Dimanche 9B, fête du Très Saint Sacrement — 18. Paroisse Sainte-Reine - Auxerre Val de Baulche

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Dimanche 9B, fête du Très Saint Sacrement

Le Très Saint Sacrement est le mémorial de l’amour de Jésus qui se donne. Dieu incarné, Dieu mourant pour le salut de l’homme, son Corps livré pour l’homme et son Sang répandu pour l’homme, deviennent nourriture de nos âmes et Jésus est notre sacrifice. Cette fête appartient aux mystères du Jeudi Saint. Dans la tradition catholique, elle était célébrée le jeudi qui suit la Trinité, pour faire mémoire au Jeudi Saint. Cette célébration donne à la glorification du don d’amour tout son éclat que la passion et la mort du Christ n’a pas permis de célébrer dans l’entrée du Triduum Pascal. Cette fête est appelée aussi fête-Dieu, Corpus Domini ou Corpus Christi. Célébrons donc dans la joie cette solennité de l’amour de Dieu qui se donne sans réserve.

            L’Évangile de cette fête relate ce qui s’est passé durant le repas du Jeudi Saint entre Jésus et ses disciples, pendant la Cène ou le repas du soir. C’était le dernier repas de Jésus, la veille de sa mort. Jésus donnait un caractère pascal à ce repas. Il est célébré à la maison, en famille, Jésus comme un père, donne les recommandations de la préparation «Allez à la ville [chez] un homme...Il vous indiquera…une grande pièce aménagée et prête pour un repas. Faites-y pour nous les préparatifs.» (Mc14, 13-15) Mais Jésus met un contenu nouveau à ce repas traditionnel en étant le seul libérateur.

            La Pâque est une fête en mémoire de la libération du peuple de l’ancienne alliance de l’esclavage d’Égypte. Elle nous rappelle de voir ce qui enchaîne encore notre vie, dont Jésus notre libérateur doit nous délivrer. «Où est la salle où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples?» (Mc14, 14) C’est la Pâque de Jésus car elle est la dernière pour lui. Il fait tout pour qu’elle soit réussie. Il s’est investi pour que rien ne perturbe la fête qui doit être belle, bonne et grande. Nos célébrations doivent être bien préparées, une célébration non préparée peut perdre l’aspect principal de la fête. La tenue de ce repas a pris l’attention de Jésus bien avant sa réalisation. Rien n’est improvisé.

            C’est donc Jésus qui invite et qui préside le repas. «Pendant le repas, Jésus, ayant pris du pain et prononcé la bénédiction, le rompit, le leur donna, et dit: «Prenez, ceci est mon corps.» (Mc14, 22) Qu’est-ce qu’il faut retenir de ce que Jésus a fait? Sans doute des gestes, mais surtout des paroles d’action de grâce ou de prière de bénédiction. Jésus est tourné d’abord vers son Père à qui il dit «merci» avec joie. Comme un père de famille dans ce repas, il distribue à chacun un morceau de pain. Ses convives sont connus, ce sont des Apôtres qui deviennent une communauté de table ou une famille. Il en fait de même au vin transformé en son sang «Ceci est mon sang, le sang de l’alliance, versé pour la multitude.» (Mc14, 24) Tout ce que Jésus fait ce jour-là laisse entre-nous des traces ineffaçables de son amour qui sauve. Selon le Saint Jean Paul II, le sacrifice du Christ et le sacrifice eucharistique que nous célébrons sont l’unique sacrifice qui nous sauve.

            Au cours de ce dernier repas, Jésus conclut une alliance perpétuelle avec ses disciples comme leurs ancêtres ont fait une alliance avec Dieu lors de l’exode en sortant de l’esclavage d’Égypte comme nous le rappelle la première lecture de cette célébration. «Moïse prit le sang, en aspergea le peuple, et dit: «Voici le sang de l’Alliance que, sur la base de toutes ces paroles, le Seigneur a conclue avec vous.» (Ex24, 8) Pourquoi une alliance de sang entre Dieu et les hommes? Le sang est pour ces derniers un principe vital, le sang signifie la vie et cette dernière appartient à Dieu seul. Il est interdit aux hommes de verser le sang de leurs semblables. L’homicide fait horreur à Dieu et il ne sera pas impuni.

            Jésus qui se sacrifie en se donnant en nourriture veut montrer son don de soi pour sauver l’homme. Comme le dit l’épître aux Hébreux, «Son sang purifiera donc notre conscience des actes qui mènent à la mort, pour que nous puissions rendre un culte au Dieu vivant.» (He9, 14) Ceux qui célèbrent l’eucharistie participent à la vie divine et au don de la vie. Le don par excellence est un don de soi. Dans l’Eucharistie, Jésus offre tout à ses disciples, sa vie nous délivre de tout mal. Pas seulement le mal spirituel comme le péché mais aussi de la peur, de l’incrédulité, du doute, de la haine, de l’égoïsme et de toutes les formes de division. Ceux qui se rencontrent à la table eucharistique doivent écarter en eux ce qui les sépare pour vivre en vrais frères et sœurs. Les frères et sœurs ne s’ignorent pas ils se retrouvent, ils ne se querellent pas, ils s’écoutent, ils ne s’éloignent pas, ils s’embrassent.

            Nous devons donner ce que nous recevons, le Corps du Christ. Donner le Corps et le Sang du Christ c’est donner la vie aux autres. Jésus qui prend la place de l’agneau réalise l’image du Serviteur de Yahveh qui donne sa vie pour la multitude. «Ceci est mon sang de l’alliance, répandu pour la multitude.» (Mc14, 24) Ainsi il devient quelqu’un de notre humanité, un membre de notre famille ou de notre communauté.  Il veut que nous aussi qui le suivons nous devenions des serviteurs les uns aux autres. «Faites ceci en mémoire de moi.» (Lc22, 19) Cette recommandation de Jésus doit s’entendre aussi dans notre façon de vivre. Nous devons faire mémoire de ses actes mais aussi de son existence, lui qui passait toujours en faisant du bien aux autres. Il doit donc demeurer en nous dans l’Eucharistie et dans la vie de ceux qui le reçoivent réellement.