Dimanche 3 C 2022
Le peuple d’Israël a toujours considéré la parole de Dieu comme une loi à respecter et à faire respecter. Leurs leaders devaient veiller pour que tout se fasse selon la Parole du Seigneur. Mais ils n’ont pas respecté ce que le Seigneur leur avait dit et les conséquences furent catastrophiques avec la déportation à Babylone où ils ont perdu l’essentiel: le pays, leur souveraineté, mais surtout le Temple de Jérusalem. Tout s’est évaporé sauf une chose, la seule indispensable: se rassembler souvent en cachette pour écouter la Loi de Moïse ainsi que les écrits des prophètes. Se rassembler ou «sunagein» en grec d’où vient le mot Synagogue, fut un héritage du peuple de Dieu parce que c’est au cours de ce rassemblement qu’est né leur espérance ainsi que la nostalgie de former un peuple. Ceux qui ne se rassemblent pas, se divisent et petit à petit vont à la disparition. Notre rassemblement dominical ne doit pas manquer. En petit ou en grand nombre, nous devons nous rencontrer pour écouter la parole de Dieu, la partager et célébrer l’Eucharistie.
De retour à la captivité à Babylone, le peuple de Dieu s’est refait petit à petit, tout est revenu en ordre avec la reconstruction du Temple. Le zèle de se rassembler est né pour écouter la loi de Dieu «Tout le peuple se réunit comme un seul homme sur la place qui est devant la porte des eaux.» (Ne8, 1) Quelques personnages ont pris les devant pour cette nouvelle espérance du peuple: Esdras, prêtre-scribe et son lieutenant Néhémie ainsi que certains lévites. «Esdras ouvrit le livre (…) des lévites instruisaient le peuple de la Loi.» (Ne8, 5.7) Cet enseignement produit du fruit «Tout le peuple pleurait, en entendant les paroles de la Loi.» (Ne8, 9) Le peuple pleure, car la loi de Dieu, en éclairant nos vies, révèle nos manquements et notre péché.
La parole de Dieu nous envoie à notre conscience pour voir si réellement nous avons été fidèles à nos promesses et à nos engagements. Pour un chrétien, actuellement il est impossible de progresser dans la foi, dans l’unité et dans l’amour sans se nourrir régulièrement de la parole de Dieu. C’est elle qui nous forme afin de devenir complémentaires comme saint Paul le rappelle aux Corinthiens qui étaient profondément divisés. Pour les ramener à l’ordre, l’Apôtre des gentils les enseigne qu’ils sont «Le Corps du Christ, et membres chacun pour sa part.» (1Co12, 27) Dans l’Église, il n’y a pas des membres supérieurs et inférieurs. Si nous comprenons vraiment le message de Jésus, ce sont les plus humbles qui doivent être les plus honorés. Laissons -nous transformés par la parole de Dieu que nous écoutons et que nous méditons.
Dans l’Évangile saint Luc nous apprend que la Parole de Dieu qui parvient au cœur des fidèles bien qu’elle a été écrite par l’homme vient de Dieu. Elle passe par l’homme pour être accessible car nous sommes des collaborateurs de Dieu. Comme nous le savons, c’est Jésus Christ qui est la parole vivante de Dieu. Les premiers chrétiens nous ont transmis fidèlement en tant que des «Témoins oculaires» son enseignement. Saint Luc qui n’était pas parmi ceux qui ont vu Jésus a décidé d’écrire après avoir fait des recherche. «Moi aussi, après m’être informé soigneusement de tout depuis les origines, d’en écrire (…) un exposé suivi» (Lc1, 4) pour rendre solide la foi de ses lecteurs.
Saint Luc montre que l’enseignement de Jésus n’est pas une doctrine scientifique mais une source intérieure de l’Esprit. «Avec la puissance de l’Esprit, revint en Galilée.» (Lc4,14) Comme le dit quelques prédicateurs, il a en lui un souffle qui est le souffle même du Père. Voilà pourquoi son enseignement attirait du monde qui restait soulagé par ce qu’il disait. «Il enseignait dans les synagogues des juifs et tout le monde faisait son éloge.» (Lc4, 15) Son enseignement n’était pas un commentaire ou une explication de la parole de Dieu mais son accomplissement «Cette parole de l’Écriture, que vous venez d’entendre, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit.» (Lc4, 21) Selon Origène, un des pères de l’Église, gardons-nous de n’estimer heureux que des contemporains de Jésus, et de nous croire privés de son enseignement. Il n’a pas seulement parlé en ce temps-là, dans les assemblées juives, mais il parle également aujourd’hui dans notre assemblée et dans nos cœurs.
L’Esprit ne cesse pas de nous parler comme il a parlé aux prophètes, aux apôtres, aux saints depuis l’antiquité jusqu’aujourd’hui. Demandons la grâce d’être transformé par cet Esprit afin d’accueillir en nous Jésus Christ, le Verbe de Dieu fait homme qui nous porte l’amour de son Père. Ainsi nous devenons de nouveaux annonciateurs de son salut à ceux qui se trouvent actuellement en détresse comme des pauvres, des prisonniers, des opprimés, des sans voix, des malades, des découragés à cause des moments difficiles dus au Covid-19.