Dimanche 30 C 2022
Ceux qui vivent de la dépendance de Dieu sont sous sa protection. Ils sont ses pauvres dont il veille jour et nuit. Jamais il ne défavorise le pauvre, il écoute la prière de l’opprimé. Il ne méprise pas la supplication de l’orphelin, ni la plainte répétée de la veuve. Dans la tradition hébraïque, ces catégories de personnes portaient le titre d’anawah ou anawim: les pauvres de Yahvé c’est-à-dire les courbés, les inclinés, les petits, les faibles, les humbles, les affligés, les doux. Leur point commun est l’humilité; ils sont donc les humbles de Dieu et comme le dit Ben Sirac, leur prière arrive directement à Dieu. «La prière de l’humble traverse les nuées.» (35, 17) Ceux qui les maltraitent s’attirent la vengeance de Dieu «Le Seigneur ne tardera pas et il sera sans patience à leur égard.» (35, 19)
Le pauvre, l’opprimé, l’orphelin, la veuve, étaient les quatre situations- type de pauvreté dans la société juive de l’AT, et que la Loi était sensée protéger. Actuellement encore, ces catégories sont encore bien présentes, on peut même y ajouter l’immigré ou l’étranger. Mais notre société refuse toute situation d’indigence et de pauvreté; et on ne peut pas vraiment dire que la Loi est pour eux, car c’est souvent la loi du plus fort et du plus riche qui domine même si cette loi n’est inscrite nulle part. Ne pas être considéré, estimé, aimé et valorisé est une grande pauvreté actuelle. Dieu ne tolère pas ceux qui sont à la base de cette situation et un vrai croyant doit se ranger du côté de ces gens et c’est le vrai culte qui plaît à Dieu. Celui qui agit ainsi, il connaît Dieu et il suit la route du bien. Ainsi il échappe au temps que Dieu a prévu pour extirper «La foule des insolents et briser le sceptre des injustes.» (35, 21)
Si la prière du pauvre est écoutée, cherchons donc à être compté parmi les pauvres de Dieu en ne dépendant que de lui seul. Cette pauvreté n’empêche pas à être ce que nous sommes car elle est celle de l’esprit et non nécessairement celle du corps. Saint Paul, un pauvre de Dieu du temps de l’Église, dans sa lettre à Timothée, nous fait comprendre que cette nouvelle forme de pauvreté est une purification «Je suis déjà offert en libation, et le moment de mon départ est arrivé.» (2Tm4, 6) Cette purification bien qu’elle demande notre participation, est aussi un don de Dieu. «Le Seigneur m’a assisté et m’a fortifié afin que par moi la prédication soit accomplie et que toutes les nations l’entendent.» (2Tm4, 17) Saint Paul reconnaît qu’il doit tout au Seigneur et non à ses amis qui l’ont déçu par leur abandon et leur trahison.
La foi, c’est reconnaître que Dieu est tout, que c’est lui qui soutient notre effort et qui nous justifie miséricordieusement. Dans l’Évangile un pharisien l’oublie et il pense que la sainteté est le fruit de son savoir -faire. Il énumère comment il est arrivé à la perfection «Je jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tout ce que je possède.» (Lc18, 12) En plus de ces œuvres visibles, intérieurement il se voit irréprochables «Je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont rapaces, injustes, adultères, ou bien encore comme ce publicain.» (Lc18, 11) Peut-être il dit la vérité de ses œuvres surérogatoires, mais il se trompe d’imaginer que son observance le rend juste et de mettre à zéro les autres en les écrasant de son mépris par exemple envers le publicain qui prie aussi dans le Temple. Au lieu d’exalter le Seigneur, il se s’exalte, il ne parle que de lui, se taire lui échappe. Il ne sait pas que quand tu parles, tu ne fais que répéter ce que tu sais déjà. Mais si tu écoutes, tu pourras apprendre de nouvelles choses. En peu de mot, la prière de ce pharisien ne fait confiance qu’en soi, elle fait l’éloge de soi. Au lieu de confesser ses péchés, il confesse les péchés du publicain.
Le publicain, celui qu’il juge moins religieux, s’humilie, se met à distance dans l’angoisse intérieure. Il ne cherche pas à se mesurer avec les autres, il ne passe pas en revue les péchés qu’il n’avait pas commis. Il ne mentionne pas des péchés de son prochain, il ne parle que de lui-même et de sa situation. Son attitude correspond à son étiquette, ses paroles et ses gestes disent la même chose «Je suis pécheur.» (Lc18, 13) Il reconnaît le mal qu’il a fait contrairement au pharisien qui ne voit pas le mal qu'il a fait et le bien qu’il n’a pas fait. Il sait ce qui le justifiera, c’est la requête qu’il fait à Dieu et non de ses œuvres comme le croit le pharisien «Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis.» (Lc18, 13) Il ressent son grand besoin et il a confiance en Dieu qui sauve. Dieu est au cœur de sa prière et de son désir, il est son seul bonheur.
Jésus annonce son jugement. «Quiconque s'élèvera sera abaissé; et celui qui s’humilie sera élevé.» (Lc18, 14) On peut dire que le pharisien a été sincère dans sa prière mais pas humble alors que le publicain a été sincère et humble à la fois. L’un se vante et l’autre se condamne, l’un attend de Dieu la récompense de sa bonne religiosité et l’autre le pardon de ses manquements. Jésus nous montre par là que la sainteté n’est pas ce que nous sommes, ni ce que nous faisons ou nous donnons, elle est le fruit de la miséricorde de Dieu que nous accueillons dans la simplicité.