Vingt-septième méditation : Vendredi saint, 10 avril 2020 — 16. Paroisse Saint-Germain d'Auxerre

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Vingt-septième méditation : Vendredi saint, 10 avril 2020

À partir de la deuxième lecture de la Célébration de la Passion : Lettre aux Hébreux 4, 14-16; 5; 7-9.

Texte de référence

Jésus est « le grand prêtre par excellence ». Il rassemble en Lui tous les sacerdoces de la Première Alliance et Il inaugure le Sacerdoce nouveau dont parlent les Pères du Concile Vatican II au numéro 10 de la Constitution sur l’Église (Lumen Gentium): « Le Christ Seigneur, grand prêtre d’entre les hommes a fait du peuple nouveau « un Royaume, des prêtres pour son Dieu et Père ». Les baptisés, en effet, par la régénération et l’onction du Saint-Esprit, sont consacrés pour être une demeure spirituelle et un sacerdoce saint, de façon à offrir, par toutes les activités du chrétien, autant d’hosties spirituelles, en proclamant les merveilles de celui qui, des ténèbres, les a appelés à son admirable lumière ».Tous les baptisés portent en eux la mission sacerdotale d’offrir toute leur vie, et celle du monde, dans celle du Christ. Ce que Jésus accomplit en s’offrant sur la Croix n’est pas l’exemple du don de soi, mais le don de soi dans lequel tous les nôtres trouvent bien plus que leur modèle: leur matrice, leur milieu d’émergence et d’accomplissement. Le don que Jésus a fait de Lui-même sur la Croix n’est pas un sacrifice parmi d’autre, aussi grand soit-il; c’est en quelque sorte le cœur battant, par lequel tous nos sacrifices et ceux de tous les temps sont ramenés et diffusés dans les obscurités du monde, à la manière du sang qui est pompé dans et par le cœur pour être expulsé jusqu’aux extrémités du corps. En effet, la grandeur de la Croix n’annule pas la valeur de tous nos sacrifices mais elle les élève en elle, vers des hauteurs qu’ils n’auraient jamais atteintes en dehors d’elle. Jésus est Celui qui donne du sens à tous et à tout, même là où il n’y en a jamais eu… La mort qui a été semée dans le monde par l’adversaire et par le péché, était bien la réalité dans laquelle Jésus, Vie-faite-homme, n’aurait jamais dû descendre tant cette mort était son antonyme ; pourtant Il a consenti à la visiter, par la Croix, pour rejoindre le plus abandonné des défunts et donner à sa mort le sens que celle-ci ôtait à sa vie. Pour comprendre cet échange merveilleux, donnant du sens à la mort alors que celle-ci s’acharne à rendre insensées nos vies, il faut entendre ces autres mots issus de ce même extrait de la Lettre aux Hébreux: « Le Christ, pendant les jours de sa vie dans la chair, offrit, avec un grand cri et dans les larmes, des prières et des supplications à Dieu qui pouvait le sauver de la mort, et il fut exaucé ». Dans sa supplication, ses prières, dans le grand cri qu’est sa vie terrestre, du cri de la crèche à celui de la Croix, Jésus rassemble toutes nos prières, nos vies, nos espérances d’être sauvés de la mort… et là où nous croyons voir l’échec de cette prière, l’abandon de Dieu, le Père exauce, bien plus largement que tout ce que nous aurions pu l’imaginer: le Père n’a pas sauvé Jésus de la mort si nous pensons qu’ « être sauvé »  signifie « être dispensé de mourir »; si au contraire, nous regardons avec les yeux de la foi, nous comprenons que Dieu n’est pas un magicien charlatan qui promet à des adeptes d’éviter les malheurs, les maladies et la mort, mais qu’Il est le Dieu sauveur qui fait traverser le malheur, la maladie et la mort à ses enfants pour les conduire vers la Vie éternelle. En nous sauvant, Jésus donne même du sens à ce qui aurait pu nous anéantir et qui ne sera à la fin que le chemin sombre par lequel nous aurons rejoint la lumière.