Vingt-neuvième méditation: Résurrection du Seigneur, dimanche de Pâques, 12 avril 2020 — 16. Paroisse Saint-Germain d'Auxerre

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Vingt-neuvième méditation: Résurrection du Seigneur, dimanche de Pâques, 12 avril 2020

À partir de l’Évangile de la messe du jour : Jean 20, 1-9.

Le Christ ressuscité aux dimensions de l’Univers, Matthias Grünewald, Retable d’Issenheim, vers 1512.

Texte de référence

Deux disciples qui courent à l’annonce d’une nouvelle impossible rapportée par une femme… C’est le matin de Pâques et la pierre a été enlevée du sépulcre à la surprise de tous. Pierre et Jean arrivent au lieu de l’absence, chacun à leur tour, au gré de leurs capacités physique. Jean, à la porte, se penche sans entrer; Pierre, quant à lui, sitôt arrivé, entre et contemple la pierre sur laquelle reposait Jésus, ainsi que les linges posés à plat, et le suaire qui avait entouré la tête de Jésus roulé à part. L’Evangile nous dit, en parlant de Jean: « Il vit et il crut » sans rien nous dire de ce qu’il en fut pour Pierre à cet instant. Un seul tombeau, un seul matin, une seule absence, la pierre nue, des linges sans corps, une mort sans victoire… et deux hommes. Aussi unis soient-ils dans la suite de Jésus et dans la foi qu’il a fait naître en eux, ils ne réagissent pas de manière identique. Il y a là quelque chose d’extraordinaire: Dieu a voulu que la Résurrection ne soit pas de l’ordre d’une vérité évidente à accepter, mais de l’ordre d’un mystère qu’on ne saisira jamais dans sa totalité, qui apparait en creux, dans l’absence, et qui portera des fruits unique en chacun de ceux qui s’en approchent. L’un restera toute sa vie à la porte du tombeau à regarder pour comprendre sans jamais oser entrer et se dire croyant, un autre entrera de plein pied dans la foi pour comprendre et n’aura jamais fini de s'interroger, d’autres croiront sans les risques et les trésors du doute qui stimule autant qu’il inquiète…Les relations qui unissent chacun d'entre nous au Ressuscité ne sont ni comparables, ni quantifiables. Si cent personnes étaient entrées dans le tombeau ce matin-là, il y aurait eu autant de fleurs de foi que d’enracinements dans l’ombre du tombeau. Nos vies sont toutes enracinées dans la terre de ce sépulcre vide, et Dieu attend de nous tous des floraisons infinies.

Bonne fête de Pâques à chacun ! 

Le Christ est ressuscité; Il est vraiment ressuscité! Alléluia!

P Arnaud Montoux

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La contagieuse Résurrection !

Pour un dimanche de Pâques qui n’est pas comme les autres, je n’ai pas pu m’empêcher de me demander : Comment une telle nouvelle pourrait encore nous contaminer et nous toucher en plein confinement, plus de deux mille ans après ? Trois raisons sont derrières une telle incubation : Partons de la première lecture sur la visite de Pierre à Corneille, nous pouvons nous douter facilement que l’Esprit y est pour quelque chose ! C’est Lui qui est derrière la contamination de ce païen par la Bonne Nouvelle ! Pour que l’Apôtre aille au-delà de ses certitudes et ses solides convictions et ouvre large les frontières de l’Evangile afin que « quiconque croit en lui reçoive par son nom le pardon de ses péchés », cela prouve qu’un miracle s’est accompli déjà en lui. La résurrection de son maître l’a transformé. Oui, c’est l’Esprit qui nous fait sortir de tout ce qui nous confine et nous enferme spirituellement pour aller répandre la joie contagieuse de la Libération.

Dans la deuxième lecture, saint Paul nous annonce que paradoxalement, c’est « le Pain Azyme, non fermenté », notre Agneau Pascal qui est en train de fermenter la pâte, l’humanité toute entière. Depuis un mois, nous communions spirituellement à ce Pain Azyme et nous le laissons-nous fermenter dans la retraite, le manque et l’attente.  Dans l’espoir que, quand un jour, les pierres tomberont, nos portes d’églises se rouvriront et nos communautés se réuniront, nous apparaîtrons au monde transformés et transfigurés. Ainsi sa Lumière pourra se refléter sur une multitude, touchera et attirera des nouveaux « aventuriers ». Oui, rien n’a le même attrait que le rayonnement de transformation individuelle et communautaire profonde.

Pour finir avec l’évangile, c’est Marie Madeleine qui répand la Nouvelle. Elle court et « contamine » Pierre et Jean avec son étonnement. C’est elle qui les a faits bouger et courir vers le tombeau vide. Ce qui me frappe le plus dans l’attitude de cette femme, première témoin de l’aube de l’humanité nouvelle c’est qu’elle ose annoncer ce qu’elle ne comprend pas encore parfaitement. Oui, nous aussi, n’attendons pas de tout comprendre pour laisser le monde être touché par la Résurrection. Comme le dit saint Anselme, pour se laisser contaminer par ce mystère : « Il ne faut pas comprendre pour croire mais croire pour comprendre ». Pour saint Jean, si nous n’avons comme pièces à convictions que quelques « linges posés à plat », c’est parce que la résurrection est essentiellement un chemin, une vie, un parcours. Ou plutôt des chemins qui se croisent. D’où sa contagiosité!

P Charbel Attallah