Homélie du 22 mars 2020

  Chers paroissiennes / paroissiens,

  J’ai célébré tout à l’heure la messe pro populo dans l’église de Pont-Sur-Yonne, où tous ensemble nous avions l’habitude d’offrir à Dieu le culte dominical. En face de moi, les chaises étaient vides, mais mon cœur était rempli de votre présence.

  Depuis ce temps du confinement qui dure déjà une semaine, nous avons redécouvert la dimension fraternelle d’une communauté chrétienne. C’est donc une occasion pour nous de remercier le Seigneur de nous avoir fait don de cette communauté paroissiale à laquelle nous appartenant. Chacun est pour l’autre un don de Dieu.

  Eloignés les uns des autres par le confinement, nous brulons du désir de nous retrouver autour de l’autel du Seigneur pour unir nos voix et chanter sa louange. Si cela n’est pas encore possible physiquement, continuons à prier les uns pour les autres. Le désir est d’autant plus pressant qu’en ce quatrième dimanche – mi-carême, la liturgie nous invite à la joie : " Réjouissez-vous avec Jérusalem, exaltez à cause d’elle vous qui l’aimez ! Avec elle soyez pleins d’allégresse, vous tous qui portiez son deuil ! Ainsi vous serez nourris et rassasiés de l’abondance de sa joie (Is 66, 10-11) ".

  Mais commet exulter de joie en ces jours difficiles ? Ces paroles du prophète Isaïe auraient étaient les bienvenues, si l’on nous annonçait la fin de la pandémie du Covid- 19 et la sortie du confinement.

  Cependant pour nous chrétiens, elles sont actuelles, parce que la foi c’est la ferme assurance des choses qu’on espère, une démonstration, de celles qu’on ne voit pas (He 11, 1-2). Car c’est en espérant que nous sommes sauvés (Rm 8,24). Nous pouvons donc espérer que par la grâce de notre Seigneur Jésus Christ, arriveront bientôt ces jours de bonheur ou nous serons libérés de cette dure épreuve.

  L’exemple de l’aveugle né dans l’évangile de ce jour nous permet de l’espérer.  En effet sa situation était désespérée puisqu’il est né aveugle. Aucune forme de médecine ne pouvait donc le faire sortir de cette dure épreuve, qu’il vivait avec ses parents. En plus, ceux qui le voyaient, le jugeaient en pensant que Dieu l’avait puni parce que ou lui ou ses parents avaient commis beaucoup de mal.

  L’intervention de Jésus, va le justifier et le sortir des ténèbres ou il était plongé depuis sa naissance. La guérison de l’aveugle dans l’évangile de saint Jean est un signe. La vue qui est étroitement liée au savoir et à la compréhension des choses, est un élément essentiel dans la vie humaine. Dieu veut que nous voyons les choses, pour les comprendre, les interpréter, les discerner afin que notre agir soit conforme à sa volonté. Notre regard extérieur, est le signe de notre regard intérieur, celui de l’âme qui voit les mystères de Dieu.

  Lorsque les yeux de l’aveugle ont été ouverts, les yeux de son âme se sont ouverts aussi, lui permettant de reconnaitre, l’action de Dieu dans sa vie.  Cependant ces voisins et les pharisiens qui prétendaient tout voir, sont restés aveugles sur l’action de Dieu.

  Frères et sœurs en Christ, bien des choses sont entrain de dérouler devant nous à cause de cette situation. Notre société est en train d’écrire une page de son histoire. Les chrétiens doivent y prendre part avec les yeux de chair et les yeux de l’âme. Autrement dit avec un regard humain et un regard de la foi. C’est ainsi que nous comprendrons, comment les œuvres de Dieu se manifestent en nous et dans le monde.

  En revenant d’avantage à la Parole de Dieu, et aux prétextes de l’Eglise, nous comprendrons mieux les mystères de la vie humaine et nous pourrons mieux l’affronter avec la sérénité de la foi. 

Concluons notre méditation par cette prière :

 " Délivre nous de tout mal Seigneur et donne la paix à notre temps. Par ta Miséricorde libère du péché. Rassure-nous devant les épreuves, en cette vie où nous espérons le bonheur que tu promets et l’avènement de Jésus Christ notre sauveur. Car c’est à Toi qu’appartient le règne la puissance et la gloire pour les siècles des siècles. AMEN ".

P. Samson KANTOUSSAN, Curé