Dimanche 4 C 2022
Malgré sa candeur et son amabilité, il n’a pas trouvé un bon accueil, même parmi les siens. Mais pour saint Jean, à «Ceux qui l’ont reçu, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu.» (Jn1,12) Accueillons-le dans nos frères et sœurs, il nous accueillera dans son éternité là où on récolte ce qu’on a semé.
Le prophète Jérémie souffrait beaucoup à cause de la petitesse spirituelle de son peuple et de leur péché qui conduisaient toute la nation à la catastrophe. Il avait été choisi par Dieu pour aider ses compatriotes. «Avant de te façonner dans le ventre (…) je t’avais consacré, je t’avais institué prophète pour les nations.» (Jr1, 5) Au lieu de l’écouter, il a été malmené en tout pour le faire taire, mais la mission de Dieu est irrévocable «Ils te combattront, mais ils ne l’emporteront pas sur toi, car je suis avec toi (…) pour te délivrer.» (Jr1, 19) L’homme ne peut pas arrêter la volonté de Dieu. Les collines et les montagnes peuvent s’élever pour empêcher la voix du Seigneur mais elles n’y arriveront pas car Dieu est tout puissant. Elles peuvent freiner pour nous les bienfaits de Dieu mais sans les arrêter, tôt ou tard, quand l’heure de Dieu sonne, tout revient dans son ordre.
Mais il faut être tenace comme Jérémie qui ne recule pas devant les menaces. Il n’a pas cessé son message de conversion. Persécuté sans pitié, il n’a pas cédé à ses persécuteurs. Son attachement à Dieu a été sa seule arme, Dieu a été son refuge, c’est lui qui l’a soutenu dans sa mission «Moi, je fais de toi aujourd’hui une ville forte, une colonne de fer, un rempart de bronze, face à tout le pays: roi de Juda, ses chefs, ses prêtres et le peuple du pays.» (Jr1, 18) Les menaces à ceux qui annoncent la paix, l’amour, la conversion, la justice, la vérité changent de forme mais elles ne cessent pas. La pression peut peser toujours sur eux et la solution n’est pas de fuir mais de se réfugier près du Seigneur qui n’abandonne pas les siens. C’est lui la force de ses fidèles, il les défend de tous les dangers, Jérémie a trouvé son réconfort auprès de son Dieu.
Jésus, le prophète par excellence n’a pas été à l’abri des persécutions. «Tous lui rendaient témoignage, et étaient en admiration devant les paroles de grâce qui sortaient de sa bouches.» (Lc4, 22) Ses éloges du début de sa mission n’ont pas duré, l’incompréhension de son identité n’a pas tardé à être un obstacle pour l’écouter et le suivre «N’est-ce point là le fils de Joseph?» (Lc4, 22) Il s’est fait homme et son humanité pose un grand problème. Jusqu’aujourd’hui l’humain de quelques disciples est un problème et un scandale: ils sont autoritaires, leur gestion est corrompue, pas d’innovation c’est toujours le même langage, ils sont pécheurs eux aussi, etc. On n’en finira pas de remarquer cette dimension trop humaine de l’Église. Si on l’a noté pour Jésus, le fils de Dieu, comment ne pas le remarquer chez un homme, faible et très limité?
De Dieu, il ne faut pas se fier au regard superficiel mais chercher à persévérer pour voir ses merveilles ou pour le rencontrer. C’est ce que Jésus veut faire découvrir à ses auditeurs afin de les montrer sa vraie relation avec Dieu et son amour sans limites envers les malheureux. Il veut révéler la vérité même si cette dernière peut ne pas satisfaire ceux qui l’écoutent «Tous furent remplis de colère dans la synagogue, en entendant ces paroles.» (Lc4, 28) Ces Nazaréens ne voient qu’un homme en Jésus, au lieu de percevoir la lumière de Dieu dans l’obscurité de son humanité. Ils ne veulent pas patienter et ils oublient qu’il est leur voisin, parent et copain et ils décident de le liquider «Ils le chassèrent hors de la ville et l’amenèrent jusqu’à un escarpement de la montagne sur laquelle leur ville était bâtie, de manière à l’en précipiter.» (Lc4, 29) Quelquefois, le message de Dieu nous sépare à la place de nous unir à cause du fanatisme. Les Nazaréens n’ont pas voulu comprendre que Jésus est né de Dieu.
Jésus n’a pas voulu entrer dans ce conflit «Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin.» (Lc4, 30) Il ne fait pas descendre la foudre sur Nazareth comme Jacques et Jean auraient voulu le faire sur un village de Samarie (Luc 9, 54). C’est sur lui que l’incompréhension des siens s’abattra en mourant sur la croix. Car comme le dit saint Paul «L’amour supporte tout, espère tout, endure tout. L’amour ne passera jamais.» (1Co1, 7-8)