Quatorzième méditation : Samedi 28 mars 2020 — 16. Paroisse Saint-Germain d'Auxerre

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Quatorzième méditation : Samedi 28 mars 2020

À partir de l’Évangile du jour (Jean 7, 40-53)

Illustration: chapelle Saint Zénon, Basilique Sainte Praxède, Rome.

Texte de référence

Tout le monde se dispute… « Les uns disaient: « C’est vraiment lui, le Prophète annoncé! » D’autres disaient « C’est lui le Christ! » Mais d’autres encore demandaient: « Le Christ peut-il venir de Galilée? L’Écriture ne dit-elle pas que c’est de la descendance de David et de Bethléem, le village de David, que vient le Christ? » C’est ainsi que la foule se divisa à cause de lui. » À vrai dire, on se demande si la foule avait besoin de Jésus pour se diviser; nous savons bien à quel point nous sommes prompts à nous déchirer sur tous les sujets possibles et imaginables. Mais ce goût de la chamaillerie qui est parfois élevé au rang de sport national dans notre cher pays ne doit pas nous empêcher de chercher d’autres voies. Si nous nous divisons, si nous nous déchirons c’est que nous avons des opinions, c’est que nous avons pris des options qui ne convergent pas et c’est aussi que nous n’avons pas renoncé à confronter ces opinions et ces options. Il y a donc un versant positif à nos disputes: elles sont le signe de la rencontre d'êtres qui cherchent et qui s’engagent. Ne l’oublions pas, le jour où sur cette terre, les débats s’éteindront, le jour où nous serons tous d’accord en apparence, l’humanité risquera bien de se rendre compte qu’elle a été soumise au joug du mensonge et elle perdra ces multitudes d’occasions de progrès que sont nos débats. Que nous cherchions ensemble la vérité est donc une belle chose, mais il n’est pas nécessaire de le faire à grands coups de lames, à grand renfort de missiles et de paroles assassines. L’homme qui affirme devrait toujours se souvenir qu’il le fait parce qu’il cherche, pas parce qu’il a trouvé… Ce que nous affirmons, y compris dans la foi de l’Église, ce n’est pas parce que nous possédons la Vérité que nous professons: le Credo n’est pas une prison dans laquelle nous pourrions enfermer Dieu, il est plutôt le chant d’émerveillement de l’Eglise devant ce Dieu qui se révèle et qui se donne à voir en Jésus-Christ. Si nous sommes occupés à conserver nos droits de possession sur Dieu, nous serons comme ces hommes qui dans l’Evangile se disputent au sujet de Jésus sans n'être plus capables de se taire pour l’écouter, de s’arrêter pour le voir, pour se laisser toucher par Lui. Dieu nous demande en ces jours où nous sommes éloignés les uns des autres et éloignés des Sacrements, de nous arrêter un peu pour regarder Jésus qui vient vers nous. Laissons-nous toucher par sa distance, par la beauté de cette présence nouvelle à laquelle Il nous invite, sans désir de possession égoïste.