Dimanche A25
Comme on le dit, les jours ne se ressemblent pas. Il faut profiter le bon temps car on ne sait pas si demain il fera aussi beau. Le prophète Isaïe a voulu préparer le peuple de Dieu aux moments de grandes épreuves en les poussant au Seigneur, leur seul refuge. «Cherchez le Seigneur tant qu’il se laisse trouver; invoquez-le tant qu’il est proche.» (Is55, 6) Notre aujourd’hui est notre kairos, le temps favorable de rencontrer Dieu. C’est le seul temps dont nous disposons car nous ne savons pas notre lendemain. Pour cela «Que le méchant abandonne son chemin, et l’homme perfide, ses pensées! Qu’il revienne vers le Seigneur qui lui montrera sa miséricorde, vers notre Dieu qui est riche en pardon.» (Is55, 7) Saint Paul, plus que personne, a compris cette urgence de chercher Dieu et de se consacrer à lui. «Pour moi vivre, c’est le Christ.» (Phil1, 21) Il n’hésite pas à affirmer que le meilleur pour lui est d’être définitivement avec le Christ. Ainsi donc mourir est un avantage pour lui. Mais s’il vit encore, c’est pour devenir utile pour ses frères et sœurs «Rester dans la chair est plus nécessaire à cause de vous.» (Phil1, 24) Celui qui ne vit qu’en Dieu tourne sa vie aux autres, surtout à ceux qui sont les derniers de la société. C’est ce que la parabole de l’Évangile veut nous faire comprendre.
Jésus présente à ses disciples un propriétaire spécial dont la compréhension dépasse notre entendement car il ne se soucie pas de son revenu mais du drame des sans-emplois, des gens sans travail fixe pour vivre en dignité, des gens sans lendemain. «Pourquoi êtes-vous restés là, toute la journée, sans rien faire?» (Mt20, 6) C’est un maître plein de bonté qui favorise les plus pauvres, il voit leur misère. Il met les derniers les premiers et tous sont traités à égalité. «Le maître de la vigne dit à son intendant: Appelle les ouvriers et distribue le salaire, en commençant par les derniers pour finir par les premiers.» (Mt20, 8) Pour lui, ce sont les plus pauvres qu’il faut servir d’abord car ils n’ont rien, ce sont les premiers à manger sinon le pire peut arriver. Est-ce que c’est de cette manière que nos sociétés voient les pauvres ou ce sont les riches qui se servent d’abord?
Le but de cette parabole est de nous parler de Dieu et de son amour. Son regard va d’abord aux pauvres, aux exclus, ceux qui se sentent les derniers, ceux qui sont au bas de l’échelle de nos sociétés. Ceux qui n’ont personne pour s’occuper d’eux. Malheureusement, ils sont très nombreux et leur chiffre grandit chaque année. Nous voyons donc un Dieu qui introduit tout le monde à son bonheur, pour faire partie ou travailler dans son domaine. Dieu est donc ce maître qui passe tout son temps à sortir pour aller au devant de ceux qui sont dehors; il sort même à toutes les heures sachant bien que ces embauchés à la dernière heure ne feront pas grand-chose! Il veut que son domaine soit celui des hommes. En Jésus Christ, il est difficile de concevoir Dieu sans les hommes. Notre existence est en Dieu, une vie ratée est une vie sans Dieu, celui qui est en dehors de son domaine est en difficulté, il n’y a vraiment personne qui s’occupe de lui, il est dans l’air.
Jésus nous a montré un Dieu qui répand ses bienfaits sur tous. Chacun a sa part en Dieu. Dans le domaine de Dieu, il n’y a pas de privilégiés. «Quand vint le tour des premiers, ils pensaient recevoir davantage, mais ils reçurent, eux aussi, chacun une pièce d’un denier.» (Mt20, 10) Ce maître est vraiment honnête. D’ailleurs, seuls les ouvriers de la première heure ont été engagés en sachant quel sera leur salaire «Un denier c’est-à-dire une pièce d’argent.» (Mt20, 2) Il promet aux embauchés de neuf heures ce qui est juste, et aux derniers rien du tout. Ce récit est loin d’être un modèle d’un exemple social, il est sur un autre niveau, celui de la générosité et de la bonté de Dieu qui sont sans limite. Notre amitié avec Dieu n’a rien en rapport avec ce que nous faisons. Dieu nous surprend toujours, ses calculs ne sont pas comme les nôtres, ses considérations sont uniques. Celui qui veut accuser Dieu se heurte à une grande difficulté. «N’ai-je pas le droit de faire ce que je veux de mes biens? Ou alors ton regard est-il mauvais parce que moi, je suis bon?» (Mt20, 15)
Dieu nous traite de la même manière, nous sommes tous ses fils et ses filles. Il veut notre bonheur, que personne ne soit en dehors de lui. Il va à la recherche de ceux qui s’écartent de son domaine. Il nous approche avec bonté et compréhension. Il nous adresse tout simplement une invitation à laquelle nous sommes libres d’accepter ou de refuser. Seuls les ingrats ne comprennent pas son amour envers les autres. Ceux qui sont loin de l’amour ne comprennent pas sa miséricorde. Les inégalités sont une affaire des hommes. Malheureusement cet amour de Dieu n’est pas celui des hommes. Il manque d’amour entre les ouvriers. Ces derniers créent des différences, les uns cherchent plus davantage dans ce qui ne leur appartient pas. Dieu nous donne sa vie, nous aussi cherchons à donner notre vie à ceux qui en ont besoin pour vivre heureux. Ainsi notre vie deviendra une action de grâce à Dieu qui veut le bonheur de tous.