Neuvième méditation : Lundi 23 mars 2020 — 16. Paroisse Saint-Germain d'Auxerre

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Neuvième méditation : Lundi 23 mars 2020

À partir de la première lecture (Isaïe 65, 17-21)

Texte de référence

De tout temps l’homme a été confronté à sa fragilité. Celle-ci est à la fois sa bénédiction et sa malédiction.
Malédiction parce que la fragilité de nos vies se traduit souvent par les « pleurs » et les « cris », par la perte des êtres chers, qu’ils soient jeunes ou vieux, par la perte de ce que nous avons de précieux, nos « maisons », nos « vignes » et leurs «fruits». La fragilité est devenue malédiction à cause du péché, à cause du Mal, que Dieu n’a pas voulu, mais qui défigure ce que nous avons de plus précieux, de plus noble: précisément la fragilité. Elle est avant tout Bénédiction et si Dieu nous a fait fragiles c’est parce que la fragilité est le moyen de se laisser toucher par l’autre. Parce que nous sommes fragiles, nous sommes capables d’aimer. Ceux qui se croient invulnérables n’aiment souvent pas; Ils n’aiment pas Dieu parce qu’ils se pensent «comme des dieux »; leur rapport au monde et aux autres est sous le mode de l’auto-satisfaction, alors, ils utilisent, ils consomment, ils jettent, mais ils croient se suffire à eux-mêmes. Ceux qui se savent fragiles, ceux qui ont fait l’expérience, ne serait-ce qu’une fois, de leur fragilité, ont découvert, sous les souffrances qu’elle charrie depuis l’irruption du Mal, un trésor qu’ils n’oublieront jamais. Leur fragilité est en effet le seul chemin qui conduit à l’expérience fondamentale de l’homme: aimer et être aimé. Sans fragilité, sans vulnérabilité, sans faire tomber les murailles de nos hautes protections intérieures, l’amour ne peut rien faire, rien changer en nous. Quand nous aimons, nous disons à l’autre: « je suis fragile et vulnérable, j’ai retiré mes armures parce que j’ai confiance en toi, je suis entre tes mains et tu peux me briser, m’écraser si tu le veux, mais je crois que tu veux m’aimer ». Dans cette expérience tout le sens de notre vie se concentre, nos plus grandes joies et nos plus grandes peines, nous le savons bien… Mais ce qui est vrai pour chacun en particulier est aussi vrai pour l’humanité tout entière. Nous voyons bien en ce moment à quel point nous sommes fragiles et à quel point nos constructions sont bancales. Entendons les paroles du Seigneur qui prépare « un ciel nouveau et une terre nouvelle », qui veut la joie de ceux qu’Il a appelés du néant à l’existence pour qu’ils vivent. L’Espérance du Royaume doit soutenir tous nos efforts et nos projets en ce monde qui passe, mais elle doit également ne pas quitter du regard la promesse de l’accomplissement de ce monde dans celui qui vient : « Je vais recréer Jérusalem pour qu’elle soit exultation, et que son peuple devienne joie».