Dimanche 11B 2024 — 18. Paroisse Sainte-Reine - Auxerre Val de Baulche

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Dimanche 11B 2024

Ce dimanche, il est question du règne de Dieu qu’on accueille et qu’on fait mûrir afin de devenir un don pour soi et pour les autres. Ce règne offert, on doit le recevoir et le faire fructifier. Dieu est l’auteur du bonheur mais l’homme doit le chercher, l’accepter, pour s’en réjouir sans cesse. Le don du bonheur n’est pas réservé à quelques-uns car ce qui vient de Dieu est universel. L’homme, domaine de Dieu, doit le servir dans les autres sans laisser de côté qui que ce soit.

             Dans le récit de l’Évangile, en parlant du règne de Dieu Jésus utilise une image de la semence. Les fruits sont dans la semence. Dis-moi ce que tu sèmes je te dirai ce que tu récolteras. Celui qui sème la paix récolte la paix, celui qui sème l’amour récolte l’amour. On ne récolte pas pour soi-même seulement mais aussi pour les autres. Celui qui sème seulement pour sa subsistance, sa récolte est très pauvre, on récolte pour soi, pour les amis et pour le marché. La semence qu’on sème doit être saine et bonne. Le règne de Dieu est semé en nous, dans notre vie. Cette dernière est la terre propice pour le règne de Dieu. Nous devons aimer et respecter notre vie, elle n’est pas inutile, de notre vie peut venir beaucoup de belles choses. Ce règne est semé par celui qui le possède, il est semé par Dieu. «Il en est du règne de Dieu comme d’un homme qui jette en terre la semence.» (Mc4, 26)

            Celui qui sème a une double confiance, celle de la semence et celle de la terre qui la reçoit. Le semeur sème avec joie et avec espérance qu’un jour la récolte sera abondante. Entre le semis et la récolte passe beaucoup de choses. «Nuit et jour (…) la semence germe et grandit.» (Mc4, 27) Le Règne de Dieu est un don que l’homme reçoit et il ne peut pas produire par ses propres efforts. Ce n’est pas le semeur ou l’agriculteur qui fait germer le grain de blé. Ce ne sont plus les conditions de la terre qui font germer. Le temps et la terre peuvent être beaux mais si la graine est morte, il n’y a pas de nouvelle vie qui sort. C’est donc le blé lui-même qui germe et qui a la puissance de produire.   

            C’est donc Dieu lui-même qui se révèle et qui se donne à l’homme. L’initiative de la relation entre Dieu et l’homme vient de Dieu et non de l’homme, religieux soit-il. La foi, la reconnaissance de la présence de Dieu est un don que nous recevons gratuitement. Mais l’homme ne doit pas être passif, il doit se rendre davantage disponible pour accueillir Dieu qui vient vers lui. Il doit avoir le désir d’être visité par cette présence qu’il ne mérite pas. Nous devons rendre grâce au Seigneur, sans oublier de chercher à être chaque fois plus disponible à ce don. Ce qu’on reçoit gratuitement doit être partagé aux autres de la même manière qu’on a reçu. Revenons  au royaume que Dieu a semé en nous en toute confiance. C’est la foi en lui. Cette semence est appelée à grandir et à donner des fruits. «La terre produit d’abord l’herbe, puis l’épi, enfin du blé plein l’épi.» (Mc4, 28) Le cœur qui reçoit le règne de Dieu doit manifester quelques changements: la transformation et la vie nouvelle. Il doit produire ce qu’il a reçu sinon c’est un échec ou un drame. Produire ce qu’on n’a pas planté est une tragédie et une monstruosité.    

            Mais le règne de Dieu dans l’homme est une véritable révolution de ce dernier. Jésus donne l’image de la graine de moutarde pour expliquer cette mutation ou changement. «Elle est la plus petite de toutes les semences. Mais quand on l’a semée, elle grandit et dépasse toutes les plantes potagères; et elle étend de longues branches, si bien que les oiseaux du ciel peuvent faire leur nid à son ombre.» (Mc4, 31-32) La foi ou l’amour de Jésus transforme le croyant. Ce dernier n’est plus le même, il n’est plus un homme ou une femme de chair et d’os mais un être vraiment nouveau, universel ayant un cœur accueillant. Immensément petit un disciple de Jésus devient immensément grand. Sa grandeur lui vient de Dieu qui l’adopte en l’un de ses fils et de ses filles. Comme on le dit, un chrétien est plus qu’un ange car le Fils de Dieu ne s’est pas fait ange mais une créature humaine. Sa grandeur se manifeste dans sa manière de vivre, semblable à celle de Jésus qui ne fait pas de différence, tout le monde devient pour lui des frères et sœurs à aimer et à servir. La grandeur de l’homme est celle du monde où le Fils de Dieu s’est incarné, le monde est redevenu celui de Dieu.

            C’est cette grandeur de l’homme et du nouveau peuple de Dieu qui est prophétisée par le prophète Ézéchiel. «Un cèdre portera des rameaux, et produira du fruit, il deviendra un cèdre magnifique. En dessous d’elle habiteront tous les passereaux et toutes sortes d’oiseaux, à l’ombre de ses branches ils habiteront.» (Ez17, 23) Tout cela pour montrer comment le monde qui accueille Jésus est appelé à ne plus être comme avant. Ce monde devient porteur et protecteur de la vie. Ce monde n’est pas seulement la personne humaine mais aussi sa culture et ses réalisations. Tout cela procure un grand changement qualitatif à la société. Ainsi l’homme devient fort afin de supporter toutes les difficultés et il porte des solutions aux problèmes sociaux et relationnels. Des désespoirs se changent en espoir, la tristesse en joie, des ténèbres en lumière et le règne de Dieu s’installe dans le monde grâce aux dons de l’Esprit de Dieu dans l’homme. Ce dernier produit alors de nombreux fruits dont le monde a besoin pour devenir le domaine de Dieu.