Dimanche 10B 2024
La première lecture nous montre que Dieu est à la recherche de l’homme. Ce dernier se cache, il est nu, il est très exposé, il est en insécurité, il est insatisfait. «Où es-tu donc?» (Gn3, 9) C’est une question de Dieu à l’homme. Dieu ne le retrouve pas, il se met à sa recherche. Souvenons-nous des paroles de Raymond Devos dans sa pièce théâtrale ‘l’homme existe, je l’ai rencontré’. Dieu trouve Adam mais caché, non libre, esclave de ses actes. Dieu ne veut pas le laisser dans sa cachette. Chercher celui qu’on aime quand bien même ce dernier a failli à sa mission est le propre de Dieu. Entre Dieu et l’homme, malheureusement l’amour n’est pas réciproque. En Dieu l’ amour est sans condition et l’homme ne répond pas à cet amour inconditionnel. L’homme perd Dieu et il se cache, il a peur. «J’ai entendu ta voix ... j’ai pris peur.» (Gn3,10) En perdant Dieu, l’homme est en danger, il voit le malheur au fond de sa conscience, il cherche une cachette mais rien ne lui garantit la protection. La peur le paralyse, le met à nu et le déplace en soi-même et en espace. Il n’est plus dans sa peau, ni dans le jardin d’Éden. Il n’est plus en communion avec Dieu, ni avec sa femme. Il a peur d’être seul.
Dieu voit la cause de sa peur. «Aurais-tu mangé de l’arbre dont je t’avais interdit de manger?» (Gn3, 11) L’homme a désobéi, il a brisé ce qui était interdit. Dieu n’est pas un père permissif, comme un bon père, il a interdit à l’homme de tout manger, de tout consommer, de tout mettre dans son estomac et dans son esprit. Il y a ce qui est propre à Dieu et ce qui est propre à l’homme, à chaque nature sa nourriture. Ce dernier veut se faire Dieu et la conséquence devient désastreuse. À cause de cela, tout est en insécurité, Adam a peur et sa femme, Ève, n’est plus porteuse de la joie mais de la cause de sa désobéissance. Rappelons-nous de son émerveillement en la regardant «Voilà l’os de mes os et la chair de ma chair!» (Gn2, 23) Elle est n’est plus une partie de lui-même mais celle que Dieu lui a donnée. «La femme que tu m’as donnée, c’est elle qui m’a donné du fruit de l’arbre, et j’en ai mangé.» (Gn3, 12) De la joie, Adam tombe en désespoir, il explique l’inexplicable, il doit assumer sa responsabilité, Adam a failli à la promesse.
Et Ève qui doit aider Adam? «Je vais lui faire une aide qui lui correspondra» (Gn2, 18) avait précisé le Seigneur. Qu’as-tu fait à ton frère, à ta sœur, à ton enfant, à ton parent, à ton voisin et à ton ami? Est-ce-que je fais ce que je devais faire pour l’autre. Ève, elle aussi se cache, elle a peur. Elle a écouté le serpent, tout le genre humain tombe plus bas, sans possibilité de se relever de lui-même. Nous prêtons l’oreille à ce qui ne le mérite pas. Nous nous laissons séduire par ce qui n’a pas de valeur. Cela ne s’est pas passé seulement au jardin d’Éden mais dans notre quotidien. Est-ce que ce qui retient notre temps, nos moyens, notre vie le mérite vraiment? À chacun d’en juger. Voyons ce qui peut prendre la place de Dieu et débarrassons-le de notre vie. La femme dit «Le serpent m’a trompée, et j’ai mangé.» (Gn3, 13) C’est triste, écouter les conseils du serpent. Ce dernier n’a pu s’exprimer, sa condamnation est très sévère, il est maudit directement. Malheur à celui de qui vient la chute.
Ce récit nous montre que Dieu n’est pas l’auteur du mal. Ce dernier change l’ordre mais Dieu n’abandonne pas son projet. L’homme tient encore l’attention de Dieu. Il cherche une autre solution, une autre voie, une nouvelle sortie. L’histoire de l’homme avec Dieu ne se termine pas avec la désobéissance. Jésus Christ a rétabli une relation qui était rompue entre Dieu et l’homme. Comme le dit saint Paul aux Corinthiens «L’homme intérieur se renouvelle de jour en jour.» (2Co4, 16) Le péché n’a pas tout effacé dans l’homme, son relèvement reste possible. La souffrance du temps présent n’est pas une punition perpétuelle, fin des fins, Dieu qui nous a créés pour le bonheur triomphe. Le paradis terrestre nous a échappé mais «Nous avons un édifice construit par Dieu, une demeure éternelle dans les cieux qui n’est pas l’œuvre des hommes.» (2Co5, 1)
Nous sommes invités à accueillir Jésus qui nous porte le pardon de Dieu. Se condamner consiste à ne pas se laisser conduire vers Jésus par l’Esprit Saint. Celui qui résiste à l’Esprit, qui refuse ses grâces perd toute la possibilité du salut. C’est ce que Jésus révèle dans l’Évangile. «Si quelqu’un blasphème contre l’Esprit Saint, il n’aura jamais de pardon. Il est coupable d’un péché pour toujours.» (Mc3, 29) Le péché contre l’Esprit Saint est le refus volontaire et conscient du salut. Un médecin peut guérir une maladie, mais quand on refuse de se faire soigner on meurt. Le problème n’est pas le médecin et la maladie mais le choix du malade. La miséricorde de Dieu est intarissable mais elle peut trouver un refus et cesse d’être active en laissant la personne à ses seules ressources humaines qui sont pourtant insuffisantes. L’homme ne peut pas se sauver seul, il a besoin de Dieu.
Nous comptons sur Jésus pour notre salut. Notre effort est nécessaire mais vraiment insuffisant. Que le Seigneur soit notre recours et que dans toutes nos difficultés nous puissions nous tourner vers lui. Jésus Christ, Fils du Dieu vivant aie pitié de nous pécheurs. Que tous les élus de Dieu intercèdent pour nous. Amen.