Vingt-huitième méditation : Samedi Saint au soir, 11 avril 2020 — 16. Paroisse Saint-Germain d'Auxerre

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Vingt-huitième méditation : Samedi Saint au soir, 11 avril 2020

À partir de l’Évangile de la Veillée pascale: Matthieu 28, 1-10.

Texte de référence

« À l’heure où commençait à poindre le premier jour de la semaine »… Nous sommes à cette heure! Bien sûr nous sommes le soir et nous avons l’impression de nous enfoncer dans la nuit, mais les cloches sonnent et la nuit noire est transpercée par l’annonce de cette aube pascale. Les femmes qui arrivent au tombeau sont elles aussi plongées dans une véritable obscurité, sans doute plus profonde encore que les ténèbres de la nuit. Elles voient poindre le jour à l’horizon, pourtant elles ne viennent pas pour constater la Résurrection, mais « pour regarder le sépulcre »; elles viennent pour faire leur deuil. Par ailleurs, la terre tremble et elles doivent être terrifiées par la vision de l’ange qui avait « l’aspect de l’éclair », puisqu’il leur dit: « Vous, soyez sans crainte ! » À côté du tombeau, les gardes nous sont décrits comme pétrifiés de crainte, tremblants et devenus « comme morts », mais les femmes ne doivent pas être loin de leur état. Ce qui advient est si impensable, si terrible. Malgré le petit jour, ces visiteuses de tombeaux sont intérieurement dans la nuit, une de ces nuits qui ne sont pas cantonnées à certaines heures chronométriques; il y a en effet des nuits très profondes cachées par le plein jour, et ce sont celles-ci en particulier, que la Bonne Nouvelle vient percer. En cet instant, cette Bonne Nouvelle prend la forme d’un détournement: L’ange s’adresse aux femmes en leur disant : « Je sais que vous cherchez Jésus le Crucifié. Il n’est pas ici, car il est ressuscité, comme il l’avait dit. Venez voir l’endroit où il reposait. Puis, vite, allez dire à ses disciples : ‘Il est ressuscité d’entre les morts, et voici qu’il vous précède en Galilée ; là, vous le verrez.’ Voilà ce que j’avais à vous dire ». Là où nous croyons pouvoir trouver la lumière, la solution à nos problèmes, sous la forme que nous pensons connaître, nous trouvons souvent le vide, l’absence, comme un signe qui nous renvoie plus loin… Dieu nous attend, au-delà de nos habitudes et de nos tombeaux scellés pour nous renvoyer vers les autres, comme ces femmes, encore fragiles dans leur foi et pourtant déjà habitées par la Joie. Ce n’est pas dans la régurgitation permanente de nos doutes ou de nos expressions de foi mâchées à mille reprises, que nous grandirons dans notre être-chrétien, mais c’est dans l’Annonce d’un Mystère qui nous dépassera toujours, et que nous connaissons mieux dans chaque acte missionnaire et aimant. Fragiles porteurs de la Résurrection, souvenons-nous de ces femmes qui quittèrent le tombeau en grande hâte sans avoir bien démêlé en elles la crainte et la joie, sans avoir fait la part de ce qui est établi et de ce qui est à peine naissant. C’est dans ce trouble, parfumé du souffle de l’Esprit Saint, que le Père nous envoie comme missionnaires du Ressuscité.