Septième méditation : Samedi 21 mars 2020 — 16. Paroisse Saint-Germain d'Auxerre

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Septième méditation : Samedi 21 mars 2020

À partir de l’Évangile du jour (Luc 18, 9-14)

Texte de référence

Dans la parabole que Jésus nous dit aujourd’hui, deux hommes, un pharisien, qui est un homme bien comme il faut (et qui le croit un peu trop sans doute), et un collecteur d’impôts, montent au Temple pour prier. Le pharisien s’adresse à Dieu pour lui faire remarquer ses hautes qualités et pour se comparer à ces autres hommes, « voleurs, injustes, adultères ». Il ne voit le collecteur d'impôts qui prie à côté de lui que comme un repoussoir, une occasion de s’élever encore un peu plus haut dans les sphères de sa pureté et de sa vertu. C’est dommage, il n’a pas vu ce qui se passait à côté de lui… À quelques mètres de là, en dix pauvres mots, le publicain-repoussoir rendait visible la loi des temps nouveaux inaugurés par le Christ: « Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis! ». Jusqu’à la venue du Christ, jusqu’à la crèche et jusqu’à la croix, le monde et les hommes ne pouvaient connaître que la loi du plus fort, la mort, dominant tout de son ombre, obligeait à dominer pour survivre, quel que soit le moyen d’élévation et de domination; ce pharisien domine par sa vertu et son irréprochable pratique de la Loi de Moïse, mais il reste sans le savoir, sous la loi de la mort en voulant surplomber le monde et les autres… Souvenons nous du diable cherchant à tenter le Christ, il  le conduit au sommet d’une haute montagne pour lui proposer le pouvoir sur tous les royaumes du monde et leur gloire à condition qu’il se prosterne devant lui. S’élever à tout prix c’est en fait la logique du diable; déjà dans le jardin d’Eden, le démon incitait l’homme à manger le fruit de l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal pour s’élever à la hauteur de Dieu au lieu de désirer sa grâce. L’homme a sacrifié à cette loi jusqu’à ce que le Fils éternel fait homme lui réapprenne à être homme. Dans le projet de Dieu, l’homme est un être qui se reçoit, une créature qui se sait aimée du Créateur et peut lui faire confiance jusque dans sa misère. La prière du publicain est faite de conscience et de confiance: conscience de sa pauvreté, confiance en la Bonté de Dieu, et c’est en cela que cette prière révèle la loi nouvelle. Dans cette loi, celle de la Croix dans laquelle on apprend que la vie et la victoire jaillissent dans la mort et la défaite apparente, nous n’avons plus à craindre de ne pas être à la hauteur; nous n'avons plus qu'à craindre nos tentations de retomber dans la loi de la mort en cherchant à nous élever par nous-mêmes. Que tous nos efforts et nos combats des temps qui viennent soient habités par la conviction de la présence aimante de Dieu qui précède tout effort, tout héroïsme, toute victoire personnelle ou commune.