Lexique chrétien : à bon ou à mauvais escient...
Annulation de mariage ?
Certaines personnes s’adressent à l’officialité en demandant l’annulation de leur mariage. Or, dans l’Église catholique, on n’annule pas un mariage, car personne ne peut séparer ce que Dieu a uni (le mariage est indissoluble). En revanche, certains mariages sont déclarés nuls lorsqu’il est démontré que le lien matrimonial était invalide. On peut donc parler de nullité (dans certains cas bien sûr) du mariage… à condition de ne pas dévier sur un emploi moral, qui laisserait entendre que le mariage, c’est nul !
À notre point de vue, il est en outre préférable de parler d’invalidité du mariage (ou d’invalidité du consentement) que de nullité : c’est plus précis et ce n’est pas péjoratif.
Béni, ou bénit ?
Béni est le participe passé du verbe bénir, qui signifie accorder sa protection, ou promettre le bien, le bonheur (par exemple, en Genèse 12, 1-3, Dieu a béni Abraham), ou encore, réciproquement, reconnaître le bonheur reçu (par exemple : “Dieu soit béni”).
Bénit est un adjectif qualificatif, utilisé habituellement pour caractériser certains objets marqués d’une bénédiction (par exemple : eau bénite, pain bénit).
Communier
“J’ai été communié”, ou “Je me suis fait communier”, entend-on parfois, au sujet de la première eucharistie… Cette tournure, à notre avis, peut-être comprise soit dans un sens actif, soit dans un sens passif.
Sens actif : l’expression en rappelle d’autres, telles que “Je me suis fait couper les cheveux” ; ou encore : “Je me suis fait construire une maison”.
Sens passif : le sujet a agi contre son gré ; l’expression en rappelle d’autres, là encore, par exemple : “Je me suis fait griller la priorité”, ou bien “Je me suis fait voler mon portable”. Laissons le soin au lecteur de proposer une formulation correcte… et, pourquoi pas, de la soumettre à la rédaction d’ÉdY !
Confesser
“Je me suis fait confesser”… L’expression ressemble dans sa forme à celle qui précède. On l’entend de temps à autre. En réalité, elle n’est pas plus heureuse qu’une autre formulation, plus fréquente : “Je me suis confessé”. Cette dernière tournure, très usitée quant à elle, a tellement intégré le langage courant qu’on ne la critique que rarement. Pourtant, dans le langage liturgique, c’est très clair : on confesse l’amour de Dieu et on confesse ses péchés… A-t-on besoin de se confesser soi-même ? Sauf à exprimer une certaine confiance en soi, la formule, autocentrée, peut sembler quelque peu prétentieuse… Sujet de réflexion pour nos éventuels devoirs de vacances !
“Débaptisation”
Des personnes, qui demandent à quitter l’Église, expriment souvent le souhait d’être “débaptisées”. Le verbe “débaptiser” existe bien dans la langue française, mais il est utilisé surtout familièrement, à propos de changement de nom : “Je m’appelais Dupond, je me suis fait débaptiser pour m’appeler désormais Dupont”.
Un usage plus récent de ce verbe, employé dans le contexte d’une apostasie (reniement du baptême), a conduit au néologisme “débaptisation” ; mot qui, du point de vue de la langue française, est selon nous une mauvaise construction, car elle supposerait qu’il existe une “baptisation”… Ne devrait-on pas dire plutôt “débaptême” comme on dit démariage, synonyme de divorce, et non “démariation” ?
Messe, ou célébration (eucharistique) ?
Deux mots, bien souvent utilisés comme synonymes, pour parler de la même réalité. Mais deux mots qui ne mettent pas l’accent sur la même dimension.
Messe vient du verbe latin mitto, qui signifie envoyer (en mission) : le mot messe met l’accent sur la finalité, pour les fidèles, de la célébration eucharistique ; l’assemblée, nourrie de la parole de Dieu et du pain consacré, est envoyée pour témoigner du salut qu’elle a reçu.
Le mot célébration, lui, n’est pas propre au vocabulaire religieux. Son sens est très large, généralement synonyme de cérémonie. Ainsi, la messe est une célébration, mais toute célébration n’est pas une messe.
Si l’on tient au mot célébration pour évoquer la messe, alors mieux vaut préciser célébration eucharistique.
Quelques perles, entendues çà et là…
“Prière d’intersection”, pour “prière d’intercession” ;
“Lecture du livre de Mickey”, pour “livre de Michée” ;
“Célébration pénitentiaire” pour “célébration pénitentielle” ;
“Lecture du livre de Sophie”, pour “livre de Sophonie”.