Dimanche 14C 2022
Le peuple de Dieu de l’ancienne alliance a traversé des moments difficiles, de guerres, d’exil, de famine, d’esclavage, des maux de toutes sortes. Tout cela ne concourait pas à sa perte mais à sa croissance de la confiance en Dieu. La survie est pour celui qui croit un signe de l’amour que Dieu offre pour raconter ses merveilles. L’or se purifie par le feu et tout ce qu’un croyant traverse devient une occasion d’affirmer sa foi, que Dieu veille sur ses fidèles et qu’il aime toutes ses créatures. Ainsi les souffrances présentes sont celles d’enfantement c’est-à-dire de donner une nouvelle vie. Le prophète Isaïe avait compris que pour Dieu, rien n’est impossible. Le Seigneur change notre passé ténébreux en un présent radieux. La nation où Dieu est reconnu, ne lui manque de rien comme le prophète le souligne «Voici que je dirige vers elle la prospérité comme un fleuve et l’opulence … comme un torrent débordé.» (Is66, 12) Nous devons être nombreux à proclamer et à vivre de cette Bonne Nouvelle qui renverse notre être et notre existence. Avec Dieu l’espérance revient et le pardon prend le dessus sur la vengeance, l’unité sur la séparation, la joie sur la tristesse.
Qu’est-ce qui se passe lorsque Dieu est absent? Là où Dieu manque, la force veut remporter sur la solidarité, la guerre devient un moyen pour la paix, la richesse se transforme en source du bonheur, les pauvres deviennent une charge et l’argent répond à tout. Malheureusement cette mentalité peut envahir celui qui se dit croyant et pratiquant. Pour saint Paul, le vrai bonheur provient de la foi. Cette antithèse des idées en vogue est l’unique qui peut transformer le monde. Croire en Dieu n’est rien d’autre que cette révélation de Paul aux Galates «Je porte dans mon corps les marques des souffrances de Jésus.» (Ga6, 17) C’est cela qui fait de lui «Une création nouvelle» (Ga6, 15) Pour un disciple de Jésus sa fierté ne réside pas dans sa force, ni dans son pouvoir, ni dans son avoir, ni dans son origine ou sa culture, être circoncis ou incirconcis, croyant ou athée, progressiste ou conservateur, du nord ou du sud, de gauche ou de droite, mais dans le sacrifice de Jésus qui nous a sauvés sans distinction.
Pour Jésus cette nouvelle mentalité ou création nouvelle de notre humanité ne vient pas de soi mais de l’engagement de ceux qui l’ont compris. «Jésus en désigna encore 72, et il les envoya (…) en toute ville.» (Lc10, 1) Être désigné par Dieu signifie beaucoup dans la mentalité juive. Dieu ne tient pas compte des critères habituels. Les Apôtres ont joué un grand rôle dans la naissance d’un monde nouveau voulu par Jésus mais ils n’étaient pas les uniques protagonistes. Les hommes et les femmes, de toutes les catégories ont contribué à l’évangélisation depuis la résurrection du Christ. Marie Madeleine qui annonça que le Christ est ressuscité n’était pas apôtre, ni diaconesse mais seulement une femme pleine d’amour et de foi en son Seigneur. Ceux qui pensent que la réforme de nos communautés peut venir des stratégies de seuls clercs ou religieux se trompent. Ils ne sont pas de seuls protagonistes mais des protagonistes parmi les autres. Sans les 72 disciples, la mission aurait abouti à un échec écrasant. Mais avec eux des limites humaines se sont transformées en opportunité pour faire connaître le message du Christ. L’exil, la migration, et autres mouvements de la population ont contribué à l’évangélisation. L’essentiel est de croire en Jésus mort et ressuscité.
«Allez. Voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu de loups» (Lc10, 3) Il ne suffit pas d’être désigné, il faut s’engager, il faut prendre la route, il faut se mettre debout. Ce qui manque est la volonté de se mettre au travail. Ce ne sont pas des moyens qui manquent, ni la force car ces derniers sont donnés par celui qui envoie. Le terrain de la mission n’est pas facile, la peur peut être inévitable mais Jésus offre les stratégies de la victoire, l’annonce de la paix. «Paix à cette maison.» (Lc10, 5) La paix est accompagnée par de bonnes actions «Guérissez les malades.» (Lc10, 8) Il est difficile pour celui qui annonce la paix, qui passe en faisant du bien de n’être pas bien reçu. Si cela arrive, la faute tombe sur celui ou sur la ville, la communauté qui ne veut pas la paix ou qui chasse le bien «En ce jour là, il y aura plus de rigueur [pour Sodome] que pour cette ville.» (Lc10, 12)
L’amour ou faire du bien est le signe visible du Royaume de Dieu. Soyons dans la joie chaque fois que nous contribuons à l’établissement de la concorde et de la paix, au succès face aux ennemis du bonheur et de la réussite. «Les 72 disciples revinrent tout joyeux.» (Lc10, 17) Mais la véritable joie du croyant est d’avoir part au règne de Dieu «Réjouissez-vous parce que vos noms sont inscrits dans les cieux.» (Lc10, 20) Que notre vraie joie soit dans le fait que Dieu nous reconnaisse comme ses fils et ses filles, et que Jésus nous considère comme ceux qui sont à sa suite pour son règne de justice et de paix.