Dimanche 8C 2022
Nous avons l’habitude de parler des autres, de les critiquer ou de les condamner. Le problème est que nos critiques et nos condamnations sont souvent injustes car nous voyons le mal qu’ils font et nous ignorons le mal que nous faisons. La sagesse consiste à se juger soi-même et non à juger les autres. cherchons à améliorer notre qualité dans nos relations et dans nos engagements car l’avenir merveilleux viendra de l’amélioration de chacun d’entre nous.
Actuellement l’opinion sur les autres est une matière qui domine la vie publique. Nous le voyons dans ces mois qui précédent les élections. Il y a des gens qui consacrent leur temps à parler des autres sur toutes les dimensions, dans leur vie publique et privée. Le malheur arrive à un adversaire lorsqu’on révèle sa faiblesse qui était occultée. Il faut donc bien se préparer à vivre socialement, notre société est plus exigeante et malheureusement elle demande ce qu’elle n’a pas comme la sainteté, la justice, la vérité. Soignons-nous lorsque nous nous adressons aux autres. Un sage de l’Ancien Testament, Jésus ben Sira ou Siracide dit que tout ce que l’homme dit peut le définir ou le caractériser. «Quand on secoue le crible, les saletés demeurent, ainsi les déchets de l’homme dans ses discours.» (Sir27, 4) Il ne faut pas demander aux autres ce qu’on ne possède pas ou leur exiger une qualité qu’on n’a pas, cela s’appelle l’hypocrisie. Nous savons d’avance que tous les arbres ne produisent pas les mêmes fruits, il y a ceux qui donnent des épines et les autres des fleurs, c’est cela la vérité.
Jésus condamne notre hypocrisie «Qu’as-tu à regarder la paille qui est dans l’œil de ton frère? Et la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas!» (Lc6, 41) Pour Jésus, aucun homme n’est parfait ou sans péché. Un plus grand péché est de juger les autres. Ne nous érigeons pas en accusateurs des autres, ne perdons pas notre temps en parlant mal des autres. Ce qui montre la plus haute qualité de la personne est de consacrer son temps en cherchant à se corriger, à se convertir au lieu de l’exiger des autres. Lors de notre rencontre, échangeons sur ce qui peut aider notre relation et ne donnons aucune occasion de parler des autres. Même s’il nous arrive à parler de l’autre, cherchons à trouver ce qui est positif chez lui, ce sera une façon de reconnaître l’image de Dieu qui est en lui.
Si nous savons voir le mal d’autrui sans jamais voir qui nous sommes réellement, nous ne pouvons pas être de bons guides ou de vrais éclaireurs car comme s’interroge Jésus «Un aveugle peut-il guider un aveugle? Ne tomberont-ils pas tous les deux dans un trou?» (Lc6,39) Les aveugles conducteurs d’aveugles, les porteurs de poutres qui veulent enlever la paille dans l’œil de leur voisin, tels sont des scènes impossibles. Prétendre le faire est une mission sans résultat car on est trop mal placé pour le faire. Le jugement finalement appartient à Dieu seul, lui qui est saint et miséricordieux. Notre Église, pour remplir son rôle de guide doit faire examen de conscience sur soi-même afin de remplir fidèlement cette mission. Pour Jésus, ses disciples doivent s’examiner et découvrir dans les paroles de l’Évangile non les défauts des autres, mais ce en quoi ils sont invités à se convertir. Il est bon de nous en souvenir et cela à l’approche du Carême.
Le Pape Benoît XVI, dans l’avion au retour de son voyage apostolique au Portugal du 11-14 mai 2010, répondit à un journaliste ce qui suit «Les attaques contre l’Église ne viennent pas simplement de l’extérieur. Ces souffrances viennent de l’intérieur de l’Église, du péché qui réside au sein de l’Église (…) La plus grande persécution ne vient pas d’ennemis extérieurs à l’Église mais naît de péchés internes. L’Église a donc le plus grand besoin de pénitence, d’accepter de se purifier, de pratiquer le pardon.» Si nous ne savons pas d’abord soigner notre intérieur avant de le demander aux autres vaut mieux de nous taire. «Hypocrite, enlevez plutôt la poutre de votre œil» a dit aussi saint Jean Chrysostome. Cela ne signifie pas qu’il ne faut pas dénoncer ceux qui font des gravités dans le monde et dans l’Église, mais il faut le faire sans haine, sans orgueil et sans vengeance, uniquement dans le souci de protéger les victimes et d’appeler à la conversion ceux qui persistent dans le mal.
Celui qui se corrige et qui corrige les autres, en lui il n’y a pas d’aiguillon de la mort. Il ne doit pas s’enorgueillir mais rendre grâce à Dieu comme le recommande saint Paul aux Corinthiens «Mais grâce soit à Dieu, qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus Christ.» (1Co15, 57) Que faire pour que de notre cœur sorte du trésor dont les autres ont besoin pour être en sécurité? D’abord se convertir et être attaché à Dieu notre source. Le fruit d’un arbre révèle le champ qui le porte. Sans nous enraciner dans l’amour de Dieu, notre engagement et notre comportement seront sans importance, notre vie ne produira aucun trésor et à la balance de la vie nous ne vaudrons rien.
Actuellement où la majorité d’entre nous se présentent «croyants non-pratiquants», essayons de faire un effort pour changer cette identité, notre extérieur doit correspondre à notre intérieur car Jésus nous dit qu’on reconnaîtra l’arbre à ses fruits.