La sainteté ou la symphonie des vocations
La vocation dans Lumen Gentium
Le pape Jean-Paul II est vu comme le Pape de la sainteté de tous. Cela tient au fait qu’il est celui qui a canonisé le plus de laïcs. Mais c’est en fait lors du concile Vatican II que tous les baptisés ont été rappelés à la sainteté. “Pourvus de moyens salutaires d’une telle abondance et d’une telle grandeur, tous ceux qui croient au Christ, quels que soient leur condition et leur état de vie, sont appelés par Dieu, chacun dans sa route, à une sainteté dont la perfection est celle même du Père” (Lumen gentium 11, LG 11). Notre vocation alors apparaît comme le chemin personnel qui nous conduit à la sainteté. Alors comment allier vocations et sainteté ?
Il y a une manière de parler de la diversité de l’Église en regardant comment toutes les vocations se stimulent mutuellement à la sainteté. “C’est pourquoi le Peuple de Dieu […] se construit dans la variété des fonctions. En effet, entre ses membres règne une diversité qui est, soit celle des charges, certains exerçant le ministère sacré pour le bien de leurs frères, soit celle de la condition et du mode de vie, beaucoup étant, de par l’état religieux qui leur fait poursuivre la sainteté par une voie plus étroite, un exemple stimulant pour leurs frères” (LG 13). Laïcs célibataires, personnes mariées, religieux et consacrées, diacres, prêtres et évêques, tous sont appelés à la sainteté et ont à prendre soin de la sainteté des autres membres du Peuple de Dieu. En fait, nous sommes des stimulants de sainteté les uns pour les autres.
Saint Paul dit cela en une expression : “Supportez-vous les uns les autres” (Col 3,13). Il nous faut l’entendre comme un appel à nous accepter, nous tolérer dans la charité, nous réjouissant des talents des uns et des autres, mais aussi faisant efforts pour supporter leurs défauts (comme eux acceptent les nôtres !). Mais Paul le dit aussi de manière très moderne. Nous avons à être les “supporters” les uns des autres, à être ceux qui nous encourageons mutuellement. Alors le chemin de sainteté est facilité par chaque vocation qui se met au service des autres.
“Si donc, dans l’Église, tous ne marchent pas par le même chemin, tous, cependant, sont appelés à la sainteté et ont reçu une foi qui les rend égaux dans la justice du Christ (cf. 2 P 1, 1). Même si certains […] sont institués […] pasteurs […], cependant, quant à la dignité et à l’activité commune à tous les fidèles dans l’édification du Corps du Christ, il règne entre tous une véritable égalité” (LG 32). C’est bien ainsi qu’il faut voir la différence des appels de Dieu à construire ensemble le Peuple de Dieu. Chacun a sa vocation à trouver, sa place à tenir, pour apporter sa contribution à la vie de l’Église. Chacun prend à cœur que tous contribuent à la symphonie des vocations qui, ensemble, dans l’harmonie, expriment la sainteté.
En ce sens, dans son exhortation apostolique sur la sainteté, Gaudete et exultate (19-3-2018), le pape François nous encourage en disant : ““Chacun dans sa route” dit le Concile. Il ne faut donc pas se décourager quand on contemple des modèles de sainteté qui semblent inaccessibles. Il y a des témoins qui sont utiles pour nous encourager et pour nous motiver, mais non pour que nous les copiions […]. Ce qui importe, c’est que chaque croyant discerne son propre chemin et mette en lumière le meilleur de lui-même […] (cf. 1 Co 12, 7) et qu’il ne s’épuise pas en cherchant à imiter quelque chose qui n’a pas été pensé pour lui. Nous sommes tous appelés à être des témoins, mais il y a de nombreuses formes existentielles de témoignage”.
M. l’abbé Laurent Tournier, eudiste
Recteur du Séminaire Notre-Dame de l’Espérance
Article paru dans la revue diocésaine Église dans l'Yonne - ÉDY n° 9 - septembre 2023, p. 15