Le masque et la plume — Diocèse de Sens & Auxerre

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Le masque et la plume

“Aujourd’hui je prends la plume car le masque m’a inspiré !” nous dit Robert Lacroix, aumônier du comité de l’Yonne du Secours catholique.

La Covid-19 ampute notre visage avec le port du masque ! Même notre bouche émet une parole feutrée, illisible sur nos lèvres elles aussi voilées.

Nous voilà masqués !

Mais à la différence de Zorro ce n’est pas pour nous cacher ou pour ne pas être reconnus que nous portons un masque mais c’est pour protéger.

Autrement dit porter ce masque aujourd’hui est un acte d’amour. Le bas du visage dissimulé, n’apparaissent plus que nos yeux, notre regard, comme nous le faisait remarquer une de nos animatrices. Cette période, pour nous, inédite, nous prive de l’expression totale du visage et aussi de notre sens le plus commun : le toucher ! Plus de caresses, plus d’étreintes, plus de bisous !

Mais le regard nous rend présent à l’autre d’une manière propre. Par le regard peuvent se dire bien des choses et même si le reste du visage est masqué notre regard peut exprimer la bienveillance, l’émotion, l’étonnement, la haine, la peine, la joie, le sourire même ! Avec les yeux on pleure et les yeux fermés disent ou le sommeil, ou la méditation ou la mort.

Et avec nos masques si nous regardions l’autre avec le regard de Jésus ? Lui qui regardait les personnes avec bienveillance !

Rappelons-nous, en Mc 10, 21 : “Jésus le regarda et se prit à l’aimer” lors de la rencontre avec l’homme riche. Ou encore son regard porté sur la foule en Mc 8, 2 : “J’ai pitié de cette foule…”. Et si d’aventure notre regard se faisait colère que ce soit à la manière de Jésus (Mc 3, 5) qui montre par là sa peine de voir des cœurs si durs. N’oublions pas non plus le regard de Jésus qui pleure la mort de son ami Lazare (Jn 11,35) ou ses yeux fermés (Lc 8, 23).

Souvenons-nous des guérisons d’aveugles faites par Jésus : celles-ci nous disent l’importance du regard par les yeux certes mais qui peut s’étendre au regard du cœur comme en Jn 9, 39-41 où Jésus traite d’aveugles ceux qui ne croient pas qu’il a guéri l’aveugle-né.
La conversion que Jésus nous propose n’est pas seulement intellectuelle ou théologique elle concerne toutes les composantes de notre personne y compris nos cinq sens. Puisque masque il y a, aiguisons notre regard : regardons les personnes avec douceur, estime, respect et espérance et laissons-nous regarder par le Ressuscité : l’entièreté de son visage nous apparaîtra car lui ne porte pas de masque !

Robert Lacroix, diacre

article paru dans la revue Église dans l'Yonne de juin 2020, page 25