Soixante-deuxième méditation: vendredi 15 mai 2020 — 16. Paroisse Saint-Germain d'Auxerre

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Soixante-deuxième méditation: vendredi 15 mai 2020

À partir de la première lecture de la messe du jour : Actes des Apôtres 15, 22-31

texte de référence

         Nous revoilà à Antioche; les Apôtres et les Anciens viennent d’y envoyer avec Paul et Barnabé, Jude et Silas. Il faut renforcer les assises de la jeune communauté qui a été troublée par la mission autoproclamée de quelques disciples venus y semer le trouble. Le « certains des nôtres » ne laisse aucun doute : c’est bien de la famille chrétienne naissante qu'étaient issus ces fauteurs de trouble, et il y a fort à parier que leurs intentions aient été bonnes; ils ont sans doute voulu « aider » ces nouveaux frères à devenir meilleurs… Mais le malheur est bien là! Les plus grands troubles naissent souvent de personnes autorisées, ayant des intentions bonnes. Alors qu’est ce qui a fait que le trouble et le désarroi se soient immiscés dans les cœurs? La réponse est double: premièrement ils n’ont pas été envoyés, deuxièmement ils n’ont sans doute pas ajusté les exigences qu’ils imposaient à ces nouveaux convertis. 
         Bien des maux naissent des missions autoproclamées: l’institution, quelle qu’elle soit, est certes toujours un peu pesante, mais elle porte en elle des forces de régulation et d’équilibrage qui garantissent la légitimité de nos missions. Nous ne sommes ni l’Église ni l’Évangile à nous tout seuls et notre appartenance à la Communauté avec les souffrances qu’elle implique parfois, situe cependant notre parole dans une histoire et une tradition qui nous obligent nous-mêmes à la conversion avant d’y appeler les autres. La mission fait de nous des serviteurs et non des sauveurs. Le monde et certains Chrétiens attendent peut-être plus des sauveurs que des serviteurs de l’Unique Sauveur. Nous devons rappeler à temps et à contretemps que le missionnaire, quel qu’il soit n’est que le serviteur d’une Parole, d’une action divine sur laquelle il n’a pas la main. C’est en Église, sous la motion de l’Esprit Saint, que  l’impulsion missionnaire est donnée. Rendons grâce pour ces liens qui font l’Église et nous libèrent de certaines conceptions autocentrées de la mission. Parler du Christ nous oblige à nous effacer derrière Lui.
         C’est le même dessaisissement (si souvent évoqué ces derniers jours) qui doit conditionner nos appels à la conversion. En effet, quand nous sommes envoyés en mission vers des personnes, des communautés, avant toute prédication, nous devons les découvrir, les aimer, nous faire à leurs coutumes, nous acclimater mutuellement les uns aux autres ; ce n’est qu’à cette condition que nos paroles, nos actes et nos appels pourront trouver du sens. Les disciples qui vinrent à la rencontre de la jeune Communauté d’Antioche, avaient dû plaquer sur ces nouveaux frères l’image des ainés, un peu comme des parents qui voudraient que le petit dernier soit la copie de sa grande sœur. Les dons des uns ne sont pas les dons des autres, les temps changent et nous devons tous recevoir de Dieu l’appel qu’Il nous adresse aujourd’hui au sein de l’Eglise. Que le Seigneur fasse de nous des disciples dociles à la volonté de l’Esprit Saint et des missionnaires attentifs à ce que ce même Esprit a déjà semé en eux.