Trente-septième méditation: Lundi 20 avril 2020 — 16. Paroisse Saint-Germain d'Auxerre

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Trente-septième méditation: Lundi 20 avril 2020

À partir de l’Évangile de la messe du jour: Jean 3, 1-8

texte de référence

À la quête intérieure de Nicodème, Jésus répond par une invitation à naître : « Amen, amen, je te le dis : à moins de naître d’en haut, on ne peut voir le royaume de Dieu. » Ce que Nicodème voudrait, bien naturellement, c’est acquérir le bon savoir et les bonnes pratiques qui lui donneraient accès à la vie du Royaume. Cet homme, sans doute bien installé dans la société de son temps, intelligent, honnête, bon connaisseur de la Loi comme Pharisien, voit la progression vers l’Éternité dans la continuité de ses expériences humaines… Qui le lui reprocherait? Mais Jésus pose sur son chemin une impossibilité pour son système: « Il te faut naître… » Nicodème repère l’impossibilité mais ne sait qu’en faire puisqu’il s’agit d’une vraie impossibilité. Il essaye de comprendre comment un homme vieux pourrait naitre? Faudrait-il qu’il revienne dans le sein de sa mère? L’impossibilité est en travers de son chemin; le voilà coincé… Un peu comme nous quand nous entrons dans la nef de la Cathédrale depuis le début du Carême. Il y a une masse sombre au milieu du chemin. Je ne sais pas quoi en faire… Je voudrais qu’elle ne soit pas là, elle me gêne, qu’en faire? l’oublier, la contourner? La traverser…! Ce que Jésus nous demande ce n’est pas d’oublier ou de contourner l’impossible! Il nous faut le traverser. La naissance par l’eau et par l’Esprit, dont il parle, c’est bien-sûr le Baptême, mais nous n’avons pas compris ce qu’Il nous dit si nous avons le sentiment d’avoir dans « notre Baptême » la solution au problème pour ne faire que continuer comme avant. Être baptisé ce n’est pas vivre en ce monde comme si nous ne l’étions pas… Nous avons été baptisés pour vivre dans ce monde selon la vie du Ciel. Par le Baptême nous sommes citoyens des Cieux et nous ne sommes plus seulement, ou plus d’abord, citoyens de la terre « protégés » par un grigri sacramentel. Le Baptême n’est pas un privilège, mais une responsabilité, un appel à regarder nos vies, celle du monde à partir de notre relation à Dieu. Qu’il s’agisse de notre relation à la Création, des relations entre les personnes, des priorités politiques, des choix éthiques, et de tout le reste, nous devons vivre comme des hommes et des femmes nés d’en haut. Cette naissance d’en haut ne nous extrait pas du monde, elle ne nous fait pas tomber dans l’angélisme en nous faisant oublier la complexité de la vie en ce bas-monde, mais elle nous donne un devoir premier de fidélité à la Bonté de Dieu et à la Bonté de toute la Création. Nous n’avons plus le droit d’être cyniques, nous avons le devoir de puiser en Dieu le principe de notre action. Que le Seigneur nous donne, en ce temps pascal, de ne pas chercher à oublier les obstacles et les impossibles qui jalonnent notre route, mais à les traverser dans une confiance fondamentale en sa grâce qui nous sanctifie.