Trentième méditation: Lundi dans l’Octave de Pâques, 13 avril 2020 — 16. Paroisse Saint-Germain d'Auxerre

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Trentième méditation: Lundi dans l’Octave de Pâques, 13 avril 2020

À partir de l’évangile de la messe du jour: Matthieu 28, 8-15

texte de référence

Les femmes quittent le tombeau pour rejoindre les disciples dans la ville; elles partent avec leur crainte et leur joie entrelacées, elles ne savent pas, elles ne comprennent pas, mais elles sont portées par l’élan du Ressuscité. Or, voilà que Jésus « vient à leur rencontre ». Cette expression, plus encore que le vocabulaire de l’apparition, dit l’attitude de Dieu: Il ne surgit pas devant elles, dans une immuable grandeur, il n’est même pas question des signes éclatants qui furent ceux de la Transfiguration (Mt 17, 1-8); Jésus vient simplement « à leur rencontre »… comme il l’a sans doute fait tant de fois dans sa vie terrestre. Ressuscité, il manifeste de manière encore plus éclatante ce que Dieu est : Dieu est « venue », il est « rencontre » et c’est la raison pour laquelle l’expérience que nous faisons dans nos pauvres vies humaines de la venue et de la rencontre, est si essentielle ; nous sommes fait pour venir, pour devenir, pour advenir, par et pour la rencontre. Depuis le temps de notre première venue qui faisait frémir le cœur de nos parents, jusqu’à celui de la dernière qui nous ouvre à la vie plus grande du Royaume, nous n’aurons jamais été autrement qu’en « venant »… Jésus venant sur le chemin à la rencontre de ces femmes les fait déjà participer à l’expérience divine pour laquelle Il s’est incarné. D’une certaine manière l’être même du Dieu-Trinité n’est que venue, rencontre et communion, et Jésus conduit ces femmes au seuil de ce mystère d’inépuisable nouveauté en venant à leur rencontre. Il s’adresse à elle en leur adressant un mot: « Salut ». Oui, c’est bien le Salut qui vient à leur rencontre. Le Salut, c’est Lui, Jésus-Christ ressuscité venant vers nous sans l’éclat de sa splendeur pour illuminer nos âmes sans éblouir nos intelligences. Il s’est revêtu de la simple tendresse de sa proximité pour ne rien écraser, pour ne pas affoler ceux qui n’étaient pas encore prêts… Ces femmes qui nous ressemblent tant, se jettent à ses pieds et se prosternent; leurs gestes traduisent à la fois la reconnaissance trouble de sa divinité et l’attachement physique qui est celui de nos poignantes relations humaines. Elles lui saisissent les pieds comme on tient la main de ses parents, de ceux qu’on aime, comme on touche le bois du cercueil de celui qui s’en va… Nous les humains ne sommes jamais aussi grands que dans ce besoin tout aussi spirituel que charnel, de tenir à l’autre. Jésus comprend leur geste, il ne les en dissuade pas mais il les invite à la confiance… Son « Soyez sans crainte » est comme la réponse qu’un parent peut donner à la main de son petit, serrée par la peur: « je comprends ton geste, je comprends ton besoin de me tenir, mais n’ai pas peur, je suis là, tu le découvriras si tu lâches ma main pour avancer, pour aller de l’avant ». Rejointes, comprises, elles ont pu aller, elles ont rempli leur mission, et c’est aujourd’hui à notre tour de dire à Dieu notre besoin de ses bras rassurants et de nous laisser délier de nos peurs pour porter la Lumière. L’enfant a lâché la main de ses parents parce qu’il sait qu’il retrouvera leurs bras au terme de sa route.