Dimanche 30 B 2021
Dieu ne veut pas que nous nous dispersions dans nos affaires et dans la vie, car la dispersion conduit à la perturbation et à la merci des loups qui ne veulent rien épargner. Malheureusement, plus que jamais l’homme est perturbé, il ne voit pas sur quel pied danser et cela le désoriente énormément. Le prophète Jérémie annonce le projet de Dieu «Yahvé a sauvé son peuple, le reste d’Israël! Voici que je les fais revenir du pays du nord, que je les rassemble des confins de la terre.» (Jr31, 7-8) Dieu nous rassemble par sa parole qui nous guide et qui nous console, sa parole n’exclut personne, elle est pour les petits et les grands, les bien-portants et les malades, les hommes libres et les esclaves, les étrangers et les citoyens du pays. Si parfois la fraternité sanguine n’empêche pas des tragédies, seule la fraternité issue de la parole de Dieu peut sauver notre humanité. Mais nous devons éviter ce que nous attribuons à tort ou par ignorance à la parole de Dieu. Jamais elle ne peut pas ne pas être porteuse de la joie et de la paix, elle assure notre repos et notre assurance. Il ne faut pas aussi qu’elle soit un prétexte pour vivre comme si rien au monde n’a aucun pouvoir sur nous, mais qu’elle nous rappelle que Dieu a pitié de nous car il est notre Père (Is31, 9).
Dans l’Église chacun est appelé à entrer en relation et en amitié avec Dieu. Son regard et sa présence nous guérissent et nous purifient de nos péchés. On ne peut pas approcher le Seigneur et rester infirme, il nous guérit dans notre âme et nous devenons capables d’aimer et de le suivre sans entrave. Ce salut de Dieu nous le recevons en Jésus, son Fils unique. Il remplace tous les sacrifices des prêtres qui sont pécheurs d’entre les pécheurs, aveugles parmi les aveugles. C’est lui le véritable intermédiaire entre Dieu et l’homme, le prêtre parfait. C’est à lui que Dieu a dit «Tu es mon fils (…), tu es prêtre à jamais selon l’ordre de Melkisédek.» (He5,6) Avec lui, nous goûtons avant l’heure la victoire de l’éternité des temps. Cherchons-le et si nous le trouvons, ne l’abandonnons jamais, suivons-le partout, il est notre unique chance.
Dans l’Évangile, un mendiant aveugle connu, Bartimée, fils de Timée, se trouve sur le chemin, il ne sait pas qui il va rencontrer ou qui va lui faire la charité. D’un coup Jésus apparaît en provenance de Jéricho. Cette ville avait des caractéristiques particulières, en plus d’être une des villes les plus anciennes du monde, elle est l’endroit le plus bas du monde, à 250m au-dessous du niveau de la mer. Là se trouvait aussi un palais d’Hérode et elle se situait à l’entrée en Terre Promise à 35 km de Jérusalem. C’est là encore où Jésus y rencontra Zachée le publicain qui confessa tous ses péchés en le recevant chez lui. C’est là où le bon samaritain fit une bonne action selon Jésus. Jéricho était donc l’endroit des rencontres et des amours. Faisons de nos foyers et de nos communautés des lieux inoubliables de rencontres et des amitiés.
Comme son nom le signifiait «ville de la lune», à Jéricho Jésus va donner la lumière à un aveugle. Bartimée qui demandait souvent à manger, apprenant que c’était Jésus de Nazareth, il fît une demande inattendue «Fils de David, Jésus aie pitié de moi!» (Mc10, 47) Il cria deux fois et il attira l’attention de Jésus qui dit «Appelez-le.» (Mc10, 49) Jésus l’a entendu parce qu’il criait du plus profond de lui-même, son cri était celui de l’âme désespérée. Jésus qui connaissait son vrai besoin lui demanda «Pour toi que veux-tu que je fasse?» (Mc10, 51) Sans hésiter, ce mendiant aveugle ne tint pas compte de son ventre affamé mais de sa cécité et il fit une demande de qualité «Rabbouni, que je recouvre la vue.» (Mc10, 51) À une bonne pétition, une bonne réponse, Jésus lui accorda ce qu’il demanda «Va; ta foi t’a sauvé! Et aussitôt il recouvra la vue, et il le suivait sur le chemin.» (Mc10, 52) Une histoire émouvante, pleine de passion à ne pas oublier.
Nous nous intéressons à la guérison mais nous oublions une autre dimension importante de l’histoire du fils de Timée. On peut dire deux miracles réalisés en faveur de Bartimée: le premier est caché souvent par le second. D’abord il y a le miracle qui s’est déroulé à l’intérieur de ce mendiant, en apprenant l’arrivée de Jésus, sans l’avoir vu il lui présenta l’essentiel car il croyait que sa cécité était dû à ses péchés «Jésus, aie pitié de moi!» Il découvrit Jésus avant les autres, celui qui passe c’est le «fils de David». Sa prière est devenue celle la plus citée dans l’Église «kyrie eleison, christe eleison (…) ce qui signifie Seigneur prends pitié , Ô Christ prends pitié (…) » que nous disons à chaque messe. Ce mendiant aveugle découvre en Jésus ce que les grands rabbins n’avaient pas reconnu en lui. Pour lui, Jésus est le sauveur d’Israël. C’est vraiment miraculeux reconnaître Jésus avant l’avoir vu et l’écouté parler. Ainsi Bartimée nous aide à comprendre que pour quelqu’un qui croit, les miracles vont de soi. Le plus grand miracle est celui de croire et Jésus veut le réaliser en chacun de nous.
La plus grave cécité est celle du cœur, celle de ne pas reconnaître Dieu et de ne pas l’aimer. Bartimée ne voyait pas les apparences mais l’essentiel, le cœur même de l’univers, Jésus Christ le fils de David, l’envoyé du Père qui est venu sauver l’humanité. Demandons-lui les yeux du cœur pour le reconnaître dans nos épreuves.