Trente-sixième méditation : Deuxième dimanche de Pâques, 19 avril 2020, Dimanche de la Miséricorde — 16. Paroisse Saint-Germain d'Auxerre

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Trente-sixième méditation : Deuxième dimanche de Pâques, 19 avril 2020, Dimanche de la Miséricorde

À partir de l’Évangile de la messe du jour : Jean 20, 19-31

Texte de référence

Alors qu’au soir de la Résurrection, Jésus était apparu à ses disciples, Thomas n’était pas avec eux. Huit jours plus tard, c’est à dire aujourd’hui, Jésus « vient » et « il était là au milieu d’eux » Après leur avoir donné le salut de Paix, Il s’adresse à Thomas, comme Il s’adresse à chacun de nous, en connaissant les obstacles qui nous séparent de Lui. Jésus touche la plaie du cœur inquiet de Thomas avant de lui laisser toucher ses propres plaies. Il lui dit : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. » Jamais Jésus n’aurait pu dire ces derniers mots à Thomas, et jamais Thomas n’aurait pu les entendre sans qu’il lui ait d’abord offert ses plaies et son côté ouvert… En Jésus, Dieu s’est fait homme et, ressuscité, il garde dans la mémoire de sa chair sa propre Passion et la noble pauvreté de l’homme qui a besoin de toucher, pour croire et pour aimer. Il ne faudrait pas imaginer sur le visage de Jésus un regard plein de reproches et de courroux vis-à-vis de ce « mauvais croyant »  de Thomas. Au contraire, Jésus pose sur lui un regard proche de celui qu’il posait sur Pierre en lui demandant s’il l’aimait. Il n’a pas posé la question à Pierre en le menaçant et en lui reprochant son triple reniement, il l’a interrogé comme un ami qui a besoin de son ami; sans cela, Jésus n’aurait jamais guéri Pierre de sa trahison: l’Amour seul guérit, non les reproches... C’est aussi dans l’Amour que Jésus s’adresse à Thomas et l’invite à toucher ses plaies. Une plaie au côté c’est douloureux, et Jésus n’est pas un fantôme… Jésus qui, comme le rappelle Pascal, à la suite de saint Paul, « sera en agonie jusqu’à la fin du monde », invite Thomas à toucher de sa main le mystère de sa souffrance dans laquelle sont mystérieusement présentes toutes les souffrances du monde. Y a-t-il geste plus amoureux que celui de découvrir à l’autre, la vulnérabilité de ses plaies pour qu’il y découvre le sens de ses propres blessures? Les plaies que Jésus présente à Thomas ne sont pas d’abord des preuves de la Résurrection mais les signes de l’Amour que Jésus est venu porter au sein de la Création blessée et qui donne sens à toute sa Passion, à sa Mort et à sa Résurrection. Jésus, dans ce geste, n’accorde pas une concession méprisante à Thomas, il lui fait Miséricorde; il lui révèle la grandeur de Dieu qui souffre et qui se laisse toucher par les conditions de l’homme. Bien évidemment, après la profession de foi de Thomas, Jésus proclame « Heureux ceux qui croient sans avoir vu »; ceux-là voient déjà la réalité du Royaume dans lequel toutes nos blessures seront pansées et guéries; mais pour les autres, pas de condamnation: Jésus sait que la valeur de la foi n’est pas dans sa pureté, ou pire, dans sa « propreté »… Il sait que notre foi, aussi pauvre et inquiète soit-elle, n’a de valeur que dans la Vie à laquelle elle ouvre: « pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom ».