Quinzième méditation : Dimanche 29 mars 2020 — 16. Paroisse Saint-Germain d'Auxerre

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Quinzième méditation : Dimanche 29 mars 2020

À partir de l’évangile de la messe de ce 5e dimanche de carême (Jean 11, 1-45)

Vincent van Gogh, Résurrection de Lazare (d’après Rembrandt), 1890, Musée van Gogh, Amsterdam

Texte de référence

En ce cinquième et dernier dimanche de carême, nous sommes conduits par Jésus au bord d’un tombeau. Personne n’aime être dans ces lieux qui nous rappellent notre finitude, les arrachements d’avec ceux qui nous sont chers, et pourtant, c’est souvent au bord des tombeaux que nous sommes également conduits à devenir, ou à redevenir, nous-mêmes. Au bord des tombeaux, les faux-semblants s’évanouissent, les apparences s’effondrent, même quand nous cherchons à préserver nos façades. Le tombeau auprès duquel Jésus nous amène, c’est celui de son ami, Lazare. Il ne nous renvoie pas à la mort en dehors de sa propre expérience, comme pourrait le faire un sage ou un philosophe distant qui nous dirait : « Alors, toi, misérable mortel, où en es-tu avec la mort? » Il n’est pas un Dieu laborantin observant dans des éprouvettes le comportement de bactéries humaines. Si Jésus nous fait venir si près de la mort, s’il inflige à nos oreilles la remarque de Marthe: « Seigneur, il sent déjà; c’est le quatrième jour qu’il est là », s’il impose à nos regards l’image de Lazare sortant lié de bandelettes et couvert du suaire, c’est qu’il tient bien ferme notre main dans cette expérience. Si, dans cet Evangile, Jésus nous fait aller si loin dans la confrontation avec le scandale de la mort c’est que, là comme ailleurs, il nous précède et nous invite à vivre cette épreuve dans la sienne. Jésus, « saisi d’émotion »«bouleversé », pleure. Jamais un Chrétien ne devrait réprimer orgueilleusement les larmes et la douleur que Jésus, Dieu fait homme, a sanctifiées par sa descente en elles; Jésus le Maître de la Vie, le Vainqueur de la Mort, ne nous demande pas de relativiser la Mort, mais de la vaincre, par Lui, avec Lui et en Lui. Cette victoire ne peut se faire sans le goût des larmes… elles sont le signe et l’éclat de l’Amour, la seule arme de Victoire de Dieu. Mais Il ne nous donne pas seulement le goût des larmes, il nous donne aussi le gout de la terre, cette terre à laquelle nous retournerons tous un jour et qui sera le lieu de la manifestation de la puissance de Dieu, à la fin des temps. Quand Jésus dit aux messagers de Marthe et Marie: « Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié », il nous invite tous à comprendre que c’est dans la mort que se révèlera la gloire de Dieu; la mort n’est pas le but de la vie et des tribulations de l’homme: par la grâce et l’Amour sauveur, le mal et la maladie, qui ne viennent pas de Dieu, ne conduisent pas l’homme à la mort, mais à la vie, par la mort. Nous ne sommes pas appelés à fuir le mal et la mort, mais à les affronter, à les traverser, en Lui; Ainsi, le Seigneur aura retourné et vaincu le mal, par l’intérieur, ne laissant rien subsister de son pouvoir.