8e dimanche du temps ordinaire C
Frères et sœurs,
« Qu’as-tu à regarder la paille qui est dans l’œil de ton frère, alors que la poutre qu’il y a dans ton œil, tu ne la remarques pas ? » Telle est la question fondamentale que Jésus nous pose en ce 8e dimanche du temps ordinaire de l'année C. L’image utilisée est bien forte car elle dénonce l’attitude hypocrite que nous affichons parfois à l’égard de nous-mêmes et les accusations faciles que nous formulons contre les autres. Nous aimons souvent entrer dans les détails de la vie des autres pour y déceler la moindre erreur afin de la grossir ; alors que nous fermons les yeux sur nos propres manquements qui peuvent être plus sérieux que ceux de notre prochain. Nous nous montrons souvent trop durs, moins tolérants, très critiques, très sévères envers les autres : c’est très scandaleux ce qu’ils font, c’est trop grave, ce n’est pas possible. Mais quand c’est nous, nous oublions de voir nos propres défauts et nos péchés, nous refusons de nous examiner en trouvant des prétextes et des excuses. Un tel refus nous rend aveugle ; et être aveugle, c’est demeurer dans le péché. Et le péché conduit à la mort comme nous le dit Saint Paul dans la deuxième lecture.
Il y a ici un appel à dépasser nos préjugés et à avoir un regard constructif, positif, bienveillant envers les autres. Un regard qui ne juge pas mais qui est plein de compassion et de miséricorde comme celui de Jésus. C’est aussi un appel à nous regarder nous-mêmes afin de reconnaître nos péchés, au lieu de s’ériger en donneur de leçons de morale, et ainsi nous mettre sur le chemin de la conversion.
L’auteur du livre de Ben Sirac, le Sage dit dans la première lecture que c’est par ses propos qu’on voit les petits côtés de l’homme, car c’est la parole qui fait connaître les sentiments. Et dans l’évangile, Jésus affirme que : « ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur ». Jésus nous trouve aussi faux lorsque nous cherchons à donner des leçons de morale à d’autres en prétendant enlever la paille de leur œil.
Dans l’évangile de dimanche dernier, Jésus nous invitait à ne pas juger les autres mais plutôt à prier et à bénir même les ennemis et ceux qui nous offensent. Ailleurs, Saint Jacques nous invite à faire attention à l’usage de la langue. Il nous revient toujours de contrôler ce qui sort de notre bouche.
Par-delà l’œil et la bouche, c’est finalement le cœur lui-même qu’il faut purifier. Car lorsque le cœur est bon, il rend aussi lui bon et lui permet de porter de bons fruits. Mais abandonné à lui-même, le cœur peut devenir mauvais et ne produire que de mauvais fruits. Et notre cœur ne peut produire de bons fruits que lorsqu’il est uni à Jésus. En effet, Jésus dit dans l’Evangile de saint Jean qu’en dehors de lui nous ne pouvons rien faire, tout comme le sarment ne peut porter du fruit lorsqu’il est séparé de la vigne. Voilà pourquoi Jésus nous invite à demeurer dans son amour afin de porter beaucoup de fruits. Il s’agit ici du fruit que suscite en nous l’Esprit, notamment : « l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la foi, la douceur et la maîtrise de soi » (Ga5, 22). Œuvrons donc à rester unis à Jésus afin que son Esprit nous aide à témoigner de notre foi par les bons fruits qu’il nous donnera de produire.
Dans la 2e lecture, Saint Paul nous invite à rendre grâce à Dieu parce qu’en Jésus, mort et ressuscité, il nous donne la victoire sur le péché et sur la mort. Si donc nous demeurons en lui, il nous aidera à être fermes et inébranlables pour prendre une part toujours plus active à l’œuvre du Seigneur ; car la peine que nous nous donnons ne sera jamais stérile, comme nous le dit encore saint Paul dans la 2e lecture.
A la lumière de la Parole de Dieu de ce dimanche, demandons au Seigneur de purifier notre regard, notre bouche et notre cœur afin qu’ils nous aident à nous sanctifier et à édifier les autres. Amen