Vingtième méditation : Vendredi 3 avril 2020 — 16. Paroisse Saint-Germain d'Auxerre

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Vingtième méditation : Vendredi 3 avril 2020

À partir du psaume de la messe du jour: Psaume 17 (18), 2-3, 4, 5-6, 7.

TEXTE DE référence

En ce dernier vendredi de carême avant d’entrer dans la Semaine Sainte, nous sommes invités à nous associer à la prière amoureuse du psalmiste qui s’adresse à Dieu en disant «  Je t’aime Seigneur, ma force ». Cette déclaration d’amour n’est pas béate, hors sol, ravie; elle monte d’un cœur qui souffre, soumis à des tourments que nous ne connaissons pas, mais auxquels nous pouvons identifier les nôtres. Quand nous l’entendons dire : « Les liens de la mort m’entouraient, le torrent fatal m’emportait ; des liens infernaux m’étreignaient : j’étais pris aux pièges de la mort », nous sentons résonner en nous les assauts de tout ce qui défigure nos vies et celle de la Création. Son angoisse est la nôtre, ses tourments sont ceux qui nous étreignent aujourd’hui, parce que la voix des psaumes est la voix de l’homme. N’entendons pas seulement le cri d’angoisse qui habite ce chant, mais tendons l’oreille pour percevoir, en nos poitrines comme dans ces mots, le murmure de l’amour qui l’accompagne. On peut aimer en souffrant; on n’aime d’ailleurs jamais vraiment sans souffrir… L’amour de l’homme pour Dieu, quand il est pleinement incarné, porte en ses bras toutes les raisons de ne pas l'aimer. Combien de deuils, combien d’épreuves, combien d’idoles embusquées dans nos âmes, nous barrent la route qui mène vers Dieu? Quand nous dressons les listes de ce qui pourrait nous empêcher de vivre, d’aimer la vie et son auteur, nous sommes comme accablés, mais il suffit d’un regard d’amour pour que tout soit transformé. Rien n’a disparu, les dangers, les absences, les blessures, tout est là, faisant le siège du sens de notre existence et de notre joie, mais ce regard nous assure que nous ne nous sommes pas trompés; notre Espérance n’est pas vaine, nous avions raison de croire que nous étions faits pour le bonheur: Dieu, qui n’est pas un magicien, ne nous extrait pas de ce monde troublé, mais il nous fait traverser le torrent tumultueux de ces temps avec l’assurance que nos combats pour aimer, pour être justes, pour être bons, pour servir la Vérité, ont un sens. « Il entend ma voix: mon cri parvient à ses oreilles ».