Dimanche 18B 2024 — 18. Paroisse Sainte-Reine - Auxerre Val de Baulche

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Dimanche 18B 2024

Jésus nous révèle l’existence de deux vies, celle du temps présent et celle de l’éternité. Jésus n’ignore aucune des deux. L’une ne doit pas minimiser l’autre. La vie présente est un don par excellence de Dieu. Mais nous ne devons pas rester seulement sur le temps présent. La vie à venir a besoin de la présente et elle demande aussi plus d’engagement et d’attention, la rater met en question notre existence terrestre, nous vivons pour hériter le ciel, car nous n’avons pas d’autre raison d’être à part, que posséder l’éternité bienheureuse.

            Le dimanche passé, Jésus a nourri toute une foule à partir de 5 pains et de deux poissons qu’il a multipliés. La foule reste contente de Jésus, cela ne s’arrête pas là, elle veut l’introniser pour le faire roi, ce que Jésus ne consent pas. Il se dirige vers l’autre rive de la mer à l’insu de la foule qui commence à le chercher. «Les gens montèrent dans les barques et se dirigèrent vers Capharnaüm à la recherche de Jésus.» (Jn6, 24) Jésus s’étonne de cet intérêt et de cet enthousiasme de le chercher. C’est le triomphe politique que Jésus fuit, il leur demande de ne pas le chercher seulement sur la rive humaine mais aussi sur une autre rive. «Vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé des pains et vous avez été rassasiés.» (Jn6, 26) Ces galiléens ne cherchent pas à étancher la soif spirituelle mais à manger à leur faim, c’est important, mais pour Jésus c’est insuffisant. Nous cherchons de belles choses, une bonne sécurité sociale, manger à satiété, profiter de la vie, être écouté par le dirigeants, être bien soigné et réconforté, réussir, et beaucoup d’autres belles choses. Mais il faut aussi passer sur une autre rive de la vie. 

            À la sortie d’une messe, le mois précédent, un jeune m’a demandé de prier pour la réussite de  son examen du baccalauréat. Il me disait que toute l’année il a prié pour réussir. Ce diplôme est très important pour sa vie. Mais imaginons qu’il ne réussise pas, est-ce qu’il reviendra à la messe? Il faut garder la foi même si Dieu n’exhausse pas ce que nous lui demandons. Ce n’est pas Dieu qui est notre serviteur, sommes-nous serviteurs et servantes de Dieu, ne confondons pas les choses et ne renversons pas les rôles. Un croyant cherche Dieu  dans la joie et dans la souffrance. Ne nous mettons pas en colère contre Dieu sous prétexte qu’il n’a pas écouté notre prière. «Travaillez …pour la nourriture qui demeure pour la vie éternelle.» (Jn6, 27) Jésus est venu pour nous aider surtout à travailler non pas pour la vie périssable mais pour la vie éternelle. Il faut bien comprendre cela sinon nous pouvons nous tromper car il s’agit d’une seule personne qui est appelée à cette double vie inséparable, l’une a besoin de l’autre.

            Pour Jésus la vie éternelle demande notre engagement mais c’est avant tout l’œuvre de Dieu. Personne ne s’offre la vie éternelle, elle n’est pas non plus un héritage de nos parents, c’est un don excellent de Dieu. C’est Jésus qui nous donne la vie éternelle, c’est lui qui la possède en plénitude. Les Galiléens n’ignorent pas ce que Jésus leur dit même s’ils ne comprennent pas grand-chose. «Que devons-nous faire pour travailler aux œuvres de Dieu?» (Jn6, 28) Jésus leur révèle ce qu’ils n’avaient pas entendu, il est donc au centre de sa mission. Le miracle de la multiplication des pains aboutit à la signification que c’est Dieu qui nous donne sa vie pour posséder la vie en plénitude qui est l’aboutissement de notre existence. Ce qu’on doit faire pour la posséder, c’est croire en Jésus Christ. «L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en Celui qu’il a envoyé.» (Jn6, 29) Jésus est l’œuvre de Dieu en nous et dans le monde. La nourriture à chercher et à désirer, c’est Lui, sinon nous nous fatiguons uniquement pour la nourriture corporelle qui offre la vie périssable. 

Jésus part des besoins matériels pour annoncer le vrai besoin de l’homme et ses plus hautes aspirations. Quel est notre bonheur, de quoi avons-nous besoin? Il faut bien partir pour arriver à la destination.    Au désert, les Hébreux ont été sauvés par Dieu qui leur a offert la manne. «J’ai entendu les murmures des fils d’Israël (…): entre les deux soirs vous mangerez de la viande, et le matin vous vous rassasierez de pain, et vous saurez que je suis Yahvé, votre Dieu.» (Ex16, 12) La vraie manne, descendue du ciel qui nous sauve est son Fils Jésus Christ. Nous devons nous interroger sur l’échelle de valeur de nos besoins. Il y a autour de nous ce qui périt facilement, celle qui ne dure pas longtemps. Nous devons nous engager pour ce qui dure, pour ce qui protège notre vie et celle des autres. Ne nous trompons pas. Le vin et la nourriture offrent un bonheur mais il y a le bonheur de Dieu, c’est être avec Jésus, lui offrir notre temps et notre vie. Comme ces Galiléens qui écoutent Jésus, nous aussi osons lui demander le pain de la vie. «Donne-nous toujours ce pain » (Jn6, 34) La réponse de Jésus à cette demande est directe «Moi, je suis le Pain de vie.» (Jn6, 35) C’est lui le pain dont nous avons besoin pour notre bonheur éternel.   

Devenons donc comme des Éphésiens du temps de saint Paul qui doivent vivre dans le monde en étant des créatures nouvelles. Saint Paul veut les préserver du danger qui les guettent. «Vous ne devez plus vous conduire comme des païens qui se laissent guider par le néant de leur pensée.» (Eph4, 17) Ne cherchons plus à vivre bon comme il nous semble. Mais à vivre comme un homme nouveau «Qui a été créé selon Dieu dans la justice et la sainteté.» (Eph4, 24) C’est cela vivre une autre rive de la vie, là où Jésus nous guide afin de surmonter toutes les difficultés et de ne pas chercher des pseudo-bonheurs périssables de notre temps.