Quarante-sixième méditation: Mercredi 29 avril 2020 — 16. Paroisse Saint-Germain d'Auxerre

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Quarante-sixième méditation: Mercredi 29 avril 2020

À partir de l’Évangile de la messe du jour: Jean 6, 35-40

texte de référence

En lisant  l'Évangile de ce jour, j’ai entendu résonner la peine et la douleur de toutes les familles que nous accompagnons en ce moment dans le deuil de leurs proches. J’ai été frappé de voir que, ces derniers jours, cet Évangile revenait à la plupart des célébrations d’obsèques. Dans les moments si lourds et si déchirants que les familles endeuillées ont à vivre, elles trouvent dans ces mots de Jésus une sorte de consolation, une conjuration de la violence que la mort et les conditions sanitaires leur imposent: « Tous ceux que me donne le Père viendront jusqu’à moi ; et celui qui vient à moi, je ne vais pas le jeter dehors. Car je suis descendu du ciel pour faire non pas ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé. Or, telle est la volonté de Celui qui m’a envoyé : que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour ». Alors que ces familles ont été aiguillonnées, amputées par la mort, beaucoup d’entre elles n’ont pas pu être là pour recueillir le dernier souffle de celui ou celle qui leur était arraché, d’autres n’ont pas pu voir leur défunt, toutes ont été privées de la consolation du rassemblement, des embrassades et de la solidarité qui surgit souvent dans ces moments sombres… Alors au moins, ils entendent les mots du Christ qui contredisent cette violence subie : « celui qui vient à moi, je ne vais pas le jeter dehors ». Dieu est Celui qui, contre toutes les duretés du mal, accueille, reçoit, console, rassemble, conduit jusqu’à la Vie promise. Là où tout n’est plus que refus, isolement, fermeture, Dieu fait jaillir une incroyable espérance: sa volonté c’est que personne ne soit perdu, c’est qu’aucun être ne soit éloigné du Salut qu’Il est venu apporter au monde en Jésus Christ. Nous qui enfermons si souvent Dieu dans nos compréhensions étroites, nous qui jetons si facilement sur la réalité du Ciel les filets des règles humaines, nous entendons le Verbe de Dieu qui exprime ce qu’est l’Amour sans limite du Père…
J’entends dans le choix de ces familles pour beaucoup éloignées de nos pratiques ecclésiales, le cri des hommes, la soif d’une humanité qui perçoit au fond d’elle-même qu’il n’est pas possible que ce grand désir d’aimer, d’être aimé, d’être accepté, reçu, reconnu, soit une soif insensée. Ils trouvent dans cette page d’Évangile une apparition du visage aimant de Dieu. Que le Seigneur nous donne de ne pas contredire par nos vies, ce désir légitime qui se fait jour en eux; qu’il nous donne d’en être les serviteurs et les hérauts.