Quarante-deuxième méditation: fête de saint Marc, Samedi 25 avril 2020
Dieu connait nos inquiétudes et nos souffrances; aucun des tourments de nos vies ne lui échappe. Sa bonté nous précède dans tous les mauvais virages que nous prenons, ou que la vie nous fait prendre. L’auteur de la Lettre nous invite à nous décharger sur Lui de tous nos soucis puisqu’il prend soin de nous. Et pourtant, cette invitation ne rime pas avec un abandon béat de notre responsabilité. Pierre continue en ces termes: « Soyez sobres, veillez : votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde, cherchant qui dévorer. Résistez-lui avec la force de la foi, car vous savez que tous vos frères, de par le monde, sont en butte aux mêmes souffrances ». Nous devons donc, dans le même mouvement intérieur, nous décharger et veiller, résister. C’est peut-être d’ailleurs pour avoir le cœur assez libre de veiller et de résister, que nous devons nous décharger de nos soucis… C’est ce que semble nous faire comprendre l’Apôtre. Les soucis nous enferment parfois sur nos problèmes et nous empêchent de trouver les forces de lutter et de veiller à l’essentiel. On a vu des gens se laisser mourir dans leurs soucis morbides. Les soucis sont bien différents de l’inquiétude qui est plutôt une intranquilité et qui peut nous tenir en éveil. Bien des saints ont été inquiets, ouverts au cri des pauvres, à celui de leur âme aspirant à être nourrie, à mener le bon combat… Se décharger de ses soucis, ce n’est donc pas faire l’autruche et déguiser nos incapacités à affronter les problèmes en belle foi bien reluisante. Combien de fois ai-je entendu des chrétiens affirmant que leur foi les aidait à ne pas souffrir et que les croyants authentiques devaient être toujours rayonnants puisque Dieu s’occupait d’eux… Que de mépris dans ces affirmations légères qui ne prennent pas en contact la véritable épaisseur de la vie humaine… Que de dégâts dans les cœurs qui croient sincèrement, mais ne peuvent rentrer leur tête dans le sable, et qui ont sans cesse devant les yeux les combats auxquels ils ne peuvent se substituer. Ils savent que Dieu est présent, qu’il les « rétablira lui-même » qu’il les « affermira » et les « rendra inébranlables », mais ils savent également qu’ils auront à souffrir « un peu de temps »… Ne croyons pas que notre foi est un refuge, le seul refuge c’est Dieu, mais la foi c’est le chemin que nous empruntons pour aller vers Dieu et le chemin n’existe pas sans la marche et ses fatigues, sans les incertitudes et les dangers de la route. Soyons vigilants!