Huitième méditation : Dimanche 22 mars 2020 — 16. Paroisse Saint-Germain d'Auxerre

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Huitième méditation : Dimanche 22 mars 2020

À partir de l’Évangile de ce dimanche (Jn 9, 1-41)

Texte de référence

La question posée à Jésus ressemble à la nôtre en ces jours: « qui a péché » pour que le malheur arrive? Pourquoi ce mal nous tombe-t-il dessus? Qu’il s’agisse de la cécité, des virus ou de toute autre forme de mal, nous rencontrons toujours cette réalité sans y être préparés. Et pourtant depuis tant de siècles, nous devrions avoir compris que le mal est puissant, qu’il est sans cesse résurgent… Et non! Nous avons beau le savoir, nous ne nous habituons pas! Dés que surgit le mal, nous avons en nous un réflexe de surprise et d’horreur, c’est tant mieux! Je crois qu’il y dans cette incapacité de l’homme à s’habituer au mal un signe de la Bonté très profonde qui l’habite. Nous avons tous en nous le désir de vivre, de construire, d’aimer et de faire vivre, alors quand surgit l’hydre du mal, nous frémissons, toujours. Voyons dans cette répulsion un signe de bonne santé spirituelle. Mais quand il découvre et redécouvre le mal, l’homme est aussi tenté de chercher un coupable dans son environnement immédiat: «  Il doit bien y avoir une cause directe à ce mal qui nous frappe… » Dans l’histoire, des hommes ont ainsi accusé des groupes et des personnes d’être la cause des épidémies et des calamités en tout genre, et ils ont rajouté du mal au mal en punissant des innocents, en regardant leurs frères comme des ennemis. Faisons bien attention à ne pas reproduire ces mécanismes archaïques qui nous font chercher des coupables faciles plutôt que de débusquer en nous-mêmes ce qui est consentement à un Mal qui nous dépasse. Nous qui sommes bons, faits pour la vie, la lumière et la vérité, nous laissons trop souvent la porte entrouverte au Mal qui vient, et c’est cet entrebâillement qui abîme ce qu’il y a de plus beau et de plus juste en nous. Nous croyons que ce sombre mystère, depuis le « péché d’Adam », rend l’homme et la création malades, mais nous ne devons plus chercher des coupables idéaux, faciles et pratiques. Le Mal, insensé, violent et fou, a pris son essor depuis longtemps; il combat et entrave la volonté lumineuse de Dieu, mais nous savons dans la foi, qu’il n’aura pas le dernier mot et que le Christ nous a guéris de nos cécités, de notre péché et de tout mal. Bien sûr cela ne nous affranchit pas des difficultés de ces temps, mais nous rend plus responsables. Dans un sermon (n°80 )prêché en 410 alors qu’Alaric mettait Rome à sac, provoquant la panique du monde, saint Augustin s'écriait : « Les temps sont mauvais, les temps sont difficiles. Voilà ce que disent les gens. Vivons bien, et les temps seront bons. C'est nous qui sommes ces temps : tels nous sommes, tels sont les temps ». Que Dieu nous donne la grâce d’être fiers de notre inadaptation au Mal, d’être humbles devant notre faiblesse, et joyeux face au Salut que nous contemplons en Jésus-Christ ressuscité: Il aura le dernier mot sur toutes les morts et toutes les injustices, au dernier instant du monde.