Soixante-dixième méditation: Samedi 23 mai 2020 — 16. Paroisse Saint-Germain d'Auxerre

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Soixante-dixième méditation: Samedi 23 mai 2020

À partir de l’Évangile de la messe du jour : Jean 16, 23b-28.

texte de référence

« Amen, amen, je vous le dis : ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera. Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom ; demandez, et vous recevrez : ainsi votre joie sera parfaite. » Quelles sont les demandes que nous adressons à Dieu? Comment les Lui présentons-nous? Comment désirons nous qu’elles soient exaucées? Cette question de la prière de demande est essentielle parce qu’elle peut porter le germe d’une grande incompréhension dans le cœur de beaucoup… Certains discours sur la prière de demande sous-entendent l’idée d’un Dieu magicien qui serait en mesure de tout faire, si nous savions l’amadouer d’une manière ou d’une autre. C’est dans cette idée que bien des hommes et des femmes se sont éloignés de Dieu… « J’ai prié pour que mon enfant guérisse et il est mort : Dieu n’existe pas, ou bien, il est injuste… ». Toutes les vies ne rencontrent pas obligatoirement de tels drames, mais tous les discours un peu légers sur une prière de demande mal-chrétienne, conduisent un jour ou l’autre à faire tomber un de nos frères dans le piège des prières païennes adressées à un Dieu qui n’est pourtant pas une idole. Dans une lettre sur la prière, adressée à Proba, saint Augustin disait : «Les paroles nous sont nécessaires, à nous, afin de nous rappeler et de nous faire voir ce que nous devons demander. Ne croyons pas que ce soit afin de renseigner le Seigneur ou de le faire fléchir ». Oui, nos prières de demandes doivent être ardentes parce qu’elles sont une occasion de couler notre vie et nos attentes dans celles du Christ. C’est en Son nom que nous devons tout demander au Père. Jésus précise bien que ce ‘’en son nom’’ ne signifie pas que nous devons demander au Père en comptant sur l’aide du Fils, comme sur l’aide d’une personne influente dont nous aurions le nom dans notre répertoire. Dans ce même Évangile, Il dit d’ailleurs: «  je ne vous dis pas que moi, je prierai le Père pour vous »: quand il nous dit que nous devons prier en son nom, cela veut donc dire que c’est en Lui… Son nom, c’est Lui. Notre prière ne doit pas rester en dehors de celle du Fils, elle doit entrer dans la prière du Fils, comme toute notre vie doit entrer dans la vie du Fils, c’est ainsi que nous devenons Chrétiens et que notre prière devient chrétienne. Si nous croyons que nous avons en Jésus une relation influente qui devrait faire passer nos dossiers en priorité sur le bureau de l’Idole à laquelle nous nous adressons, nous serons bien déçus, et même si nous obtenons quelque chose (par la bonté de Dieu ou le hasard), nous n’aurons pas été sanctifiés. Toutes nos attentes, toutes ces demandes que la vie nous porte à présenter à Dieu, nous devons les faire entrer dans le mystère de la relation du Fils au Père qui est le seul canal, la seule porte ouvrant sur la Vérité de Dieu, du Monde et de chacune de nos vies. Dieu n’attend pas nos demandes pour combattre le mal partout où il agit, mais Il attend que nos prières de demandes fassent de nous des associés de son œuvre de Salut. Bien des Chrétiens sont entrés dans la prière par des demandes païennes et en sont sorties bredouilles selon un forme de pensée païenne, mais pourtant riches d’une compréhension renouvelée du mystère de l’existence. Dieu ne veut pas faire de nous des enfants gâtés dans la foi mais des hommes et des femmes libres parce que confiants en sa Grâce qui surpasse toutes les logiques à courte-vue.