Dimanche 34 B 2021 — 18. Paroisse Sainte-Reine - Auxerre Val de Baulche

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Dimanche 34 B 2021

La solennité du Christ roi de l’Univers est la fête de sa victoire. Celle-ci vient après une série de combats et de luttes mais pour Jésus et ses disciples, la vraie victoire est la victoire sur le mal et sur soi-même parce que le propre ennemi de l’homme est en lui. La lutte à faire est à l’intérieur de chacun, c’est là où il faut dresser des armes pour vaincre

Ce dimanche, Jésus nous montre que la seule arme redoutable qui conduit à la victoire, c’est l’amour.

      Les guerres contre les autres ne finissent jamais parce qu’après avoir vaincu un ennemi, d’autres peuvent surgir. L’histoire du peuple d’Israël a été celle des guerres interminables avec les peuples voisins et lointains. Au temps du prophète Daniel, le judaïsme subissait une grande persécution de la dynastie séleucide. Daniel annonce dans ses visions une victoire définitive qui approche mais une victoire donnée à un Fils d’homme «Le Vieillard lui fut donné domination, gloire et royaume; et tous les peuples, nations, et langues le servirent.» (Dn7, 14) Qui est donc ce Fils d’homme qui reçoit «Une domination … qui ne passera point» comme le dit le prophète? (Dn7, 14) C’est celui qui viendra des cieux pour établir un règne éternel de Dieu. Nous comprenons bien qu’il ne s’agit pas d’un simple mortel mais de Jésus- Christ, Dieu à la condition humaine comme le fils de la Vierge Marie qui reçoit de son Père,  le  Royaume éternel.

            Le règne de Jésus n’est pas celui de quelques personnes, lui et le Père ainsi que l’Esprit Saint. C’est un règne qui rassemble beaucoup de peuples et de cultures, c’est un règne qui n’exclut personne. Dieu est pour tout le monde. Mais celui qui participe à son règne doit remplir les conditions pour y prendre part; il doit mettre de côté la domination des autres mais se dominer soi-même. Il doit aussi éviter un esprit de conquête car le règne de Dieu est un don ou une grâce, jamais on ne le mérite. Celui qui veut ce règne de sa propre force n’y arrive pas mais celui qui l’attend dans la simplicité et dans l’humilité le reçoit car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir. On gagne donc le règne de Dieu en servant aux autres, en prenant soin d’eux et en se souciant des autres et non de soi-même car c’est en pensant aux autres qu’on pense à nous. «À vous, la grâce et la paix de la part de Jésus Christ» (Ap1, 5) comme le dit saint Jean dans  l’Apocalypse. C’est donc Jésus qui prend soin de ceux qui participe à son amour.  

            Jésus n’a pas caché son royaume et il nous dit ce qu’il est réellement. Depuis le début de sa mission, il disait en quoi ressemblait son Royaume. Mais c’est sur la croix où il a voilé son royaume qui n’a rien de commun aux royaumes de ce monde «Ma royauté n’est pas de ce monde; si ma royauté était de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux juifs.» (Jn18, 36) Son royaume échappe même à ses disciples, c’est un royaume particulier qui ne s’impose pas, qui n’a pas de signes royaux, ni de soldats pour être protégé, ni de cour avec des servants et servantes. C’est un royaume qui dépend de l’état des cœurs; même des brigands peuvent y être citoyens s’ ils se convertissent et acceptent ce que Jésus demande, le préférer avant tout.

            Jésus est un roi qui s’abaisse, qui s’humilie, qui accepte de souffrir au lieu de faire souffrir. La croix, le lieu du supplice, il l’a transformé en lieu de la victoire, un vrai paradoxe, il a triomphé là où il devait perdre. Et Pilate en voulant le ridiculiser a immortalisé sans le vouloir son intronisation sur la croix en écrivant cet écriteau en latin et en grec «Jésus, le Nazôréen, le roi des juifs.» (Jn19, 19) Comme la royauté on la mérite, elle n’a pas tombé sur Jésus sans savoir d’où elle venait. «Qu’as-tu donc fait?» demanda-t-il Pilate à Jésus. La réponse de Jésus porte sens à son être. Il répond en roi, sans peur ni complexe. C’est le moment de confirmer son identité. Il le fait en dehors de ses amis mais devant un étranger. Devant Pilate, il parle sans ambiguïté «C’est toi-même qui dis que je suis roi.» (Jn18,37) Jésus n’a jamais caché la vérité mais il faut être dans la position de la découvrir. Pilate continue à le questionner «Qu’as-tu donc fait» pour devenir roi? Sa royauté il la tient de son Père et il est l’unique héritier. Jésus est vraiment roi parce qu’il est le Fils de Dieu.

            La royauté de Jésus ne le préserve pas de souffrir et de mourir corporellement. Il y a ici un message important. La mort n’est pas une punition, elle fait partie de notre condition humaine. Le problème n’est pas de mourir mais de comment nous avons vécu, c’est cela qui détermine l’au-delà de notre mort. La mort nous élève de terre, elle nous rend léger pour entrer dans la gloire. Tout ce que nous avons sur la terre ne nous servira pas au ciel, il faut nous en débarrasser au moment de la mort. Ce qui nous sert au moment de la mort c’est notre qualité de vie: est-ce que nous avons aimé, avons- nous cherché à plaire à Dieu et à notre prochain. Nous avons été témoins de la vérité, de la justice et de la paix. C’est cela qui nous élève de terre pour entrer dans le royaume de Jésus, lui qui a été témoin fidèle de toutes ces vertus.

            Comme nous sommes tous invités à la royauté de Jésus, écoutons la voix du Seigneur en conformant notre vie personnelle, familiale, professionnelle et sociale à faire ce qu’il nous recommande afin de prendre part avec lui à la droite de son Père. Que dans l’Eucharistie que nous célébrons, Jésus prenne notre vie et la transforme en offrande à Dieu qui nous appelle dans sa gloire.