette manière-là, jusqu’à mourir? Il faut suivre Jésus et vivre comme lui pour bien aimer, c’est lui notre école de l’amour.