Dimanche 17B 2024
La misère de l’homme ne laisse pas indifférent Jésus. Ce dernier ne regarde pas seulement ses disciples mais toute une foule composée de gens divers, tous ne regardent que Jésus parce qu’ils l’ont vu faire des miracles. Au fond de cette foule, il y a un sentiment d’admiration envers Jésus «Elle avait vu les signes qu’il accomplissait en guérissant les malades.» (Jn6, 2) Pour certains d’entre eux, Jésus est un guérisseur et un faiseur de miracles. Ce sont ces merveilles qui les attirent et c’est un danger pour la foi authentique. La foule ne dépasse pas le sensationnel pour trouver en Jésus l’envoyé de Dieu. Jésus a pitié d’elle et la pitié de Jésus est double: d’abord la foule ne reconnaît pas leur vrai Sauveur mais aussi elle est affamée, elle a besoin de la nourriture corporelle. «Philippe, où pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger?» (Jn6, 5) Jésus voit leurs besoins, il a souci d’eux. Il interroge Philippe, ce dernier n’a pas le même souci que Jésus. Pour Philippe, c’est impossible de faire quelque chose ne fût-ce que pour tromper la faim. «Le salaire de deux cents journées ne suffirait pas pour que chacun reçoive un peu de pain.» (Jn6, 7) Philippe montre que nourrir toute cette foule est irréalisable par manque de moyens, c’est impensable. Pour montrer que la situation les dépasse un autre disciple, André, fait voir qu’aux alentours, il n’y a que cinq pains trimballés dans la foule par un garçon. «Mais qu’est-ce que cela pour tant de monde!» (Jn6, 9)
Pourquoi cette question de Jésus à Philippe? C’est une question pédagogique. Par le passé, Dieu avait nourri tout un peuple de la manne sans intervention de personne. Il avait aussi nourri Élie du pain porté par un corbeau mais Jésus ne veut pas faire une sorte d’acte créateur, à partir de rien mais de quelque chose de l’homme. Nous avons la mission de répondre aux besoins des autres et personne ne peut nous remplacer à le faire. Dieu agit dans le monde mais à travers nos frères et sœurs. Sans notre disponibilité et collaboration nous privons les merveilles de Dieu aux autres . L’homme est donc la main de Dieu pour que ce dernier manifeste sa puissance. «Jésus savait, lui, ce qu’il allait faire.» (Jn6, 6) Il attendait ce garçon de cinq pains et de deux poissons. Tout est prêt pour que Jésus fasse son geste d’amour, il leur demande de faire asseoir les gens, qui sont nombreux, plus de cinq milles hommes, c’est une estimation on n’a pas compté. «Alors Jésus prit les pains et, après avoir rendu grâce, il les distribua aux convives; il leur donna aussi du poisson, autant qu’ils en voulaient.» (Jn6, 11)
Jésus nourrit la foule à partir de cinq pains présentés par un garçon qui était dans la foule. Le salut des autres est dans la main de leurs prochains. Dieu a besoin de nous pour montrer sa miséricorde. Dieu ne cherche pas celui qui est parfait, saint, immaculé et irréprochable pour agir en faveur des autres. Ces misérables pains du garçon avaient été exposés au soleil pendant la longueur de la journée, ils n’étaient pas protégés mais par la puissance de Dieu ils furent multipliés pour alimenter la foule. On ne dit pas si ce garçon était croyant, il ne vendait pas ses pains, il les gardait pour lui, c’était sa ration peut-être avec ses amis. Il a eu la bonne volonté de les offrir à Jésus. Il est content de les donner à celui qu’il suit, il ne peut pas les lui refuser. Il devient donc l’associé de Jésus dans ce miracle. C’est un garçon anonyme mais que personne n’oublie. Offrons le peu que nous avons pour aider les autres, notre récompense sera grande maintenant et dans l’éternité.
Ce qu’on donne avec respect et amour n’est pas perdu mais glorifié. Jésus rend grâce à Dieu, pour cette foule, pour ce garçon, pour ses disciples mais pour la réponse que Dieu donne à sa demande. Tout le monde mange à sa faim, Jésus ne néglige pas notre faim corporelle. Dieu bénit la terre et notre travail pour que nous puissions manger à notre faim. «Les gens eurent mangé à leur faim.» (Jn6, 12) Rien n’est jeté dans la poubelle, le reste est bien gardé pour le prochain repas. Ne rejetons rien qui vient de Dieu, il est béni. Jésus s’occupe de tous les hommes, personne n’est exclue à sa parole et à son pain, il faut tout simplement s’approcher de lui, il n’a pas nourri des passants mais ceux qui le suivaient. Tous confessent «C’est vraiment lui le grand prophète, celui qui vient dans le monde.» (Jn6, 14) Jésus accomplit les paroles de Dieu à Élisée «Ainsi parle le Seigneur, on mangera et il en restera.» (2R43) Avec Jésus, l’homme est dans l’abondance de Dieu.
Ne nous cachons pas de la misère des autres mais affrontons-la avec foi, et la confiance pour que Dieu intervient là où l’homme de bonne volonté s’interroge pour répondre aux besoins de ses prochains. «Supportez-vous les uns les autres avec amour,» (Eph4, ) dit saint Paul. Chez Élisée comme chez Jésus, il a fallu du pain apporté par quelqu’un d’autre pour que Dieu le multiplie afin de nourrir la foule. Nous avons besoin de la parole et du pain, la parole de Dieu pour le cœur, le pain pour l’estomac. Ces deux nourritures sont indispensables pour notre maturité humaine et spirituelle. Tentons de contribuer pour la croissance des autres.