Soixante-neuvième méditation: vendredi 22 mai 2020 — 16. Paroisse Saint-Germain d'Auxerre

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Soixante-neuvième méditation: vendredi 22 mai 2020

À partir de l’Évangile de la messe du jour : jean 16, 20-23a

texte de référence

Jésus sait bien que les hommes ont besoin de voir, de sentir et de toucher. Lui, le Dieu fait homme, a expérimenté dans sa chair d’homme à quel point la présence aimante de ses parents, de ses amis, étaient une des fibres essentielles de sa croissance humaine; Il n’a pas fait semblant d’être homme et Il a grandi, a développé ses capacités humaines comme tout enfant, comme tout jeune, à l’ombre de ces relations de confiance, qui ne sont en rien théoriques. Il a eu besoin des baisers de Marie, du regard de joseph, du jeu et de la proximité de ses amis pour grandir « en sagesse, en taille et en grâce » (Luc 2, 52). Plus tard, devenu adulte, Jésus a continué d’accepter ces liens de la chair, faits de regards, de gestes, d’attentes, de tendresse, de respect, de désir : Il a senti sur Lui le regard silencieux ou vociférant des foules, Il a touché les personnes malades et handicapées, Il a laissé la femme pécheresse baigner ses pieds de ses larmes, Il parcouru la terre de Galilée en ressentant ses douces fécondités, ses violents déserts et ses secrets habités de la grâce du Créateur, Il a remis son corps entre les mains de ses bourreaux, il l’a livré à la pierre froide du tombeau. Jésus sait le goût des larmes devant la sépulture des gens qu’on aime; il a pleuré Lazare comme nous pleurons nos proches quand ils disparaissent à nos yeux. Quand il leur dit « vous allez pleurer et vous lamenter, tandis que le monde se réjouira ; vous serez dans la peine », il ne faut pas y voir un reproche ou une condescendance quelconque pour ceux qui ne seraient pas assez forts pour résister à la peine. Comme Chrétiens nous ne devrions pas mépriser, comme nous le faisons parfois, nos peines, nos larmes et nos lamentations. Quand elles naissent de l’injustice de la mort et du péché, nos larmes sont le signe d’une très grande dignité: celle des hommes qui ne se résolvent pas à la logique du mal… Avoir mal de ce qui fait obstacle au projet de Dieu (le péché et la mort), c’est un signe de la présence de l’image de Dieu en nous! Nous refusons la logique du démon quand nous pleurons devant la mort, et nous n’avons pas forcément besoin d’adopter des mines réjouies pour faire croire à des consolations surnaturelles que les non-croyants ne connaîtraient pas. Nous n’avons pas à être différents, « plus forts que les païens » pour être des témoins du Ressuscité. Nos larmes et notre inacceptation de la mort, du péché et de leur logique destructrice sont un témoignage que nous pouvons partager avec ceux qui, même non-croyants, écoutent leur conscience. Que notre témoignage soit au service de l’éclairage de la beauté de toute l’œuvre de Dieu et pas au service de notre propre glorification… Ainsi, nous pourrons partager avec eux tous la joie que Jésus annonce après cette peine. Oui! Nous le reverrons et il restaurera tout en Lui : « Vous aussi, maintenant, vous êtes dans la peine, mais je vous reverrai, et votre cœur se réjouira ; et votre joie, personne ne vous l’enlèvera. En ce jour-là, vous ne me poserez plus de questions ».