Vingt-quatrième méditation : mardi saint, 7 avril 2020 — 16. Paroisse Saint-Germain d'Auxerre

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Vingt-quatrième méditation : mardi saint, 7 avril 2020

À partir de l’Évangile de la messe du jour : Jean 13, 21-33. 36-38.

Texte de référence

Saint Jean nous dit qu'au cours du dernier repas que Jésus prenait avec ses disciples, il fut « bouleversé en son esprit ». Le bouleversement, nous le connaissons bien! Cette réalité qui, d’un coup d’un seul, nous fait basculer en nous-même, nous fait perdre pied dans les équilibres les plus intimes de notre conscience. Être bouleversé, c’est bien plus qu’être ému ou troublé, c’est être renversé en soi-même. Comment pourrions-nous comprendre ce bouleversement qui atteint Jésus alors qu’il entre dans sa Passion? L’évangéliste nous indique, au fil de son récit, que rien de ce qui arrive à Jésus dans ces heures qui le conduisent à la Croix n’est du domaine de l’anecdotique ou de l’accidentel: tout ce qui survient concentre, comme une sorte de mystérieuse cristallisation, toute l’histoire du monde. Et si la trahison de Judas et l’abandon de Pierre nous apparaissent souvent comme des douleurs secondaires comparées à celle, principale, des souffrances physiques endurées par le Fils de l’Homme, elles nous sont présentées ici comme la terrible porte d’entrée dans les ombres que Jésus doit vaincre. La trahison et l’abandon de ceux en qui Il a placé sa confiance et son Amitié, n’est ni anecdotique, ni secondaire: elle est peut-être même l’expression la plus violente du mystère du mal. Bien évidemment Pierre, que nous aimons tant, sera pardonné et restauré par le Ressuscité; quant à Judas, sa mort nous empêche de comprendre ce qu’aura été son chemin de perdition ou de rédemption; ce chemin est en Dieu seul... Mais la suite de l'histoire des deux hommes n’efface en rien cet épisode terrible qui a dû transpercer le cœur du Christ bien plus profondément que la lance du soldat romain: l'un de ses amis, Judas, l’a trahi, un autre, Pierre, l’a renié trois fois, tous les autres l’ont abandonné. Dans sa Passion, Jésus rassemble non seulement les souffrances que tous subissent dans leur chair, mais encore la terrible expérience de la rupture d’amour qui est secrètement à l’origine de toutes les autres formes de souffrance. Dans le jardin de la Genèse, dans le Paradis des premiers jours, le péché de l’homme, qui est rupture de la confiance en Dieu, nous était déjà présenté comme l’origine des maux de ce monde… Ici, dans le repas du dernier soir, une fois encore, le déchainement du mal est rendu possible par la trahison de la parole et par le mensonge égoïste. En ces jours, demandons à Dieu qu’Il travaille nos âmes et nos corps pour que nous soyons des êtres de parole et de sincérité.