Dimanche A24
Depuis toujours des relations entre les gens ont été tendues. Malheureusement des voisins, des frères et sœurs se regardent souvent en chiens de faïence. Dans l’AT, la morale du peuple de Dieu s’est améliorée petit à petit jusqu’à la recommandation d’un apaisement entre les gens. «Rancune et colère, voilà des choses abominables où le pécheur est passé maître.» (Si27, 30) Un manque d’amour envers les autres n’était pas digne aux fils d’Israël où la fraternité était la recommandation du Créateur qui cherchait la communion universelle à partir d’eux. Malgré tout, les israélites se comportaient comme les autres, ils étaient particuliers quant à leur foi en Dieu mais ils étaient en conflit individuellement ou familialement. Entre eux, il y avait des ennemis, l’assassinat, la fratricide et d’autres formes d’animosité étaient présentes chez eux. Mais les Sages leur rappelaient de ne pas se venger car c’était à Dieu qu’appartenait la réaction envers celui qui faisait du mal à son prochain. «Celui qui se venge éprouvera la vengeance du Seigneur.» (Si28, 1)
La vengeance envers un frère était pour un israélite un frein dans sa relation avec le Seigneur. «Si un homme n’a pas de pitié pour un homme, son semblable, comment peut-il supplier pour ses péchés à lui?» (Si28, 4) Chaque fois que nous nous mettons en colère avec quelqu’un nous nous fermons à l’amour de Dieu et nous nous empoisonnons nous mêmes. Sans le pardon demandé et le pardon donné, c’est le cri des armes qui s’entend et les conséquences deviennent énormes pour toute la communauté. Avoir pitié de l’autre plaît vraiment à Dieu. Saint Paul va très loin en considérant chacun comme une propriété réservée de Dieu «Nous appartenons au Seigneur.» (Rm14, 8) Ce que nous faisons à notre frère ou à notre sœur, c’est au Seigneur que nous le faisons. En aimant l’autre, c’est le Seigneur que nous aimons, en haïssant l’autre c’est finalement le Seigneur que nous haïssons.
Il faut comprendre l’autre mais un problème se pose; il y a ceux qui ne s’améliorent pas et qui multiplient sans arrêt les fautes envers leurs semblables. Cela agaçait Pierre qui voulait bien faire et suivre l’enseignement de Jésus. Dans l’Évangile, il pose une question à Jésus. «Seigneur, lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner? Jusqu’à sept fois?» (Mt18, 21) Il faut comprendre ici la préoccupation de Pierre. On peut se décourager par un comportement de l’autre qui envenime toujours sa relation avec les autres. Pour Jésus, il faut pardonner l’autre «Jusqu’à soixante-dix fois sept fois.» (Mt18, 22) C’est à-dire indéfiniment.
Quand nous pardonnons, le premier qui en bénéficie c’est celui qui pardonne. Souvenons-nous de la prière des enfants de Dieu «Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.» Pour illustrer son enseignement, Jésus raconte la parabole du serviteur impitoyable. Son sort a été dur à cause de son manque de pitié envers son compagnon qui lui devait quelque misère «Cent pièces d’argent» (Mt18, 28) alors que son créancier lui a laissé une somme considérable de «Dix mille talents c’est-à-dire soixante millions de pièces d’argent.» (Mt18, 24) Pour bien comprendre la générosité qu’on lui a faite, il devait à son maître presque un salaire de seize mille hommes durant dix ans et on lui devait un salaire d’un homme durant trois mois. Ceux qui peuvent comparer faites ce travail pour comprendre le cœur de ce serviteur. Le serviteur impitoyable a été remis de sa dette à cause de sa supplication mais inversement il a été incapable d’écouter les supplications de son débiteur. Il ne l’a pas considéré comme une personne, il l’a négligé, il veut son dû qu’il considère plus important que son compagnon. Alors que le maître vit avec son serviteur une relation de gratuité, ce même serviteur vit le donnant-donnant avec son compagnon. C’est ainsi que Jésus enseigne Pierre sur le pardon. Le pardon n’est pas une simple remise de dette, un acquittement, il est l’expression d’un amour gratuit; il est une grâce.
Le pardon n’est pas un dû à réclamer à Dieu, il est un don à accueillir. Le pardon n’a pas de prix, il est donc une gratuité. Il y a des choses irremboursables. J’ai assisté une à une scène qui ne me quittera jamais. Une femme « Marie-Thérèse » qui a pardonné à un voisin qui a assassiné son mari et ses 4 enfants. Dans ce cas, ce n’est pas à cet homme seulement qu’elle a pardonné mais à toute sa famille qu’elle considérait assassin des siens. Marie Thérèse n’a rien réclamé, elle voulait seulement vivre en paix en elle mais aussi avec ses voisins les plus proches. Elle a gagné la concorde et la paix, ainsi elle vit sans cauchemar d’être entourée par ceux qui peuvent lui faire du mal. La vie s’est reconstituée petit à petit car l’assassin de sa famille a été libéré puisque peu après sa peine a été réduite en demandant, lui aussi, pardon de son acte ignoble. Ces deux familles sont un modèle de réconciliation et de pardon.