La vie de saint Cyr et sainte Julitte
Fêtés le 16 juin
Selon la tradition des églises orientales, Julitte, noble chrétienne, fuyant les persécutions ordonnées par l’empereur Dioclétien (fin IIIe-début IVe siècle), quitta sa ville d’Iconium (actuelle Turquie) pour celle de Tarse où elle fut cependant arrêtée. Conduite devant le gouverneur du lieu, elle défendit sa foi, fut jetée à terre et battue à coups de nerfs de bœuf.
Son jeune fils, Cyr, proclamait sa fidélité au Christ et griffa le visage du gouverneur qui lui fracassa le crâne sur les marches de sa tribune. Refusant toujours de se soumettre, Julitte fut écorchée vive, ébouillantée, puis décapitée. Les Eglises orthodoxes célèbrent encore aujourd’hui leur mémoire, chaque 15 juillet.
Mais comment expliquer le « succès » de ces deux saints orientaux en Europe ? La plus ancienne source connue, le recueil des « Miracles de saint Cyr et sainte Julitte » composé au Xe siècle par Téterius, chanoine de la cathédrale de Nevers, situe à Auxerre les origines du culte en Europe occidentale.
Téterius raconte en effet que saint Amatre, évêque d’Auxerre (386-418), rapporta d’un pèlerinage en Orient les reliques de Cyr et de sa mère Julitte, acquises à Antioche ; il les déposa dans la basilique auxerroise appelée plus tard Saint-Amatre, où elles furent ensuite dissimulées dans une niche maçonnée, de peur des voleurs ou gens de guerre. Les auxerrois en perdirent peu à peu le souvenir.
Le culte continuait cependant à se répandre dans le pays et la plus ancienne mention de saint Cyr dans notre région concerne notre commune : un monastère fondé sous ce nom y est mentionné dans un document de la cathédrale d’Auxerre de la fin du VIe siècle. Le village, alors appelé Decimiacus, aurait ensuite pris ensuite le nom du saint.
C’est probablement à la même époque (VIe-VIIe siècles) que la cathédrale de Nevers se plaça sous la protection de Cyr et Julitte. Plus tard, sous le règne de Charlemagne (768-814), l’évêque de cette ville, Jérôme, cherchant à acquérir des reliques des saints patrons de son église, aurait obtenu de l’abbaye Saint-Savin-sur-Gartempe (Vienne) le bras de saint Cyr.
Comment était-il parvenu en Poitou ? On imagina alors que saint Savin avait été compagnon de pèlerinage de saint Amatre d’Auxerre, et que ce dernier lui avait laissé une relique . Mais il s’agit là d’une légende. Toujours est-il que la présence d’une relique de saint Cyr dans l’Ouest du royaume explique le culte rendu à l’enfant dans ces régions (Aquitaine, Loire, Bretagne).
Une légende raconte qu’un jour, alors qu’il chassait en forêt, l’empereur Charles-le-Chauve, petit-fils de Charlemagne, fut attaqué par un sanglier furieux ; au même moment lui apparut un enfant tout nu qui lui dit : « Seigneur roi, si tu me donnes un vêtement, je ferai ce que tu demandes » ; Charles promit de le vêtir. L’enfant chevaucha la bête et la retint afin que le roi puisse l’égorger. Revenu en son palais, Charles chercha à interpréter ce rêve et convoqua les évêques du royaume. Seul celui de Nevers en comprit le sens : l’enfant était saint Cyr qui réclamait une tunique, c’est-à-dire une nouvelle église, pour son corps ; dès lors, l’empereur finança la reconstruction de la cathédrale de Nevers .
Vers 935, le mur de la basilique Saint-Amatre d’Auxerre s’écroula « par miracle », révélant les reliques cachées là depuis le Ve siècle ; Tédalgrinus, évêque de Nevers, obtint une partie du crâne de Cyr qui fut enchâssé dans un reliquaire d’or. Mais Auxerre conserva l’essentiel, et les anciens inventaires de la cathédrale mentionnent régulièrement des ossements de Cyr et Julitte. L’origine auxerroise du culte de Cyr et Julitte explique sa forte diffusion en Bourgogne et en région parisienne . Saint « Cirgue », connu en particulier dans le centre de la France, est une variante de saint Cyr.
ICONOGRAPHIE DE SAINT CYR ET SAINTE JULITTE
La tradition représente Julitte tenant d’une main l’épée de sa décapitation et de l’autre son jeune fils qui présente la palme, symbole antique de la victoire devenu signe chrétien du martyre
Saint Cyr est invoqué pour la guérison des enfants malades ; il est également, dans certaines régions, le saint patron des scieurs de long ; cela s’explique probablement par une version de la légende qui le montre scié en deux par ses bourreaux, ou bien par le fait qu’autrefois, « Cyr » se prononçait « Cy » (scie) en patois.
DANS L’ÉGLISE DE SAINT-CYR-LES-COLONS
AU MAÎTRE-AUTEL (BOIS PEINT, VERS 1670) :
Statuette dans la niche de gauche (Julitte tient son fils par la main)
DANS LE TRANSEPT NORD (de gauche) :
Au sol :Julitte tenant Cyr par la main. (Pierre polychrome, XVIIe s.)
Au mur : Julitte, l’épée de la décollation en main, tenant Cyr qui porte la palme du martyre (plâtre, XIXe-XXe siècle)