Trente-et-unième méditation: Mardi dans l’Octave de Pâques, 14 avril 2020 — 16. Paroisse Saint-Germain d'Auxerre

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Trente-et-unième méditation: Mardi dans l’Octave de Pâques, 14 avril 2020

À partir de la première lecture de la messe du jour: Actes des Apôtres 2, 36-41.

Texte de référence

Le jour de la Pentecôte, alors que Pierre parle à la foule, les auditeurs, touchés au cœur, interrogent les apôtres : « Que devons-nous faire? » La question tombe sous le sens: nous venons de découvrir dans l’annonce de la Passion, de la Mort et de la Résurrection du Christ, le sens de nos existences et de celle du monde, nous sommes touchés au plus profond de nous-mêmes, mais nous sommes désemparés… Que faut-il faire pour vivre selon la lumière qui vient de descendre sur nos intelligences? Quelle est la voie qui conduit au salut? La réponse de Pierre est éloquente : « Convertissez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ pour le pardon de ses péchés ; vous recevrez alors le don du Saint-Esprit. Car la promesse est pour vous, pour vos enfants et pour tous ceux qui sont loin, aussi nombreux que le Seigneur notre Dieu les appellera. » La première chose qui est demandée, c’est la conversion; elle n’est pas d’abord conversion à des règles religieuses nouvelles, celles-ci ne sont jamais un but en soi; Jésus ne nous demande pas de nous convertir à une manière de célébrer le culte ou à des manières de vivre qui seraient spécifiquement chrétiennes; celles-ci découlent de la conversion fondamentale : Il nous appelle à nous convertir à la vie du Père, en Lui, qui est Le Converti par excellence. En effet, se convertir s’est se retourner, inverser les termes d’une proposition, et Jésus est Celui qui a opéré la conversion absolue en se faisant homme pour que l’homme soit divinisé et que dans ce mouvement, tous les hommes entrainent la Création avec eux dans Son retour au Père. Se convertir c’est s’unir au Christ, seule voie de Salut pour entrer dans la vie. Or, cette conversion n’est jamais accomplie ou mesurable; elle s’apparente à la flamme d’un grand désir qui s’allume en nos cœurs et que nous devons entretenir amoureusement. La deuxième chose que Pierre demande à ces hommes c’est d’être baptisés, c’est à dire plongés dans la mort du Christ pour ressusciter avec Lui (Rm 6, 3). La deuxième condition est le milieu vital dans lequel pourra s’épanouir la conversion, le désir de se laisser modeler jour après jour sur le Christ : comme nous venons de le dire, c’est en Lui, Jésus, le seul vrai Converti à la vie du Père, que nous devons couler notre désir de conversion personnelle et celui de l’Eglise tout entière. Être baptisé c’est être uni, versé dans la vie du Christ pour vivre en Lui et Le laisser vivre en nous (Galates 2, 20); si nous oublions cela, nous ne vivons plus dans la reconnaissance pour le don reçu et nous chercherons à nous approprier la Vie divine comme tout ce que nous thésaurisons en ce monde. Frères et sœurs, ne nous laissons pas voler le désir de conversion qui doit animer chacune de nos vies, et plus encore en ces temps difficiles… Vous avez été baptisés, ne relativisez pas la force que vous avez reçue, ne transférez pas la responsabilité de la sanctification du monde à d’autres que vous… Ne pensez pas que vous êtes incapables ou indignes de célébrer la Pâque du Christ en dehors du « visionnage »  de liturgies télévisées ou réseau-diffusées! Creusez le désir d’aimer Dieu dans vos familles et vos maisons, partagez la Parole de Dieu, célébrez avec vos corps dans des espaces à ré-inventer, ne soyons pas passifs. Saisissons l’occasion de cet épisode douloureux pour habiter notre quotidien avec Dieu, pour sanctifier nos activités, nos lieux, nos relations! Ainsi, quand nous pourrons de nouveau célébrer ensemble, nous densifierons nos eucharisties de tout cet apport nouveau et profond! Au Moyen Âge comme à d’autres époques, nos pères ont su inventer de très nombreuses formes de dévotion, de conversion et de pratiques charitables pour être plus chrétiens sans être des moines (à une époque où l’on croyait que les seuls saints potentiels étaient moines ou moniales) : le Chapelet, les Mystères (scènes de la vie du Christ théâtralisées sur les parvis des cathédrales), les confréries, la crèche,… Ils ont été inventifs et nous bénéficions de leurs trésors… Pourquoi l’inventivité des Chrétiens de notre temps se limiterait-elle à des moyens de diffusion de ce qui existe déjà pour donner l’illusion de ne pas manquer? Convertissons-nous à la Nouveauté du Christ dans laquelle nous avons été plongés au jour de notre baptême!