Eglise Notre Dame de Pont sur Yonne — 1. Paroisse Saint-Louis

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Eglise Notre Dame de Pont sur Yonne

On peut dire de l’église de Pont sur Yonne qu’elle est certainement l’une des églises gothiques les plus anciennes de France, comme la cathédrale de Sens est la première cathédrale gothique jamais construite en France.

(Extrait des notes prises à l’occasion de la visite guidée de l’église N.D. de Pont- sur- Yonne le dimanche 13 septembre 2009, par M. Alain VILLES conservateur en chef du patrimoine)

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Présentation historique

On peut dire de l’église de Pont sur Yonne qu’elle est entièrement gothique et certainement l’une des églises gothiques les plus anciennes de France, comme la cathédrale de SENS à 10km de Pont est la première cathédrale gothique jamais construite en France. On peut les dater toutes les deux de la même époque de construction, à savoir la fin du XIIème siècle, entre 1162 et 1169.

Ce sont les chanoines de Sens qui en ont financé la construction, tout au moins celle de l’abside qui était dès lors leur propriété. Hugues de Toucy était en 1162 évêque de SENS, lors de la construction de la cathédrale. C’est son successeur Guillaume de Champagne qui vient à Pont en 1169 pour inaugurer le maître-autel de l’abside et dédicacer l’église à Notre-Dame.

Il s’agit d’une construction importante qui était pour les chanoines un moyen d’asseoir leur pouvoir sur une paroisse dont ils percevaient les revenus, mais aussi un moyen d’assurer le contrôle et la sécurité de Sens et du royaume, en raison de l’emplacement stratégique de Pont sur Yonne , le long d’une voie d’eau navigable qui dessert l’île de France et la Bourgogne, deux régions riches et rivales, et situé sur la route de Nemours au carrefour de voies menant en Champagne et en Gâtinais,

On ne connaît pas le nom de l’architecte mais de nombreux détails laissent à penser qu’il s’agit du même architecte que celui de la cathédrale.

En 1553 les calvinistes font le siège de Pont et saccagent l’église consacrée à Notre-Dame. Mais curieusement la statue de la Vierge au trumeau du porche est épargnée. A cet égard les guerres de religion ont fait de gros dégâts qu’on impute parfois à la révolution française. En particulier le mobilier et les vitraux ont disparu avant la révolution.

En 1525 l’église est achevée dans son état actuel .

 


Notre Dame de Pont sur Yonne au trumeau du portail d’entrée

Description de la construction

Le chevet ou abside


Il est à 7 pans dits pans d’abside : 5 au centre disposent d’une ouverture et 1 plus large, de part et d’autre, est muré. Les 5 baies simples ou lancettes sont surmontées chacune d’un arc formeret cintré de type normand. Les chapiteaux à motifs simples et à gros tailloirs (plateau polygonal qui couronne le chapiteau) sont d’origine et de premier ordre, car exécutés par un sculpteur de talent. On admirera aussi le profil des bases rondes des colonnettes.

Le maître-autel


Il s’agit de celui qui se situe au fond de l’abside sur lequel a été placé fin XVIIIème une statue de la Vierge qui a remplacé celle d’avant la révolution. Il reste des éléments du XVIème comme ces motifs évoquant la vigne ce qui correspondait à l’activité agricole de l’époque dans la région.

Les chapelles carrées (de part et d’autre du chevet)


Elles jouent un rôle par leur poids dans la bonne tenue de la voûte de l’abside. Elles-mêmes n’ont pas de contreforts ce qui témoigne de la maîtrise des constructeurs (le chaînage en pierres est visible de l’extérieur).

Le transept


Datant du début du XIIème il est (à la différence des grandes arcades de la nef) en voûte d’arêtes et formé d’arcs en plein cintre. Refait au XVIIIème siècle, on peut noter que les arcs en plein cintre ont été préservés.
Les fenêtres des murs pignons Nord et Sud n’ont été ouvertes qu’au XVIIIème mais l’unité du plein cintre a été sauvegardée.

La nef


Construite comme il était d’usage après le chevet et le transept, en avançant vers le portail (l’ancienne église n’étant démolie que progressivement pour permettre l’exercice du culte à travers le temps), il s’agit d’une nef-halle , c’est à dire que les bas-côtés sont de la même hauteur que la nef.

Mais il n’y a pas d’ouvertures et donc d’éclairage à la hauteur des voûtes et il apparaît bien qu’il n’y en a jamais eu. L’ensemble tient grâce à des murs boutant bas, cachés par la toiture des bas-côtés.

En revanche on trouve bien dans cette nef l’alternance propre au gothique primitif de piliers « forts » et de piliers « faibles » jusqu’à la moitié de la nef, alternance que rappellent les fenêtres des bas-côtés. La seconde partie de la nef a été construite plus tardivement ce qui apparaît très clairement dans les piles régulières et nettement différentes de celles des deux premières travées.

Au centre de la nef il faut admirer la clé de voûte pendante, consacrée à la Vierge, finement sculptée dont il manque un morceau. Elle est datée très précisément de 1525 grâce à l’inscription qu’elle comporte : elle est signée de Jean Moreau.

A la même hauteur, dans le bas-côté sud, on trouve une deuxième clé de voûte pendante, finement sculptée elle aussi, qui date de la même époque.

 

Clé de voute pendante

1525 est la date de l’achèvement de l’église dont la construction d’Est en Ouest s’est poursuivie par la réalisation du portail d’entrée et surtout par celle, imposante, de la tour clocher qui la termine au Sud.

On remarquera enfin de beaux chapiteaux qui laissent apparaître des écus du seigneur de Pont et de la vigne, témoins de la vie locale, de style gothique flamboyant (XIVème siècle) .

La tour clocher et la façade


La façade est peu décorée sinon par cette magnifique sculpture de la Vierge, au trumeau, à hauteur d’homme, qui a résisté aux guerres et au vandalisme.

Deux petits personnages, l’un en costume civil, l’autre en habit religieux soutiennent de part et d’autre l’arc principal du portail d’entrée.

Erigée au XVème siècle la tour clocher, à l’alignement de la façade, termine l’église par le Sud et la domine de sa flèche d’ardoise.

La tour est dotée de deux cloches :, l’une de 1,16m de diamètre (1,050 tonnes) appelée Léone-Edmée baptisée en 1577 ; l’autre de 1,39 de diamètre (1,60 tonnes) appelée Elisabeth-Charlotte baptisée en 1721. Bien que descendues sur ordre des révolutionnaires, les cloches ne seront pas fondues, en raison de l’opposition de la population. Elles seront remontées telles quelles !...

Conclusion

En guise de conclusion, on dispose avec Notre-Dame de Pont sur Yonne d’une église simple mais très homogène et remarquable par ses proportions. Elle est très inspirée de la construction de la cathédrale de SENS, les deux chantiers ayant été concomitants.

Elle n’a pratiquement pas été modifiée depuis sa construction qui s’est déroulée du XIIème siècle au XVIème siècle.