Saint Robert de Molesmes
statue de saint Robert dans l’Eglise de Beugnon (Yonne)
Robert de Molesme naquit à proximité de Troyes, en Champagne, vers l’an 1028. Il se fit bénédictin à l’abbaye de Moutier-la-Celle à l’âge de quinze ans. Cette abbaye avait été fondée par Luxeuil vers l’an 660. Nommé prieur quelque dix ans plus tard, il fut élu ensuite abbé de Saint-Michel à Tonnerre vers 1070. Les moines avaient le désir de se réformer, mais ils y renoncèrent, et Robert retourna à Moutier la Celle.
Il eut des contacts avec un groupe d’ermites vivant dans la forêt de Colan, et ceux-ci souhaitèrent voir Robert à leur tête. Alors que Robert venait d’être nommé supérieur de Saint Ayoul de Provins, les ermites en appelèrent au Pape Grégoire VII, qui enjoignit en 1074 à Robert d’aller à Colan. En 1075, il déplaça sa petite communauté à Molesme. La fondation de Robert eut un tel succès, après quelques années difficiles, que Molesme devint bientôt un « petit Cluny ».
En 1098 il y avait 35 prieurés dépendants de Molesme, ainsi que d’autres annexes et quelques prieurés de moniales. C’est à cause de cette réputation que vers 1082 Bruno de Cologne vint demander conseil à Robert et qu’il reçut de lui l’habit monastique, avant d’aller fonder la Grande Chartreuse. Cette réussite obligea Robert à jouer un rôle dans le monde de la féodalité. Les bienfaiteurs donnaient leurs enfants à éduquer, venaient faire des réunions de nobles au monastère, et la quantité de terres reçues demandait un grand nombre d’employés. La complexité de cette vie conduisit Robert à prendre un temps sabbatique. C’est ainsi que nous le retrouvons à Aulps, au diocèse de Genève…
Pendant ce temps sabbatique, les moines se lamentaient de l’absence de leur supérieur. Ils allèrent jusqu’à demander au Pape Urbain II d’intervenir, arguant de la ruine à la fois morale et financière de leur communauté. Bien que la paix fut revenue à Molesme avec le retour de Robert, il y avait toujours en communauté un groupe de religieux aspirant à un style de vie plus simple. On peut penser qu’il s’agit plutôt d’une divergence d’idéal et non pas de moines exigeants et de moines laxistes. Mais le résultat pour la communauté était source de disharmonie, querelles et discorde.
Ne trouvant pas de modérateur auprès de l’évêque local, les « réformateurs » allèrent trouver Hugues de Die, réformiste, archevêque de Lyon et légat du Pape Urbain II. Hugues proposa de diviser la communauté entre Molesme d’une part, et le « Nouveau Monastère » d’autre part. Robert fut installé comme abbé de Cîteaux par l’évêque Gauthier de Chalon, et les moines changèrent leur stabilité. La situation des moines de Molesme allant se dégradant, ils cherchèrent encore une fois à faire revenir Robert. Ce dernier ne resta donc supérieur du « Nouveau Monastère » que pendant un peu plus d’un an. L’abbaye de Molesme continua à croître sous son gouvernement, jusqu’à sa mort, survenue le 17 avril 1111, à l’âge de 83 ans.
Source : site des abbayes cisterciennes