Dimanche 26 A
Sur le plan communautaire et individuel, la vie est dans l’avenir et ce dernier se prépare dans le présent. La vie heureuse demande un engagement sérieux et total. Il ne faut pas accuser personne, tout est entre nos mains. Nous devons bien agir et revoir nos actes afin de nous corriger à temps sinon, il peut être tard. «Si le juste se détourne de sa justice, commet le mal, et meurt dans cet état, c’est à cause de son mal qu’il mourra.» (Ez18, 26) On peut effacer le bien qu’on a fait et détruire ce qui était son honneur. Ne dit-on pas que Satan était un bon ange? Le bien réalisé doit procurer la force de toujours bien faire. Celui qui aime ne doit pas ne pas aimer, le miséricordieux doit avoir toujours la miséricorde, le juste doit être juste. Si le bien change de camp il devient le mal. Mais mal partir ne signifie pas qu’on ne peut pas se redresser. Dans la personne humaine, il y a toujours une force de redressement. Tout n’est pas déterminé au départ.
Il faut avoir confiance et éviter toute forme de passivité, il ne faut pas s’arrêter au premier échec. Car comme le dit le prophète Ézéchiel «Si le méchant se détourne de sa méchanceté pour pratiquer le droit et la justice, il sauvera sa vie.» (Ez18, 27) Ce prophète fait entendre la responsabilité personnelle. La parole de Dieu s’adresse à tout le monde, mais c’est chacun qui est interpellé. Cela n’enlève pas qu’on a la mission de se soutenir mutuellement dans la vie y compris dans notre cheminement spirituel. Dans sa lettre aux Philippiens, saint Paul revient sur le concours mutuel dans une communauté chrétienne. «Que chacun de vous ne soit pas préoccupé de ses propres intérêts; pensez aussi à ceux des autres.» (Phi2, 4) Notre mission est d’imiter notre Seigneur Jésus Christ qui n’avait aucun grain d’égoïsme, il n’a pas voulu se recroqueviller sur ce qui était propre qu’en lui seul. «Ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur.» (Phi2, 6-7) Sommes-nous vraiment préoccupés pour les autres ou nous ne prêtons l’oreille qu’en nous seuls ? Il faut savoir abandonner nos soucis et se soucier de ceux des autres. Il faut prêter l’attention à ce que l’autre dit. Il faut savoir changer de camp, c’est cela se convertir.
Dans l’Évangile, Jésus met en garde ceux qui ne se sont pas repentis pour croire la parole de Jean-Baptiste. Il raconte la parabole de deux fils sans citer leurs noms, mais tout simplement le premier et le second. On voit bien qu’un fils symbolise les bons, les gentils et l’autre symbolise les mauvais ou les méchants. Tous les deux sont sur l’autorité d’un père qui donne un ordre à suivre. Dans la vie il ne faut pas vivre comme s’il n’y a pas d’ordre à respecter. Le père s’adresse au premier «Mon enfant, va travailler aujourd’hui à la vigne.» (Mt21, 28) Ici nous voyons la volonté du Père. On ne dit pas ce qui était la préoccupation de son père qui n’allait pas travailler avec son fils. Curieusement son aîné lui répond grossièrement «Je ne veux pas.» (Mt21, 29) C’est une réponse inattendue. Il se comporte mal à l’égard de son père qui n’ajoute rien à cette réaction de son aîné, -peut-être à cause de la liberté que le père accorde à ses enfants. Mais le fils, dans son intérieur change d’avis et «Ensuite, s’étant repenti, il y alla.» (Mt21, 29)
Le changement de son premier fils est formidable. Après avoir chagriné son père, ce fils se repend et s’engage à faire ce que son père lui a demandé. Après le refus du premier le père se réfugia au second. «Celui-ci répondit: «Oui, Seigneur!» et il n’y alla pas.» (Mt21, 30) L’attention de Jésus n’est pas sur le père mais sur ces deux fils de l’Evangile. Devant la volonté de ce père, celui qui lui a promis de bien faire n’a rien fait et celui qui lui a répondit négativement s’est corrigé pour bien faire. Il faut savoir que Jésus s’adressait aux chefs des prêtres et aux anciens, c’étaient à eux que symbolisait le second fils qui soignait son apparence devant le père. Pour Jésus, le premier fils symbolise les publicains et les prostitués. «Car Jean le Baptiste est venu à vous sur le chemin de la justice, et vous n’avez pas cru à sa parole; mais les publicains et les prostituées y ont cru.» (Mt21, 32) Mais actuellement, les visés de cet Évangile ce sont les fidèles qui oublient que la conversion est de jour en jour.
Nous devons nous convertir en faisant correspondre notre désir et notre action. Les belles paroles ou les belles pensées ne peuvent suffire. Ce sont des actes qui comptent et non seulement des intentions. Nos actes doivent répondre à la volonté de Dieu qui se manifeste dans sa parole qui doit nous guider. Car trop souvent dans notre prière nous demandons à Dieu de s’accorder à notre volonté. Nous disons oui à Dieu sans rompre avec nos choix et nos habitudes, ainsi nous ressemblons fort bien au deuxième fils de la parabole. Nous devons interroger notre intérieur pour voir si notre choix est correct et se repentir, au cas contraire.