Soixante-sixième méditation: mardi 19 mai 2020 — 16. Paroisse Saint-Germain d'Auxerre

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Soixante-sixième méditation: mardi 19 mai 2020

À partir de la première lecture de la messe du jour : Actes des Apôtres 16, 22-34

texte de référence

Dans la ville de Philippes, Paul et Silas sont maltraités une nouvelle fois. Les voilà bastonnés et emprisonnés, entravés dans leur cellule. Mais cette situation n’entame pas leur foi et ils continuent de chanter les louanges du Seigneur. Il est important, je crois, de noter que c’est bien la louange qu’ils ont aux lèvres. Ils ne sont pas inconscients, ils ne rendent pas grâce à Dieu pour le moment qu’ils vivent, ils ne supplient pas non plus pour en être délivrés, mais ils louent Dieu… Souvenons-nous ce qu’est la louange (nous en avions parlé il y a quelques semaines): c’est une prière qui rend grâce pour ce qu’est Dieu! Quelles que soient les circonstances ou le cours de l’histoire, Dieu demeure! Il demeure juste, bon, aimant, infiniment sûr. Dans leur malheur, les disciples tiennent debout intérieurement parce qu’ils connaissent Dieu et parce qu’ils savent que Dieu est l’origine et le terme de tout être, de toute réalité; si les évènements ne viennent pas tous de Lui, ils ont tous leur fin et leur vérité en Lui. Louer Dieu ne revient pas à le reconnaitre comme la source de nos malheurs, mais à le proclamer vainqueur de tout ce qui, pour l’instant nous défigure et nous emprisonne. La suite du récit nous dit qu’au moment où ils chantaient ces louanges, «  il y eut un violent tremblement de terre, qui secoua les fondations de la prison : à l’instant même, toutes les portes s’ouvrirent, et les liens de tous les détenus se détachèrent ». C’est quand le disciple replace sa vie, même abimée, dans la perspective du Dieu Vivant et de son plan de Salut, que ce plan s’actualise et devient réalisable. Nous ne devrions jamais oublier que Dieu attend de nous une disponibilité intérieure qui n’est possible que si nous gardons en permanence le souvenir, la Mémoire de ce qu’Il est. En désirant Dieu de toutes les fibres de notre âme, nous aidons ceux qui nous entourent à comprendre qui peut-être ce Dieu dont ils ont entendu parler mais parfois en des termes qui les ont éloignés de Lui. La louange de Paul et de Silas devait être si amoureuse que les autres prisonniers écoutaient et sentaient grandir à leur tour en leurs poitrines le Désir de Dieu. Le texte nous dit en effet que les liens de tous les détenus se détachèrent. Ils sont libérés eux aussi en même temps que les deux disciples… Le Salut est contagieux!
Il l’est tellement que même le geôlier, cet homme qui représente l’autorité des oppresseurs et qui symbolise les serviteurs du mal violent, se voit transformé par cette libération nocturne. Croyant que ses prisonniers se sont échappés, il décide d’abord de se tuer — le mal est destruction et il est aussi autodestruction — avant de découvrir que personne ne s’est enfui. Revenu à la lumière (pas besoin de dessin pour comprendre la nature de cette lumière), il les libère et reçoit la Bonne Nouvelle qui est sa propre libération intérieure. Les disciples ne se sont pas servis de la grâce, ils ne se sont pas enfuis, ils n’ont pas utilisé le don de Dieu pour leurs intérêts individuels, mais ils l’ont fait rayonner à partir de leur pauvreté et de leur faiblesse, pour tourner le regard des pauvres vers Dieu, et pour confondre la force brutale des serviteurs de l’ennemi. Que le Seigneur nous donne à tous la grâce de ne pas penser à nous en premier dans les épreuves, mais de faire de notre vie chrétienne, aussi infirme soit-elle un témoignage authentique, selon la Loi du Royaume.