Dix-septième méditation : Mardi 31 mars 2020 — 16. Paroisse Saint-Germain d'Auxerre

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Dix-septième méditation : Mardi 31 mars 2020

À partir de la première lecture de la messe du jour: Livre des Nombres 21, 4-9

Vézelay, musée lapidaire, Saint-Michel terrassant le Dragon.

Texte de référence

Dans ses pérégrinations d’exode, le Peuple perd courage et récrimine contre Dieu et contre celui qui les conduit au nom de Dieu, Moïse; les récriminations du Peuple montent vers le Ciel avec leur poison de fausses rumeurs. Déjà en ce temps-là les « fake news »   circulaient. Elles n’accusaient pas les gouvernements de créer des virus dans des laboratoires, mais elles faisaient courir le bruit de la méchanceté de Dieu qui les aurait fait monter d’Égypte pour les « faire mourir dans le désert, où il n’y a ni pain ni eau ». Le texte dit que « le Seigneur envoya contre le peuple des serpents à la morsure brûlante » et que « beaucoup en moururent dans le Peuple ». Attention à ne jamais lire la Bible comme si elle était un récit journalistique décrivant des évènements les uns à la suite des autres, des faits plats et uniformes qu’il faudrait lire sans relief pour avoir l’impression de respecter la Vérité ; si nous voulons respecter la Vérité de ce que Dieu révèle, il faut aller chercher plus profond, décrypter les mots, les registres, l’histoire, sinon nous verrons Dieu aussi infidèlement que le Peuple dans ce passage du Livre des Nombres. Souvenons-nous de ce que nous disions lorsque Moïse semblait devoir calmer la colère de Dieu au Sinaï et l’empêcher d’exterminer son peuple: ce n’était pas la dureté de Dieu qui était révélée dans cet épisode (Dieu n’est que Bonté, jamais il n’est complice de la mort), mais le chemin intérieur de découverte de Dieu. Ici, c’est la même chose, le Peuple a péché, il s’est détourné de Dieu par méfiance et, fidèle à celles-ci, encroûté dans ses incapacités à découvrir la Bonté divine, il met la morsure des serpents sur le compte de la colère de Dieu. Là où la révélation se fait brûlante dans ce passage, c’est quand Dieu dit à Moïse: « fais-toi un serpent brûlant, et dresse-le au sommet d’un mât: tous ceux qui auront été mordus, qu’ils le regardent, alors ils vivront! » Moïse fit ce que Dieu lui commandait, et ceux qui regardèrent le serpent de bronze restèrent en vie. La nouveauté de Dieu n’est pas dans la punition! Celle-ci n’est qu’un vieux fantôme de nos esprits païens, mais elle est dans cet ordre inattendu, que les paganismes et les superstitions ne donnèrent jamais à l’homme : « Regarde! Regarde en face ce qui te mord, ce qui te blesse, ce qui te tue!! ne te détourne pas pour fuir, affronte, en moi et par moi, et tu seras sauvé! » Que Dieu nous donne la grâce de ne pas fuir le mal, de ne jamais chercher dans la foi, l’oubli du tragique, les consolations faciles… Nous sommes appelés à la Liberté, pas à la fuite.